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mardi 12 juin 2018

Marseille, le laboratoire du laxisme sécuritaire

 
 




 
Et comme pour désigner symboliquement les responsables de ce laxisme sécuritaire qui sévit dans la cité phocéenne depuis des décennies, les faits se sont déroulés à deux pas de la mairie tenue, depuis 1995, par Jean-Claude Gaudin.

De l’aveu même de certains policiers marseillais, le combat contre le trafic de drogue et la lutte contre les gangs qui sévissent au cœur de la cité phocéenne sont d’ores et déjà perdus.
C’est le constat qui, malheureusement, s’impose après le règlement de comptes qui vient de faire, dans la nuit de samedi à dimanche, sur le Vieux-Port, une quatorzième victime.
Il est cependant heureux, compte tenu de l’arme utilisée (un fusil d’assaut de type kalachnikov) et le nombre de balles tirées (une trentaine environ), qu’il n’y ait pas eu d’autres tués.
Et comme pour désigner symboliquement les responsables de ce laxisme sécuritaire qui sévit dans la cité phocéenne depuis des décennies, les faits se sont déroulés à deux pas de la mairie tenue, depuis 1995, par Jean-Claude Gaudin.
Le premier magistrat marseillais vient, par ailleurs, d’en appeler au pouvoir central, déclarant qu’« il est temps que l’État réagisse et prenne ses responsabilités en faisant tout le nécessaire pour remédier durablement à cette violence meurtrière ».
Des paroles qui sonnent bizarrement dans la bouche de celui qui, compte tenu des nombreuses responsabilités politiques qu’il a assumées au cours de sa déjà (trop) longue carrière d’élu, aurait pu agir alors qu’il en avait les moyens et qu’il en était encore temps.
Car la situation sécuritaire catastrophique que connaît Marseille est loin d’être nouvelle.
Et ce n’est pas du jour au lendemain que la seconde ville de l’Hexagone par sa population est parvenue à occuper, devant Paris et Lyon, la première place en matière de vols à main armée.
Seul le département de Seine-Saint-Denis lui dispute encore la primauté au classement général des départements les plus dangereux.
Triste record, donc, pour une ville dont un ancien procureur disait : « Marseille, Marseille : un port ouvert, une ville pauvre avec une tradition de banditisme et de violence. »
Reste que, prise suffisamment tôt, avec une politique ferme de lutte contre le crime, la situation ne se serait certainement pas dégradée à ce point.
Car aujourd’hui, une nouvelle génération de truands est « aux affaires ».
Composée de jeunes, n’ayant peur de rien, et surtout pas de la police et de la Justice.
Cultivant la violence comme mode opératoire.
N’hésitant pas à tuer.
Son objectif affiché est de contrôler, par tous les moyens, les trafics extrêmement lucratifs qui gangrènent désormais la ville.
Face à cette situation, les policiers sont dépassés.
Tout d’abord, par le nombre des affaires judiciaires à traiter.
En effet, chaque dossier nécessite un nombre d’enquêteurs important – près d’une dizaine – et l’on sait ce qu’il en est des effectifs dans les commissariats qui, au nom des économies budgétaires, n’ont cessé de diminuer au cours de ces dernières années.
Ensuite, à cause des contraintes de procédure qui, en vertu des droits de la défense, n’ont cessé d’augmenter alors qu’au contraire, il aurait fallu les simplifier.
Enfin, tous ces atermoiements politiques qui ont favorisé le laxisme carcéral laissant en liberté, ou libérant trop tôt, des délinquants qui ont aussitôt récidivé.
La situation dans certains quartiers marseillais relève, aujourd’hui, de l’état d’urgence.
Ce sont des actions massives contre les gangs qui doivent être menées afin de détruire définitivement les trafics qui génèrent cette violence et ces tueries.
Ne pas mettre en place, dans l’urgence, les dispositifs sécuritaires indispensables, c’est s’exposer à voir rapidement le phénomène s’étendre et conquérir d’autres villes de France.
Pour ceux qui prétendent vouloir protéger les Français, l’heure du choix a sonné.


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