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vendredi 17 novembre 2017

L’histoire secrète de la dynastie Ramadan

 
 

Par le 17/11/2017 pour fdesouche.com
 
Sexe, espionnage, charia… Alors que l’islamologue Tariq Ramadan est accusé de viol, enquête sur une famille très controversée.
 

Le 4 août 1995, Saïd Ramadan, le père de Tariq et de Hani Ramadan, s’éteint à 69 ans dans un hôpital genevois.
Ni la presse suisse ni la presse internationale ne consacrent la moindre ligne à sa disparition.
Gendre de Hassan al-Banna, fondateur des Frères musulmans égyptiens, Saïd Ramadan a pourtant été le pionner de l’islam radical en Europe.
Docteur en droit de l’université de Cologne en 1959 pour sa thèse La Charia.

Le droit islamique, son envergure et son équité, il avait reçu pour mission de la part des Saoudiens d’islamiser le Vieux Continent.

Cette croisade à l’envers, financée par les pétrodollars du Golfe, est relatée par le journaliste suisse Sylvain Besson dans La Conquête de l’Occident.
Le projet secret des islamistes (Seuil), paru en 2005. (…)
Saïd Ramadan est très proche de Sayyid Qutb, tenant d’une idéologie islamiste radicale.
Le père du djihadisme apocalyptique développe la thèse que la majorité des musulmans, trop ignorants, ne sont pas de vrais musulmans.
On peut donc les occire.
Ils ne méritent pas mieux que les «  mécréants  » et les «  incrédules  ».
Sayyid Qutb sera emprisonné par Nasser et pendu en 1966.
En revanche, Saïd Ramadan, pourchassé par le régime, parvient à quitter l’Égypte.
Il se réfugie en Arabie saoudite, puis en Syrie, au Liban, avant de débarquer sur les bords du lac Léman en août 1958.
«  Considérant l’urgente nécessité qui s’impose à notre époque de faire face au matérialisme athée sous toutes ses formes  », le père de Tariq et Hani Ramadan crée le Centre islamique de Genève (CIG), en 1961, premier lieu de rassemblement des Frères musulmans en Occident.
Suivront ceux de Munich, de Londres, de Washington.
Au début des années 1960, les pétrodollars ruissellent sur Saïd Ramadan et sa famille.
L’Arabie saoudite lui verse 12.000 francs suisses (environ 10.000 euros) chaque mois.
Il loge dans une superbe villa prêtée par le Qatar, tandis que la Jordanie le choisit pour la représenter à l’ONU.
Bref, une vie de château. Saïd Ramadan développe alors un goût prononcé pour les grosses cylindrées aux couleurs criardes.
Ce bel homme, plutôt grand, à la barbe finement taillée, n’est pas non plus insensible aux charmes de la gent féminine.
En revanche, dans sa revue Al Muslimoon, le gendre de Hassan al-Banna s’en prend systématiquement au «  judaïsme mondial  », aux «  puissances colonialistes  » et aux «  tenants de l’athéisme et du laxisme moral  ».
Et puis, en 1966, tout s’écroule autour de Saïd Ramadan.
Les pays du Golfe lui coupent les vivres, Amman lui retire son statut de diplomate.
Une chute brutale liée à une vie privée un peu trop mouvementée ?
Une note confidentielle du chef du service de police du ministère public fédéral suisse, datée du 5 juillet 2007, que Le Point a pu se procurer, souligne que Saïd Ramadan aurait dû «  quitter le territoire le 31 janvier 1967  ».
Or il «  se trouve toujours en Suisse sans statut déterminé, c’est-à-dire au bénéfice d’un régime de tolérance  ».
Pourquoi le leader des Frères musulmans en Europe bénéficie-t-il d’autant de mansuétude de la part des Helvètes ?
La réponse est donnée par les services de renseignement suisses : Saïd Ramadan n’est pas qu’un simple propagandiste de l’islam radical, il serait parallèlement «  un agent d’information des Anglais et des Américains  », révèle une note de 2 pages datée du 29 juin 1967.
Et encore : «  Je crois savoir qu’il a rendu des services – sur le plan d’informations – à la Bupo [la police fédérale suisse, NDLR]. 
» Double discours, double face, Saïd Ramadan rencardait peut-être la CIA sur la confrérie créée par son beau-père…

