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lundi 1 avril 2019

Coup de matraque dans le dos à Besançon : le préfet du Doubs a-t-il menti ?

 
 
 
© Fred TANNEAU / AFP 
 
Un homme a reçu un violent coup de matraque à la tête à Besançon.
Alors qu'une vidéo montre que le gilet jaune était pacifique, le préfet a d'abord indiqué que l'homme était hostile et s'apprêtait à renvoyer une grenade vers les policiers, avant de finalement saisir l'IGPN.

Question posée sur Twitter, le 31/03/2019
 
Bonjour,

Vous nous avez interpellés sur Twitter à propos d’une vidéo montrant une nouvelle scène de violences policières lors d’une manifestation de gilets jaunes.
Elle a été filmée par une journaliste locale à Besançon, samedi 30 mars, vingtième acte de la mobilisation.
On y voit une charge de policiers et un homme, de dos et visiblement pacifiste, se prendre un violent coup de matraque à la tête.
Le gilet jaune est en sang, et est accompagné par la vidéaste près d’un street medic qui le prend en charge.

A tel point que vous nous avez saisi de manière ironique, feignant de vous demander si la violence était réelle.

Sans aucune ironie, le préfet du Doubs, au micro de France 3, a d’abord affirmé que les policiers avaient agi de manière «proportionnée» :

«La personne que vous identifiez comme un gilet jaune pacifique faisait obstacle de sa personne à cette interpellation et en plus a eu un geste, une tentative de geste de virulence de ramasser par terre des grenades lacrymogènes pour les renvoyer vers les policiers.»

Le gilet jaune a-t-il vraiment tenté de ramasser une grenade pour la renvoyer aux forces de l’ordre ? S’est-il opposé à leur charge ?
Ce n’est pas vraiment ce qu’on voit sur la vidéo, publiée dès le samedi après-midi.
Après les déclarations du préfet, la journaliste a mis en ligne une nouvelle vidéo, au ralenti, montrant la scène dans le détail :

On y voit clairement un premier policier faire tomber sa grenade aux pieds du gilet jaune, celui-ci s’en aperçoit et l’écarte légèrement du pied tout en disant quelque chose au policier.
Au même moment, il se décale pour laisser passer la charge des forces de l’ordre et reçoit donc, de dos, par un autre policier qui charge, ce coup de matraque.
Le premier policier, qui assiste à la scène, ramasse alors sa grenade.
Auprès de l’Est républicain, le gilet jaune, qui a reçu plusieurs points de suture et cinq jours d'ITT selon la vidéaste, confirme cette version :

 «Ce que j’ai entendu est totalement faux. Je suis un militant pacifiste. Je n’ai jamais fait entrave ni tenté de lancer quoi que ce soit sur les policiers.» Et explique : «A la base, je voulais partir de là. J’ai vu une grenade à mes pieds. Je me suis écarté car j’ai cru qu’elle allait exploser. J’ai interpellé un policier en lui disant de la ramasser.»

 C’est là qu’il a pris le coup de matraque.
Après la publication de ces images, le préfet a finalement décidé de saisir l’IGPN.
Dans un communiqué, il explique :

«Vers 17 heures, dans le cadre d’une opération d’interpellation d’un individu suspecté d’avoir jeté des projectiles contre les forces de l’ordre, un des policiers a utilisé son bâton de défense souple à l’encontre d’une personne "Gilet jaune" qui lui a semblé faire obstacle à la progression de la police par des actes d’hostilité. Afin d’apporter un éclairage complet sur les circonstances dans lesquelles le bâton de défense souple a été employé, le préfet du Doubs a saisi l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) pour une enquête administrative.»

Contactée par CheckNews, la préfecture explique que le préfet n’avait fait que «donner les éléments à sa disposition» au moment de l’interview à France 3.
«Les nouveaux éléments et le fait que cette scène interroge l’ont conduit à saisir l’IGPN.»

La version rapportée dans un premier temps n’était donc que celle donnée par les policiers, poursuit-elle sans vouloir se prononcer sur la véracité de cette version, renvoyant vers l’enquête en cours.
Quant à l’expression «proportionnalité», la préfecture explique désormais que le préfet ne faisait pas référence à l’usage de la force dans cette scène spécifique, mais l’ensemble de l’opération du maintien de l’ordre visant «vingt à trente black blocs présents dans la manifestation».

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