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lundi 27 mai 2019

Élections européennes : les premiers enseignements

 
 


Le personnel politique se plaint régulièrement de l’abstention massive des électeurs.

À l’occasion de ce scrutin européen, ces derniers ont fait un gros effort, avec une participation de 51,30 %.

Second fait majeur : l’implication personnelle du président de la République dans cette campagne, ce qui ne s’était encore jamais vu en la circonstance.
Ainsi Emmanuel Macron entendait-il mobiliser la population afin de transformer cette élection en une sorte de référendum « pour » ou « contre » l’Europe, « pour » ou « contre » la barbarie, « pour » ou « contre » lui.
Les Français l’ont entendu : la liste menée par Emmanuel Macron a perdu.
Revue de détail.

Le Rassemblement national (24,20 %).
Évidemment, le grand gagnant de ce soir.
En plaçant le très jeune Jordan Bardella en tête de liste, Marine Le Pen réussit son pari.
Pari d’autant plus réussi qu’elle a su élargir son assise en s’ouvrant à des transfuges de la droite « traditionnelle », Thierry Mariani et Jean-Paul Garraud, mais encore à des personnalités de la société civile, tel le philosophe de l’écologie humaine Hervé Juvin.
Mieux : avec le ralliement symbolique du mélenchoniste Andréa Kotarac, la main tendue à une gauche populaire et eurosceptique n’est pas pour rien dans le succès d’un Rassemblement national qui n’a jamais aussi bien porté son nom.
Bref, le malaise de l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle de 2017 semble oublié pour de bon.

La République en marche (22,40 %).
Certes, le gouvernement sauve les meubles, malgré la campagne burlesque de Nathalie Loiseau, remplacée à la dernière minute sur les affiches de campagne par Emmanuel Macron ; du jamais-vu, surtout en pleine période « MeToo/BalanceTonPorc »…
Certes, le parti présidentiel ne s’effondre pas, mais se trouve plus fragilisé que jamais.
En effet, comment gérer la suite des événements ?
Comme il n’y aurait évidemment ni démission ni dissolution, reste le remaniement gouvernemental. Mais pour mettre qui à la place de qui et, surtout, pour faire quoi ?
Changer de Premier ministre demeurerait une hypothèse plus plausible.
François Bayrou doit y penser tous les matins en se rasant.

Europe Écologie Les Verts (12,50 %).
L’écologie étant, après l’immigration, la seconde préoccupations des Français, ce résultat est finalement assez logique.
Tous les partis en lice avaient un volet écologique dans leur programme.
Les Français, semble-t-il, ont préféré l’original à la copie, comme disait Jean-Marie Le Pen en son temps.
Il est donc tout aussi logique que, devant la décapilotade des partis traditionnels de gauche, son électorat en déshérence se cherche une solution de repli.
Repli frileux sur soi ?

Les Républicains (8,50 %).
Traditionnellement, les électeurs de droite se disent que, cette fois, leur champion a « enfin compris » la leçon et qu’il faut mener une politique de droite.
À chaque fois, c’est la déception, que ce soit avec Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy ou François Fillon.
Là, ils ont devancé l’appel, comprenant que Laurent Wauquiez n’était toujours pas l’homme de la situation.
À en croire les chiffres, certains ont donc voté à nouveau pour Emmanuel Macron.
Leur nouveau champion de droite ?
Et les autres pour le Rassemblement national.
Le prochain bureau politique des Républicains s’annonce très frais.

La France insoumise (6,50 %).
En optant pour la gauche, plutôt que pour le peuple, pour le sociétal plutôt que pour le social, Jean-Luc Mélenchon a creusé sa propre tombe électorale avec ses dents.
Dans le registre du grand écart, Marine Le Pen semble décidément plus forte à ce jeu.
Ses rêves d’une France insoumise, première formation d’opposition, paraissent aujourd’hui bien loin. Une cure de sommeil et de quinoa s’impose.

Parti socialiste-Place publique (6,5 %).
Le cadavre du parti fondé en 1971 par François Mitterrand bouge encore, tel le fameux canard sans tête.
Enfin non, il en a une nouvelle, de tête : celle de Raphaël Glucksmann, fondateur de l’association Place publique et naguère soutien de Nicolas Sarkozy.

On notera que le PS (canal historique), incarné par Benoît Hamon, franchit tout juste la barre des 3 %.
De quoi rembourser au moins ses frais de campagne.
Comme quoi la gauche de gouvernement n’a pas tout perdu.

Nicolas Gauthier

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