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samedi 7 avril 2018

Bloc-notes : SNCF, pourquoi les cheminots déraillent

 
 


Par Ivan Rioufol le 5 avril 2018
 
Les cheminots en grève sont les meilleurs promoteurs de la réforme de la SNCF.

Il est urgent, en effet, de libérer le train d’une corporation monopolistique qui, à sa guise, peut bloquer le trafic.
CGT et SUD-rail voient le diable dans la concurrence, annoncée depuis 2015.
Cette superstition, que ne partagent ni la CFDT ni l’Unsa, vient d’un autre âge.
Une gestion étatique est rarement efficace en économie.
D’ailleurs, l’ouverture du rail aux initiatives privées a été bénéfique pour la Suède, l’Allemagne, l’Italie.
Emmanuel Macron ne pouvait rêver mieux, pour rehausser sa stature libérale, qu’une confrontation avec des orphelins d’un dirigisme périmé.
Mais le pouvoir a déjà beaucoup cédé aux grévistes.
Leur défense d’un service public qu’ils massacrent est une duperie qui cache un égoïsme de caste. Les cheminots se disent dépositaires d’une identité nationale, forte d’une "culture" des luttes sociales. Mais cette propagande est celle d’une gauche cacochyme et d’une extrême gauche surexcitée.
La "bataille du rail" étouffe les vraies colères françaises.

En fait, les nostalgiques du socialisme aiment la France immobile.
Ils la veulent non seulement entravée dans ses déplacements, mais contrainte de subir encore les errements d’un État dispendieux.
Depuis sa création en 1937, la SNCF avale l’argent public (50 milliards d’euros de dettes) dans une gestion irréaliste.
Face à l’inéluctable concurrence, la société publique traîne un surcoût de fonctionnement de 30 % dont un tiers est dû au statut des cheminots.

Il est faux de dire que l’intérêt des usagers est pris en compte dans ce mouvement préempté par Philippe Martinez, patron d’une CGT que quittent les salariés : il mène une guerre de survie.

Les intermittents de la grève "perlée" feignent de croire au Grand Soir.
Leur résistance se paie de mots.
Elle ne porte ni projet, ni vision.

Elle fait pâle figure à côté du geste splendide du colonel Beltrame.
Les cheminots pensent trop petit pour fédérer l’opinion.

La mise en scène de la "bataille sociale" (Jean-Luc Mélenchon) emprunte, par mimétisme, aux effets déclamatoires du macronisme : la fausseté qui s’échappe des plaintes des contestataires ressemble à celle qui habite les certitudes des technocrates.

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