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jeudi 19 octobre 2017

Merah: la défense acharnée mais invraisemblable d'Abdelkader par sa mère


 Zoulikha Aziri la mère de Mohamed Merah au tribunal de Paris, le 18 octobre 2017
Zoulikha Aziri la mère de Mohamed Merah au tribunal de Paris, le 18 octobre 2017
 
© AFP, JACQUES DEMARTHON
AFP, publié le mercredi 18 octobre 2017 à 20h20
               
La mère de la fratrie Merah, Zoulikha Aziri, s'est livrée mercredi à une défense acharnée mais souvent invraisemblable, de son fils Abdelkader, jugé aux assises de Paris, en n'hésitant pas pour cela à charger Mohamed Merah, l'auteur des tueries de mars 2012, tué par la police.

"Abdelkader n'a rien à voir dans l'histoire qui s'est passée. Ce qu'a fait Mohamed, c'est très grave mais il est mort", a d'emblée déclaré Zoulikha Aziri, vêtue d'une djellaba beige et d'un foulard moutarde, donnant le ton à ses 03H30 de témoignage.
"Abdelkader, il était normal, ne posait pas de problème", a insisté la mère, présentant Mohamed comme "un fou" pour expliquer ses actes.
"Depuis tout petit, il a eu des problèmes. Il me disait, j'ai un homme qui me parle dans la tête", a-t-elle raconté.

Une proche de la famille Merah a raconté mardi que Zoulikha Aziri lui avait dit après les attentats être fière de son fils pour "avoir mis la France à genoux".

Abdelkader Merah est accusé de complicité dans les crimes de son frère Mohamed qui a assassiné sept personnes, dont trois enfants, en mars 2012 à Toulouse et Montauban.
En complète contradiction avec le dossier et les témoignages entendus, Zoulikha Aziri, a dépeint dans une salle sous tension, l'image idyllique d'un accusé, "gentil à la maison" pratiquant "un islam normal" quand des proches ont décrit sa violence et son prosélytisme salafiste.
"C'est moi qui ai appris la religion, la prière à mon fils", "c'est moi qui l'ai envoyé en vacances et suivre des cours en Egypte", a-t-elle notamment affirmé.
Quant à Olivier Corel, "l'émir blanc", référent d'Abdelkader et fondateur de la communauté d'Artigat dont sont issus de nombreux jihadistes, elle dit de lui que "c'est un éleveur de moutons".
"C'est Mohamed qui était dans l'extrême de la religion", dit-elle.

- Attitude insupportable -

Sur son mariage avec Mohamed Essid, père de Sabri Essid, parti combattre en Syrie, elle explique encore que c'est Mohamed qui l'a voulu, alors qu'Abdelkader lui-même a reconnu l'avoir organisé.
Enfin, quand on évoque son antisémitisme, rapporté notamment par l'ex-compagne de son fils aîné, elle avance: "Tous mes médecins sont juifs" et provoque des ricanements dans la salle.
Son attitude jugée insupportable a provoqué la colère des parties civiles: "les familles attendent la vérité depuis cinq ans", lui a hurlé Mehana Mouhou, avocat de la famille d'Imad Ibn Ziaten, le premier soldat tué par Mohamed Merah.
"Vous êtes méchants, vous êtes de la merde", a lancé à la mère de Mohamed Merah le frère d'Imad Iban Ziaten, en pleurs avant de quitter la salle soutenu par un proche.
"C'est la mère d'un mort", a avancé Me Dupond-Moretti pour les calmer, provoquant en retour de vives protestations du public et des parties civiles debout.
"Oui, cette femme a menti sur un certain nombre de points, c'est une évidence", a convenu Me Dupond-Moretti, mais on ne peut pas demander à une mère de témoigner contre son fils.
"Entre son fils et la justice, elle a choisi son fils", a-t-il ajouté en référence à la célèbre phrase d'Albert Camus.
"Dire que cette femme a perdu son fils n'est pas une injure faite aux autres victimes. Les larmes s'additionnent, elles ne s'opposent pas", a-t-il lancé avant que la mère ne quitte la salle escortée par des gendarmes.

Au final, Zoulikha Aziri aura gardé le silence sur un point clef de la procédure: les connexions effectuées à son domicile le 4 mars 2012 vers 23H00 à une annonce postée par la première victime sur le site "le bon coin" pour vendre sa moto.
 Imad Ibn Ziaten avait précisé qu'il était militaire, ce détail lui sera fatal.
"Il n'y avait personne chez moi, j'étais seule", a affirmé la mère.
Elle reconnaît qu'Abdelkader était bien chez elle vers 19H30, mais affirme qu'il n'est resté que 20 minutes avant de partir et dit ne pas avoir vu Mohamed.
L'enquête n'a pas permis de déterminer qui s'est connecté. 

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