Le 13/02/2018
Capture d'écran/40 Millions d'automobilistes
Le second, en revanche, affiche bien une baisse du nombre de tués - mais une hausse du nombre de blessés - sur les tronçons étudiés.
La Sécurité routière dénonce ensuite l'étude produite par 40 millions d'automobilistes, et promet d'y répondre dans le détail.
Enfin, elle rappelle que l'expérimentation n'a pas, seule, motivé la décision d'abaisser la limitation de vitesse.
Ce qu'il faut savoir sur l'expérimentation du 80 km/h
Celle-ci a été menée par l'État sur trois tronçons de l'Hexagone entre juillet 2015 et juin 2017 :
Vitesse : guerre des chiffres sur l'expérimentation du 80 km/h
La réduction de la limitation de vitesse de 90 km/h à 80 km/h sur le réseau secondaire continue de faire couler beaucoup d'encre.
Et nombreux sont ceux qui ne souhaitent pas voir cette mesure - qui concerne uniquement les routes à double-sens sans séparateur central - entrer en vigueur au 1er juillet prochain.
Aucune donnée sur... l'accidentalité
Alors que la Sécurité routière a rendu public le rapport sur l'expérimentation menée pendant dix-huit mois sur trois tronçons de l'Hexagone, une donnée - et pas la moindre - n'y figure pas : les chiffres des l'accidentalité.
L'association "40 millions d'automobilistes" a décidé de remédier à cet "oubli" en présentant ses propres chiffres, ce mardi.
Après avoir épluché les fichiers du bulletin d'analyse des accidents corporels de la circulation (BAAC), disponibles en accès libre sur internet sur un site gouvernemental, elle a rendu son bilan.
Et celui-ci "n'est pas bon", pour reprendre les mots de Pierre Chasseray, le délégué général.
Si l'on se fie aux chiffres de l'association, qui a étudié tous les accidents survenus sur ces trois axes entre 2012 et 2016 pour mesurer l'impact du passage à 80 km/h, le nombre de blessés légers a considérablement augmenté (+186%), faisant mécaniquement augmenter le nombre de victimes totales (blessés légers, blessés hospitalisés, personnes tuées) de 10%, avec une mortalité routière égale (3 décès entre entre juillet 2015 et décembre 2016, idem entre janvier 2014 et juin 2015).
"Trois morts sur 86 kilomètres de routes. On n'aurait pas du en avoir un seul. C'est un fiasco total. Le bilan a été caché car il est mauvais", estime Pierre Chasseray.
Avant d'ajouter : "En général, on a un accident mortel tous les 202 kilomètres. Là c'est un tous les 28,7 km".
Un raccourci osé dans la mesure où certains tronçons du réseau secondaire sont bien plus accidentogènes que d'autres.
"Sauf qu'à 86 km/h (pour une limitation à 90 km/h, ndlr) vous êtes dans la légalité, alors qu'à 81 km/h (pour une limitation à 80 km/h, ndlr), vous êtes en faute et vous passez à la caisse", abonde Pierre Chasseray pour qui la vitesse n'est pas "l'élément essentiel" dans la mortalité routière, pointant du doigt le téléphone au volant, les stupéfiants ou l'alcool.
"Trois morts sur 86 kilomètres de routes. On n'aurait pas du en avoir un seul. C'est un fiasco total. Le bilan a été caché car il est mauvais", estime Pierre Chasseray.
Avant d'ajouter : "En général, on a un accident mortel tous les 202 kilomètres. Là c'est un tous les 28,7 km".
Un raccourci osé dans la mesure où certains tronçons du réseau secondaire sont bien plus accidentogènes que d'autres.
Baisse de la vitesse pratiquée mais...
Présent à ses côtés, le sénateur Alain Fouche, fervent opposant au 80 km/h, y voit une "opération de racket", alors que l'expérimentation a prouvé que la vitesse pratiquée avait baissée de 86 à 81 km/h en réduisant la limitation."Sauf qu'à 86 km/h (pour une limitation à 90 km/h, ndlr) vous êtes dans la légalité, alors qu'à 81 km/h (pour une limitation à 80 km/h, ndlr), vous êtes en faute et vous passez à la caisse", abonde Pierre Chasseray pour qui la vitesse n'est pas "l'élément essentiel" dans la mortalité routière, pointant du doigt le téléphone au volant, les stupéfiants ou l'alcool.
La Sécurité routière réagit
Dans la soirée, la Sécurité routière a réagi aux accusations de l'association: rejetant l'appellation de "rapport secret", elle rappelle qu'il y a eu deux rapports, distincts, dont le premier ne porte pas sur l'accidentalité. Le second, en revanche, affiche bien une baisse du nombre de tués - mais une hausse du nombre de blessés - sur les tronçons étudiés.
La Sécurité routière dénonce ensuite l'étude produite par 40 millions d'automobilistes, et promet d'y répondre dans le détail.
Enfin, elle rappelle que l'expérimentation n'a pas, seule, motivé la décision d'abaisser la limitation de vitesse.
[Communiqué] Réaction à la publication d'une étude de « 40 millions d'automobilistes » sur le bilan de l'expérimentation des 80 km/h entre juillet 2015 et juillet 2017 ➡️ https://t.co/C8T9K8RD5N pic.twitter.com/m5rkdaQzaI— Sécurité routière (@RoutePlusSure) 13 février 2018
Ce qu'il faut savoir sur l'expérimentation du 80 km/h
- la RN 57 entre Echenoz-le-Sec et Rioz (Haute-Saône) sur 13 km
- la RN7 entre Gervans et Bourg-lès-Valence (Drôme) sur 18 km
- la RN 151 entre Auxerre (Yonne) et Varzy (Nièvre) sur 55 km
Soit un total de 86 km où la vitesse a été réduite de 90 km/h à 80 km/h pendant 18 mois.
Pourquoi ces axes-là ?
En 2014, Bernard Cazeneuve avait promis qu'une expérimentation serait menée sur des segments "très accidentogènes".Sans préciser, un an plus tard, pourquoi le choix du gouvernement s'est porté sur ces trois portions de routes.
Mais dès le début, plusieurs acteurs du monde de la sécurité routière, y compris ceux qui sont favorables au 80 km/h, avaient déploré le petit nombre de kilomètres sélectionné.
"Ce n'est plus une une expérimentation, c'est une observation", avait regretté Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière.
"Ils ont pris le temps de trouver des endroits où l'expérimentation sera crédible mais pas trop concluante", commentait de son côté un autre membre du Comité national pour la sécurité routière (CNSR)
C'est pourtant sur la base de cette expérimentation qu'Edouard Philippe, le Premier ministre, a choisi d'imposer le 80 km/h sur les routes bidirectionnelles sans séparateur central à compter du 1er juillet.
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