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vendredi 14 septembre 2018

Benalla : tel maître, tel laquais

 
 
 
Capture d'écran

 
Si l’on avait encore des doutes sur la personnalité de Benalla, ses réactions face aux médias à la suite de sa convocation devant la commission d’enquête du Sénat n’en laissent plus aucun.


En effet, invité à se présenter devant les sénateurs pour être entendu sur son rôle à l’Élysée et sur son attitude lors des manifestations du 1er mai dernier, l’intéressé s’est répandu en invectives auprès de journalistes qui n’en demandaient certainement pas tant.
Dans le collimateur de l’ancien chargé de mission d’Emmanuel Macron – soit dit en passant, la presse fait de plus en plus souvent abstraction du titre d’adjoint au chef de cabinet du président de la République dont il se prévalait et qui figurait sur ses cartes de visite -, les sénateurs, mais surtout le président de la commission d’enquête du palais du Luxembourg, Philippe Bas, que l’ancien garde du corps de Jupiter est allé jusqu’à traiter de « petit marquis ».
En cause, la convocation par les sénateurs de Benalla, lequel, par l’intermédiaire de ses avocats, avait, dans un premier temps, répondu qu’il ne déférerait pas.
Et puis, sans doute mieux conseillé ou bien revenu à des sentiments plus conciliants sous peine d’être cueilli manu militari, Benalla a annoncé qu’il viendrait devant les sénateurs, en s’empressant toutefois d’ajouter qu’il ne dirait rien de ses fonctions à l’Élysée.
Ce duel entre Macron par Benalla interposé et le Sénat, actuellement tenu par l’opposition, est révélateur de la nature des relations qui existent entre nos institutions.
Une Assemblée nationale aux ordres de LREM et qui a parfaitement tenu son rôle en sabotant l’enquête dont elle s’était saisie pour la même affaire.
Et le Sénat, qui reste aujourd’hui le seul réel contre-pouvoir à un exécutif à fortes tendances monarchiques.
On imagine mal, en effet, un Alexandre Benalla, simple commis de cuisine, tenir de tels propos à l’égard d’une haute institution de la République et d’un éminent sénateur sans être certain de bénéficier de l’appui et du soutien d’un Macron, sans doute par ailleurs ulcéré que son protégé puisse être mis en cause.
Reste à imaginer ce que serait notre démocratie aujourd’hui si, par hasard, le Sénat avait été majoritairement LREM.
Une dictature même plus déguisée.
Cette affaire Benalla, en plus de révéler la personnalité d’un personnage qui n’est, finalement, que le reflet de son maître, nous apprend que derrière les régimes les plus anodins se cache toujours le risque du despotisme.
Benalla n’est, en réalité, que la manifestation de ces êtres médiocres et pleins d’ambition qui ont jalonné l’Histoire et qui n’ont jamais hésité, afin de complaire à leur maître, à se livrer aux pires exactions.
Si personne n’était intervenu pour mettre fin à ses méfaits, quelle importance aurait pris ce petit personnage qui, nous ne pouvons plus en douter maintenant, faisait régner la terreur au sein du Groupe de sécurité de la présidence de la République ?
Il est grand temps que le peuple se réapproprie le pouvoir.
Qu’il prenne conscience de ce que certains de nos politiques ont fait du droit de vote et de notre démocratie.
Qu’il sanctionne fermement, dès qu’il en aura la possibilité, ces conduites inacceptables et ces dérives totalitaires.

Oui, Benalla s’est trompé d’époque.
Sans doute aurait-il été plus à son aise, il y a quelques décennies, à une période où la terreur permettait d’évincer les oppositions et où les connivences permettaient à des médiocres de s’élever dans les plus hautes sphères du pouvoir.

Olivier Damien

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