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jeudi 20 septembre 2018

Alexandre Langlois : « Alexandre Benalla joue tellement sur les mots qu’il ne donne pas les réponses complètes »







Ce mercredi matin, Alexandre Benalla a été auditionné par les sénateurs.
 

Alexandre Langlois, représentant du syndicat Vigi, confie sa réaction à Boulevard Voltaire.
Pour lui, Alexandre Benalla, qu’on aurait vu se promener en compagnie d’une personne fichée S dans les rues de Londres, le 5 septembre dernier, malgré sa mise en examen (révélations du Canard enchaîné), n’a fait qu’esquiver toutes les questions.

Vous avez suivi l’audition d’Alexandre Benalla ce matin.
Qu’avez-vous pensé de cette audition ?

Monsieur Benalla s’en est très bien tiré.
Il a réussi à esquiver toutes les questions gênantes sans jamais mentir.
Et il a posé de nouvelles questions avec ses réponses.
L’audition rajoute de l’ombre à l’ombre.
Certaines questions, notamment sur les conditions de la perquisition de son appartement par exemple, n’étaient pas du ressort de la commission d’enquête.
Nous attendons que monsieur Benalla soit auditionné à la fin du mois par la justice.
En revanche, des questions se posent sur son port d’arme.
Il est écrit noir sur blanc sur l’arrêté du préfet de police qu’il disposait d’une arme parce qu’il exerçait des missions de police à l’Élysée.
Or, il a déclaré ce matin qu’il était armé pour sa protection personnelle.
Sa réponse pose deux questions.
Soit monsieur Benalla exerçait des missions de police alors que ce n’était pas son rôle, car c’est la police ou la gendarmerie qui doivent le faire au sein de l’Élysée.
Soit il n’exerçait pas de missions de police, et dans se cas là, son port d’arme est associé à une motivation fallacieuse et mensongère.
Dans les deux cas, ça ne marche pas.
De plus, s’il exerce vraiment des missions de police, cela montre une méfiance complète du pouvoir élyséen vis-à-vis de nos collègues du GSPR qui assurent habituellement la protection du président de la République.

 Il a déclaré sous serment ne jamais avoir été le garde du corps d’Emmanuel Macron.
Cela écarte la possibilité d’un port d’arme pour des questions de sécurité présidentielle.


C’est ce qu’il déclare.
Sur les photos et les vidéos, il est dans une position d’une personne qui peut exfiltrer le président très rapidement à la place de nos collègues du GSPR qui devraient occuper ce poste.
Il dit avoir pris cette position par facilité pour donner des informations au président très rapidement. Pourtant, les ministres et autres personnalités de l’État n’ont pas une personne armée juste à côté d’eux à la place de leur garde du corps.
Les personnes de leur cabinet qui donnent les informations sur le timing sont juste derrière et n’ont jamais aucun problème pour informer la personnalité de ce qu’elle doit faire ou dire en fonction de leur emploi du temps.
Monsieur Drouet, qui a été auditionné après monsieur Crase, a dit que monsieur Benalla exerçait des missions de police.
Dans la même matinée, deux personnes ont dit devant le Sénat exactement deux choses contraires.
Pour le moment, nous attendons plus d’informations sur cette affaire.
Le Sénat a fait ce qu’il pouvait.
Monsieur Benalla joue tellement sur les mots qu’on ne sait pas si la réponse est complète.
Il a par exemple répondu qu’il n’avait aucun antécédent dans les fichiers de police lorsqu’on lui a demandé s’il avait un casier judiciaire.
Il n’a donc pas répondu s’il avait un casier judiciaire B1, B2.
Nous n’avons donc pas la réponse.
On sait juste qu’il a déclaré sous serment ne pas être fiché par la police.
Ce qui est complètement différent.

Selon le nouvel Obs, Alexandre Benalla aurait été vu avec un fiché S.
Cela vous a-t-il surpris de lire ceci dans la presse ?

C’est toujours surprenant de lire ceci dans la presse puisque les fichés S n’ont pas vocation à être sur la place publique.
A-t-il rencontré cette personne et pourquoi ? on ne le sait pas.
Être fiché S n’est pas forcément écrit sur le front de la personne.
La plupart du temps, on espère que la personne fiché S ne le sait pas elle-même.
Ce qui nous gêne le plus ici est que monsieur Benalla, bien que sous contrôle judiciaire, peut se balader au Maroc et en Angleterre sans aucune contrainte pour rester en France.
C’est cela le plus choquant dans cette analyse.
Le reste n’a rien à voir avec ce qui nous intéresse à l’heure actuelle, c’est-à-dire son implication au niveau de la sécurité présidentielle et dans les divers évènements du 1er mai.

Espérez-vous en apprendre davantage lorsqu’il s’exprimera devant la justice.
Cette audition a-t-elle été utile selon vous ?

Nous attendions que ce soit utile.
Finalement, c’était pour nous un coup d’épée dans l’eau.
La justice doit chercher les responsabilités de chacun.
Le sénat avait une mission de pouvoir transformer les institutions qui ont été défaillantes.
À l’heure actuelle, étant donné le peu de réponses claires et précises données, je ne vois pas sur quelle base le Sénat pourrait faire des propositions d’améliorations des services de l’Élysée.
Monsieur Benalla s’est contenté de donner des explications institutionnelles connues des sénateurs, mais rien sur le fonctionnement de l’Élysée depuis que monsieur Macron a pris ses fonctions.
Nous attendions des réponses, mais rien n’en est sorti.
Maintenant nous misons sur les juges d’instruction et sur tout le reste, notamment avec le réquisitoire que notre avocat a déposé ce matin.

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