Comment imaginer que son fils Tariq, suspendu de son poste d’enseignant à l’université d’Oxford, à la suite de deux plaintes pour viols et agressions sexuelles, ne se repasse pas en boucle depuis quelques semaines la déchéance de son père, survenue un demi-siècle plus tôt ?
Ce père à qui, physiquement, il ressemble tant…
Tariq Ramadan fait fréquemment des cauchemars.
«  Je pense qu’inconsciemment il a toujours redouté de se faire prendre un jour et de connaître la fin peu glorieuse de son père  », confiait déjà au Point, en 2014, Majda Bernoussi, qui explique avoir vécu une relation «  chaotique, destructrice  » avec l’islamologue.
Car Saïd Ramadan n’avait pas seulement été lâché par ses «  sponsors  » : il n’habitait plus avec sa femme et ses six enfants.
«  Il ne sortait pratiquement pas d’un minuscule studio qui sentait le moisi, entouré de vieux journaux  », se rappelle un ancien membre du Foyer culturel musulman, créé par Tariq Ramadan dans les années 1990.
Le 1er juin 1978, en un suprême affront, le roi Khaled d’Arabie saoudite inaugure la Grande Mosquée de Genève, dans le quartier du Petit-Saconnex, à proximité des organisations internationales, marginalisant le CIG de la famille Ramadan. (…)
Depuis 1995, Hani (né en 1959), le frère aîné de Tariq, occupe les fonctions de directeur général. Assez grand, le regard sévère, le front marqué par la zebida, cette petite callosité acquise à force de prosternations, Hani joue dans la famille le rôle du «  méchant  », la fonction de «  gentil  » étant dévolue à Tariq.
Hani est interdit de séjour en France depuis avril 2017.
La semaine dernière, le tribunal administratif de Paris a rejeté son recours contre son interdiction d’entrer dans l’Hexagone.
Quant à l’État de Genève, il a préféré se passer de ses services comme professeur de français à la suite de la publication, en 2002 dans Le Monde, d’une tribune intitulée La Charia incomprise.

Hani y justifiait la lapidation des femmes adultères.

Certes, il s’agit d’une «  loi éprouvante (…), elle constitue une punition, mais aussi une forme de purification  », écrivait-il.
Le directeur du CIG est un habitué des sorties de route.

Dans son livre La Femme en islam, Hani Ramadan prône la polygamie, qui éviterait à l’homme de «  commettre l’adultère et lui permettrait de continuer à procréer après la ménopause de son épouse la plus âgée  ».

En juin 2016, invité dans un collège genevois, Hani, marié et père de trois filles voilées dès leur plus jeune âge, comparait une femme sans voile à «  une pièce de 2 euros. Visible par tous, elle passe d’une main à l’autre  ».

Avec la Ligue des musulmans de Suisse, Hani Ramadan a dénoncé la semaine dernière la «  calomnie dirigée contre le professeur Tariq Ramadan  ». (…)
Dans Les Musulmans dans la laïcité, paru en 1994, Tariq Ramadan affirme que «  les cours de biologie peuvent contenir des enseignements qui ne sont pas en accord avec les principes de l’islam  ».
Quant à la fréquentation des piscines, il convient de regrouper les filles musulmanes, «  dans le respect des principes de la pudeur musulmane  » (2).
Les filles et pas les garçons musulmans ?
Hani Ramadan, qui ne s’embarrasse pas des mêmes précautions oratoires que son célèbre petit frère, a même évoqué leur complicité dans la presse helvétique : «  Ce que vous devez absolument comprendre, c’est que Tariq et moi sommes complémentaires.
Nous sommes comme les deux faces d’une même pièce.
Nous savons parfaitement ce que nous faisons et où nous allons  », reconnaît Hani Ramadan.
La différence entre les deux frères ?
Hani se lâche au grand jour.
Le 25 août 2015, dans La Tribune de Genève, il ne voit dans l’attentat manqué dans le Thalys, grâce à l’intervention de militaires américains, qu’«  une manipulation pour rehausser le prestige de l’armée américaine  ».
Tariq, en revanche, offre deux versions.
En public, il dénonce sans ambiguïté «  les meurtres de Montauban et de Toulouse  », commis par Mohamed Merah.
En revanche, sur son site (4), fréquenté par ses adeptes, l’islamologue dresse un portrait plutôt sympathique de l’assassin, présenté comme «  un grand adolescent, un enfant désœuvré, perdu, dont le cœur est, de l’avis de tous, affectueux  ».
Merah n’aurait été que «  la victime d’un ordre social qui l’avait déjà condamné, lui et des millions d’autres, à la marginalité, à la non-reconnaissance de son statut de citoyen à égalité de droits et de chances  ».

