Samuel Nohra.
Publié le
Deux jeunes femmes ont été violemment tabassées, mercredi soir.
La raison : l'une d'elle n'a pas supporté des insultes très dégradantes de la part d'un groupe de jeunes. Et a voulu le leur dire...
Un fait divers qui fait réagir sur les réseaux sociaux, notamment du côté des politiques.
Deux jeunes femmes de 17 et 21ans s'apprêtent à rentrer chez elles, quand elles croisent un groupe d'une dizaine de jeunes qui squattent le lieu.
« Sans aucune raison, elles se sont alors fait copieusement insulter »,résume un enquêteur du commissariat de police de Rennes.
Des insultes très dégradantes et à connotation sexuelle.
Insupportable.
La plus âgée des jeunes femmes n'admet pas de subir ça et décide de ne pas en rester là.
Elle se dirige vers le groupe de jeunes, alors que son amie essaye de la convaincre de continuer à marcher et de les ignorer.
« Un des hommes lui a alors dit qu'il était le chef dans ce quartier et qu'il pouvait faire d'elle ce qu'il voulait. »
Il s'agit d'un mineur de 17ans, déjà connu des services de police pour de multiples délits, dont des vols, des outrages...
Peur des représailles
Le ton monte et, soudain, la jeune femme est frappée et jetée au sol.
Les coups pleuvent sur elle, dont plusieurs au visage.
Son amie tente de lui venir en aide et subit le même sort.
Elle aussi se retrouve au sol et doit subir des coups.
« L'un des agresseurs en a profité pour lui voler son sac et partir avec. »
Un habitant du quartier, témoin de la scène, intervient.
Il va réussir à récupérer le sac volé, le téléphone portable en moins, et à extraire les deux jeunes femmes des griffes de leurs agresseurs.
Il va les raccompagner jusque chez elles.
La majeure a de nombreuses ecchymoses sur le visage et est en état de choc.
« Elle ne voulait pas prévenir les secours et la police de peur de représailles, explique un de ses voisins. Mais elle a finalement accepté. »
Des policiers de la brigade anticriminalité arrivent rapidement sur place et interpellent un des agresseurs, grâce à des éléments d'identification donnés par les victimes.
Le lendemain, jeudi midi, celui qui se vantait d'être le caïd du quartier est interpellé à son domicile.
« Ils ont été placés en garde à vue et feront l'objet d'une convocation ultérieure devant le tribunal pour mineurs. Ils ont été remis en liberté. Il est important que l'on montre que de tels faits ne restent pas impunis. »
« Si je pouvais habiter ailleurs »
Quant à la victime principale, elle n'a pas voulu réintégrer son domicile, au Blosne.Elle n'a sans doute pas envie de recroiser ses agresseurs ni de faire l'objet de représailles ou de pressions.
« Ça ne m'étonne malheureusement pas, commente une jeune femme, croisée près de la station de métro du Blosne. Régulièrement, j'ai le droit à des insultes par des bandes de jeunes qui se croient tout permis. C'est très désagréable, mais je préfère ne pas répondre. On ne sait pas de quoi ils sont capables. »
Idem pour Julie, 19ans, qui vient d'emménager dans ce quartier.
« Ce n'est pas par choix et si je pouvais aller habiter ailleurs... Il y a des endroits que j'évite, en fin de journée et le soir.
Pas envie de subir des insultes.
Il n'y a pas très longtemps, deux jeunes m'ont suivi jusqu'au métro. Je n'étais vraiment pas rassurée. »
Domiciliée au Blosne depuis plus de trente ans, cette femme regrette aussi « un changement d'ambiance ».
« Il n'y a plus de respect. Des jeunes filles sont traitées comme des objets sexuels par certains jeunes, qui se montent la tête entre eux. Quand vous les croisez individuellement, ils ne disent rien. Mais dès qu'ils sont en groupe... Il y a un vrai problème de culture. »
Et même si, elle aussi, dit aimer son quartier, elle déclare vouloir vivre ailleurs.
À défaut de pouvoir vivre ensemble.
Des réactions sur les réseaux sociaux
L'annonce de cette histoire fait réagir, notamment sur les réseaux sociaux où certains politiques dénoncent cet acte de violence gratuite.A l'image de Valérie Pécresse, présidente LR de la région Ile-de-France, qui demande l'instrasigeance « sur les violences faites aux femmes » en appelant à « sanctionner de manière exemplaire ces bandes de caïds qui se permettent de les humilier. »
Être intransigeants sur les violences faites aux femmes c’est aussi sanctionner de manière exemplaire ces bandes de caïds qui se permettent de les humilier. https://t.co/WIAYjwtSam— Valérie Pécresse (@vpecresse) 6 janvier 2018
Du côté local, même indignation. Nathalie Appéré, maire de Rennes, écrit : « Ne jamais accepter que la liberté des femmes soit menacée ou bafouée (...) Les auteurs ont été interpellés par la police. À la justice de punir. »
Geneviève Letourneux, conseillère municipale rennaise en charge des droits des femmes et de l’égalité, apporte son « soutien aux courageuses victimes » et appelle à « la mobilisation Police et Justice, de toutes et de tous partout » contre « les violences faites aux femmes ».
Dans un communiqué, Éric Berroche, adjoint à la maire de Rennes, délégué aux quartiers du Blosne et de Bréquigny, « condamne avec la plus grande fermeté les violences inacceptables subies » par les deux jeunes femmes et « veu(t) saluer l’intervention courageuse d’un habitant, celle de la Police qui a rapidement interpellé l’un des agresseurs et qui poursuit ses investigations ».
L’élu rennais poursuit : « Ces violences ne sauraient être assimilées à des « faits divers » contenus uniquement au quartier du Blosne […]
De nombreux témoignages quotidiens prouvent que les agressions verbales et physiques sont permanentes, qu’elles ont lieu dans tous les espaces publics et qu’elles sont le fait d’hommes appartenant à tous les milieux sociaux ».
Cette violence, c’est « la France Orange mécanique, déclare Gurval Guigen, conseiller municipal d’opposition à Rennes.
La réponse doit d’abord être répressive ».
Pour le responsable du Front National au Conseil régional, Gilles Pennelle, ce fait divers « démontre que le vivre ensemble martelé jusqu'à la nausée par la caste politico-médiatique veut dire pour beaucoup vivre ailleurs, en dehors des quartiers colonisés par l'immigration. »
Mustapha Laabib, député LREM de la 1re circonscription d'Ille-et-Vilaine, parle, de son côté, d'une « agression sexiste inadmissible, intolérable. »
Grégoire Le Blond, maire de Chantepie, soutient qu’« il est temps que la police de sécurité du quotidien se précise, que la médiation et la vidéoprotection se développent dans nos quartiers pour protéger ».
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