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jeudi 21 juin 2018

Espagne : le Premier ministre coche toutes les cases du politiquement correct

 
 



 
Première case cochée. Le 2 juin dernier, le Premier ministre socialiste a refusé de prêter serment sur la Bible et devant un crucifix. Une première en Espagne…

Le nouveau Premier ministre espagnol, le socialiste Pedro Sánchez, a décidé de cocher très vite toutes les cases du politiquement correct.
Pour donner des gages à l’Union européenne dont il est un ardent défenseur ?
Ou bien pour faire oublier les conditions de son accès au pouvoir ?
C’est-à-dire à l’issue d’une motion de défiance, qu’il a provoquée, et à la faveur d’une alliance de circonstance entre le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), dont il est le patron, deux partis indépendantistes catalans, le parti de gauche Podemos et le Parti nationaliste basque.
Une motion de censure qui a permis de faire chuter le Premier ministre, le libéral-conservateur Mariano Rajoy.
La légitimité de Pedro Sánchez ne tient donc pas à une onction populaire récente.
En effet, les dernières élections générales remontent à juin 2016, où le PSOE n’avait obtenu que 22 % des suffrages – soit l’un des pires résultats de son histoire.
Mais est-ce bien un critère déterminant dans l’Union européenne d’aujourd’hui ?
Première case cochée.
Le 2 juin dernier, il a refusé de prêter serment sur la Bible et devant un crucifix.
Une première en Espagne où, certes, le catholicisme n’est pas religion d’État, mais se voit reconnaître par la Constitution une certaine place.
Tous ses prédécesseurs, même les socialistes González et Zapatero, s’étaient soumis à l’usage. Pedro Sánchez a donc prêté serment sur la Constitution, devant l’héritier des rois très catholiques d’Espagne, le roi Philippe VI.
Il est vrai que ce dernier n’a pas dû être choqué puisqu’en 2014, lors de sa propre prestation de serment, aucun prélat ne l’entourait, contrairement à la cérémonie d’investiture de son père, le roi Juan Carlos, en 1975 .
Deuxième case.
L’affaire de l’Aquarius.
L’Italie n’en veut pas ?
Vite, je pose ma candidature dès le 11 juin.
Subito, le nouveau Premier espagnol obtient avec mention très bien son diplôme de gentil Européen. Pablo Casado, une jeune pousse du Parti populaire, a bien résumé la chose : « Sánchez tente de s’accaparer le monopole des bons sentiments. »
On a les mêmes en France.
Troisième case, enfin.
Pour décrocher les félicitations du jury, un truc qui marche encore et encore, comme chantait Laurent Voulzy : la mémoire, la repentance.
Pas trois semaines qu’il a été investi, voici que Pedro Sánchez vient d’annoncer qu’il allait faire retirer les restes du général Franco de son mausolée dans la vallée de los Caídos (la vallée de ceux qui sont tombés), où il repose depuis 1975.
L’idée serait de faire de ce mémorial un lieu de réconciliation.
Pourtant, alors qu’il avait à l’origine fait construire ce monument pour les combattants nationalistes, Franco avait décidé en 1958, justement dans un geste de réconciliation, d’y faire inhumer les combattants républicains, sous réserve qu’ils fussent catholiques.
L’argument du Premier ministre pour défendre cette expulsion du généralissime est donc assez paradoxal : « L’Espagne ne peut pas se permettre des symboles qui divisent les Espagnols. »
N’est-ce pas, justement, en déterrant les mortsqu’en 2015 que l’on risque de rouvrir de vieilles cicatrices et, donc, de diviser ?
Rappelons , comme le révélait un article d’Arte Info, à l’occasion du quarantième anniversaire de la mort de Franco, plus d’un Espagnol sur deux estimait qu’il avait été bénéfique à l’Espagne.
L’an passé, alors qu’il était député, Sánchez déclarait : « Si on ignore un passé inconfortable, on ne peut pas construire un futur confortable. »

Pensait-il aux victimes que firent, de leur côté, les républicains – l’historien britannique Paul Preston évalue leur nombre à 50.000, pour 200.000 au total –, et notamment, parmi elles, les 1.875 prêtres, religieuses, laïcs, reconnus martyrs par l’Église catholique ?

Comment réagira le roi face à cette décision ?
On imagine par le silence.
Et pourtant, son père dut son trône à Franco.
Du reste, il lui en fut officiellement reconnaissant en créant sa veuve dame de Meirás avec grandesse d’Espagne.
Au passage, on remarquera que l’ardeur repentante est d’autant plus grande que les événements incriminés sont éloignés dans le temps.

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