Un double discours qui a, semble-t-il, longtemps échappé à une partie de la gauche française.

Cette gauche n’a voulu voir chez cet islamiste pur et dur qu’un prestigieux compagnon de route.
Cet aveuglement lui a aussi fait occulter le déplacement de Tariq Ramadan au Soudan en 1993, invité par Hassan al-Tourabi.
Baptisé «  le pape noir du terrorisme  », ce Frère musulman conviait sur les bords du Nil le Who’s Who du djihad.
De la Jamaat-Islami pakistanaise au Front islamique du salut algérien, en passant par le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais.
Sans oublier ses hôtes les plus célèbres, Oussama ben Laden et Ilich Ramirez Sanchez, dit «  Carlos  ».
On prête même à Al-Tourabi la formule-choc :
«  L’avenir de l’islam ? C’est Tariq Ramadan.  »
Est-ce au Caire ou à Khartoum que ce dernier décide de reprendre le témoin, trop tôt abandonné par son père ?
Quand le petit-fils de Hassan al-Banna revient à Genève, après un séjour de quatorze mois en Égypte, il met sur pied un foyer culturel musulman, qui publie en interne un bulletin baptisé Jalons.
Est-ce en référence à Jalons sur la route de l’islam, l’ouvrage majeur de Sayyid Qutb ?
En 1953, Sayyid Qutb et Saïd Ramadan avaient été désignés pour représenter les Frères musulmans à la première réunion du Congrès général islamique.
Qutb est aussi l’auteur d’un opuscule intitulé Notre combat contre les juifs.
Mais curieusement, dans les 480 pages de sa thèse universitaire, intitulée Aux sources du renouveau musulman.

D’Al-Afghani à Hassan al-Banna, un siècle de réformisme islamique, Tariq Ramadan passe totalement sous silence l’antisémitisme virulent des Frères musulmans.
Al-Nadhir, le journal de la confrérie, tenait pourtant une rubrique régulière sous le titre La menace juive en Égypte, publiant les noms et adresses des propriétaires d’entreprises juives.

Dans ce travail universitaire, Tariq tente de faire passer Hassan al-Banna pour un Gandhi musulman, adepte de la non-violence.
Le jury de sa thèse démissionne, dénonçant les pressions et même les menaces qu’exerce le petit-fils du fondateur des Frères musulmans à son encontre pour qu’il cautionne son point de vue.
«  Je n’ai jamais vu un étudiant se conduire de la sorte  », s’indigne le professeur émérite Ali Merad. Seulement voilà, à cette époque, Tariq Ramadan collait les affiches électorales du sociologue Jean Ziegler, célèbre pour son pamphlet La Suisse lave plus blanc, et député socialiste de Genève.

À son tour, Jean Ziegler menace d’alerter la presse et de faire un scandale si «  l’Arabe  » n’obtient pas sa thèse.

La théorie du complot fonctionne.
Pour éviter un conflit, l’université de Genève constitue un second jury.
Celui-ci va tout de même mettre deux années avant d’accepter la thèse, mais sans accorder à son auteur la mention «  très honorable  ».
En 2014, Majda Bernoussi, auteure d’un manuscrit sur sa relation avec Tariq Ramadan (Un voyage en eaux troubles avec Tariq Ramadan) qu’elle n’a jamais publié, n’avait pas tant été scandalisée par ses frasques que par son indifférence vis-à-vis de la religion.

Selon elle, l’islam n’aurait été pour Tariq Ramadan qu’un business juteux.

«  Je ne l’ai jamais vu prier une seule fois. Manger halal ? Halal ou pas, ce n’est qu’un détail, me répétait-il  »…

Le Point

Merci à valdorf

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