"L’ambiance était bon enfant pendant la journée. Vers 16 heures, ça a commencé à dégénérer.
On s’est fait nasser à Pey Berland
[dans le centre-ville, NDLR]. Impossible de sortir".
Jim est une "grande gueule", "un ancien para" qui reconnaît ne pas hésiter à monter en première ligne face aux CRS.
"Mais là, c’était la guerre ! On s’est fait gazer et tirer dessus, les grenades pleuvaient. Avec Célia, on n’avait qu’un masque de chirurgien et des lunettes pour se protéger."
Le couple essaie de s’enfuir par les petites ruelles, se cache derrière un abribus.
"Il y a eu un moment de flottement", dit-il, et "ils" ont surgi.
Une trentaine.
"J’ai voulu courir, j'ai eu le temps de pousser Célia, je me suis retourné vers eux, j’ai vu un type en noir me mettre en joue". Jim s’écroule.
Quand il se réveille à l’hôpital, Célia lui explique en pleurant qu’il a perdu un œil, beaucoup de dents, une partie de sa pommette… mutilé à vie par un tir de LBD40 (de la famille des Flash-Ball), une arme dont le Défenseur des droits, Jacques Toubon,
préconise l’interdiction pour le maintien de
l’ordre.
"Je me réveille tout le temps, j’ai des flashs"
Combien ont-ils été à avoir été comme Jim, ainsi mutilés depuis le début des manifestations ?
Le collectif militant "Désarmons-les" et
le journaliste indépendant David Dufresne ont recensé 17 personnes ayant perdu un oeil à la suite d'interventions policières depuis le début du mouvement.
Lorsque nous le rencontrons, "Jim" dit qu’il "en chie toute la journée", se bourre de cachets contre la douleur, et pour dormir. Je me réveille tout le temps, j’ai des flashs, je revois le flic qui me pointe".
Il angoisse sur son avenir.
Son petit boulot dans les vignes, fini.
La CMU ne couvrira pas tous ses frais médicaux, ni ses frais d’avocat - car il va porter plainte.
Jim ne va pas bien, mais "refuse de se laisser terroriser".
Samedi, il repart manifester.
Aux côtés d’Antoine qui, ce même 8 décembre, à Bordeaux, a perdu une main.
E. A.
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courage fréro! ce qu'il t'on fait y'a pas de mots!
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