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jeudi 28 février 2019

Pour que leurs enfants héritent, beaucoup se privent du minimum vieillesse

 
 


Lors de sa visite du samedi 23 février 2019 au Salon de l’agriculture, M. Macron a rencontré un retraité qui a fini en larmes dans ses bras.
 

Le senior était désespéré de ne toucher que 690 € par mois, ce qui est fort peu.
Beaucoup de personnes se retrouvent, en effet, avec des retraites très faibles, soit parce qu’elles étaient en temps partiel payé au SMIC, soit parce qu’elles ont eu des trous dans leur carrière (longue période de chômage non indemnisé ou autre).
Une voiture-balai a été prévue pour eux : le minimum vieillesse, ou ASPA (allocation de solidarité aux personnes âgées).

Cette allocation permet de compléter la retraite reçue jusqu’à 868,20 € par mois pour une personne seule et 1.347,88 € pour un couple.
C’est très peu, mais cela permet de manger et, avec l’aide de la CAF, de se loger.

En 2019, cette allocation concerne 500.000 personnes (sur 14,1 millions de retraités).
Elle n’est pas attribuée automatiquement et il faut la demander pour la percevoir.

Or, beaucoup (31 % des potentiels bénéficiaires, selon une estimation) n’y font pas appel, car il existe un loup : les sommes versées au titre de l’ASPA sont récupérées sur la succession dès qu’elle dépasse 39.000 €.

En clair, si vous êtes propriétaire d’une maison de 150.000 €, que vous ayez touché pendant vingt ans un complément de 450 € par mois, après votre décès, vos enfants n’auront que 42.000 € à se partager.
Beaucoup de seniors préfèrent se priver plutôt que de dépouiller leur progéniture.
L’héritage, malgré toutes les attaques auxquelles se livrent contre lui les think tanks de gauche, est une notion bien ancrée chez les Français, même les plus modestes.
On a envie de transmettre un petit quelque chose à sa descendance, quitte à manger tous les jours des pâtes de mauvaise qualité pendant vingt ans.
Ce phénomène de non-recours est encore plus aigu dans les départements ruraux.
Car un grand nombre de paysans retraités (aux pensions agricoles ridicules) sont « riches » (même si leurs comptes en banque sont vides).
Ils possèdent des corps de ferme, des logements afférents à ceux-ci et des terres agricoles, qui peuvent valoir cher.
Or, les enfants ne peuvent pas s’installer s’ils n’héritent pas sans rien débourser de « l’instrument de travail » de leurs parents.
On a récemment sorti des biens de la succession servant à rembourser l’ASPA les corps de ferme et les habitations afférentes, mais ce geste n’a eu aucun effet et le taux de non-recours à l’ASPA reste élevé dans les départements ruraux.
Certains experts préconisent d’abandonner cette notion de recouvrement post-mortem car, pour finir, le minimum vieillesse participe à la solidarité nationale.
Seront-ils entendus ?
D’autres causes expliquent aussi le non-recours : l’impression de demander la charité en sollicitant le versement du minimum vieillesse, la peur de la stigmatisation.
Joue également beaucoup le manque d’informations, le découragement de certains qui n’ont pas assez de ressort pour entamer des démarches.

Ce taux de 31 % de non-recours (250.000 personnes) à l’ASPA est préoccupant et il faudrait, sans doute, supprimer la récupération des sommes sur la succession et rendre automatique le minimum vieillesse.

Sera-ce dans les conclusions du grand débat ?

Christian de Moliner

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