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samedi 14 octobre 2017

Au Havre, des « prédateurs » sexuels de gamines en fugue originaires d’Algérie ou de Tunisie

 
 
Les victimes étaient des très jeunes filles qui avaient pour l’une d’entre elles 13 ans (photo d’illustration)
 
Les victimes étaient des très jeunes filles qui avaient pour l’une d’entre elles 13 ans (photo d’illustration)

 Matthias Chaventré , |
Publié 13/10/2017
 
Justice. Trois Havrais ont été condamnés à des peines de prison ferme pour avoir utilisé la prostitution de filles mineures, entre 2012 et 2013, au Havre. En échange de l’hébergement ou de cannabis, ces jeunes filles qui avaient fugué de leurs foyers avaient des relations sexuelles avec des hommes majeurs.
 
Les prévenus, des Havrais originaires d’Algérie ou de Tunisie, sont des « prédateurs sexuels ».
C’est le terme employé par le substitut du procureur dans ses réquisitions.
Les victimes sont de jeunes filles.
« Des jeunes filles vulnérables par leurs âges, non seulement, mais aussi par leurs situations personnelles », indique aux juges le parquetier.
Les mis en cause, âgés de 23 à 38 ans, étaient jugés devant le tribunal correctionnel du Havre pour « recours à la prostitution d’un mineur » et « agression sexuelle imposée à un mineur de 15 ans ». Deux d’entre eux seulement étaient présents à l’audience.
Ceux-ci affirment n’avoir commis aucun mal et ignorer la minorité des jeunes filles, âgées de moins de 15 ans.
« On considérait qu’elles étaient proches de la majorité », assurent-ils.
 « Vous souffrez d’une grave myopie ? », lance le président à l’un des auteurs qui se tient à la barre.
Les faits commencent lorsque deux Havraises, qui ont fugué de leur foyer, passent au domicile de Samir, en mars 2012.
Selon l’enquête, celui-ci aime y réunir « autant de filles qu’il y a d’hommes présents ».
Ces dernières ont des relations sexuelles avec ces hommes.
Lorsque l’une d’elles répond à Samir que sa copine a 13 ans, il en est satisfait.

En décembre 2012, ces jeunes femmes errent encore et se retrouvent chez El Arabi cette fois.
Le troisième prévenu, Omar, est également là.
Comme chez Samir, il y a des relations sexuelles entre elles et les hommes présents.
En échange de l’hébergement, de cannabis ou d’un billet, les victimes doivent accepter des rapprochements physiques.
Curieusement, Samir dit ne pas comprendre le français quand les questions se font embarrassantes. « En échange, elles doivent passer à la casserole ! Comme ça, c’est clair ? », s’agace le président.
Les prévenus nient les faits
Cette histoire prend fin quand l’une des victimes, effrayée par la tournure des évènements, fuit, après six jours passés chez le Havrais.
Son père se tourne vers la police.
Samir comme El Arabi nient toutes les accusations de « recours à la prostitution de mineures ».
De son côté, El Arabi ignore tout ce qui se déroulait chez lui.
Il concède qu’il y avait du passage, que c’était parfois « le bordel », qu’il y avait « du bruit ».
Mais rien d’autre.
« Il est si grand que ça, votre appartement, pour que vous ne sachiez rien ! », doute le président.
El Arabi maintient ses dénégations. « Ne jurez pas sur la tête de quiconque, monsieur. Ça ne mène à rien et ça ne convainc pas un magistrat. »

Relaxe partielle pour l’un d’eux

Pour avoir prostitué des mineurs, ils ont écopé chacun de deux ans de prison pour moitié ferme, sans mandat de dépôt.
Omar, au rôle moins important, a été condamné à huit mois avec sursis.
Samir et El Arabi sont déjà connus pour deux autres antécédents judiciaires.
Samir était également inquiété pour avoir « recueilli » chez lui, entre fin 2012 et début 2013, une jeune Havraise et avoir eu avec elle des rapports sexuels consentis.
Mais l’adolescente a varié devant le juge d’instruction sur la date de leurs relations.
« Mais vous saviez qu’elle était très jeune ! », lance le président du tribunal correctionnel.
« Oh non », répond fermement Samir.
« On doit quand même se poser la question quand on est un homme de votre âge, même si on ne connaît pas le Code pénal par cœur », bouscule le magistrat.

« Pas de condamnation morale, réclame Me Guillaume Routel, dont le client a répété que pour lui la Havraise avait largement plus de 15 ans. On est dans une époque où la morale dicte tout, où tout choque. »

Malgré tout, il sera relaxé des poursuites d’« agressions sexuelles » qui s’ajoutaient à celles sur le « recours à la prostitution d’un mineur ».

El Arabi et le quatrième prévenu sont aussi accusés d’avoir agressé la jeune fille dans la salle de bains.

Mais après plus de quatre heures et demie de débats, les juges ont relaxé les trois prévenus pour ces faits.
 
Matthias Chaventré pour paris-normandie

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