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mardi 26 septembre 2017

Jeune fille au pair tuée à Londres : «Elle nous faisait croire que tout allait bien»

 

Louise Colcombet
26 septembre 2017
 
Quelques jours après l'arrestation d'un couple suspecté d'avoir tué Sophie Lionnet, Française qu'il employait à Londres, des amis de la jeune femme dénoncent l'exploitation dont elle était victime.

Qu'était donc Sophie Lionnet aux yeux de ses employeurs ?
Jeune fille au pair choyée, ou bonne à tout faire réduite à l'état d'esclave ?
Quatre jours après l'inculpation pour meurtre du couple chez qui elle travaillait, les proches de Sophie commencent à réaliser l'ampleur du calvaire vécu par la jeune Française de 21 ans, loin de l'image idéalisée que celle-ci cherchait à tout prix à projeter de son expérience à Londres - son «rêve», nous confie une amie.

Ses bourreaux présumés, Ouissem Medouni, 40 ans, et Sabrina Kouider, 34 ans, comparaissent ce mardi devant un juge londonien.
Le couple franco-algérien qui l'employait comme jeune fille au pair depuis dix-huit mois est suspecté de l'avoir tuée, puis d'avoir brûlé son cadavre mercredi dernier dans son jardin de Wimbledon, banlieue cossue de la capitale anglaise.

Un salaire de 56 euros par mois

C'est là, derrière les murs d'une demeure estimée à plus d'un million d'euros, que Sophie Lionnet restait cloîtrée, s'occupant de deux enfants âgés de 3 et 6 ans, préparant les repas, faisant le ménage... pour un salaire de 56 euros par mois.
Une somme dérisoire qui ne lui aurait en outre jamais été versée.
«Dès qu'on abordait le sujet de l'argent, elle éludait...» se souvient Roxane*, une amie, qui, les rares fois où elle parvenait à la contacter, préférait éviter les sujets qui fâchent.
«Elle nous faisait croire que tout allait bien pour ne pas nous inquiéter. Sophie pensait toujours aux autres avant elle», soupire-t-elle.



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Elle aussi a d'abord vu, à travers ses publications sur Facebook, une Sophie rayonnante, emballée par cette patronne «styliste» et «maquilleuse» qui la sortait dans le grand monde, lui avait offert une robe de soirée, un shooting photo, et lui avait même fait rencontrer Johnny Depp...

«Elle l'a achetée, lui faisant miroiter qu'elle pourrait l'aider à travailler dans le cinéma», juge aujourd'hui Stéphanie*.
Passionnée par cet univers qu'elle avait découvert au collège, Sophie avait renoncé à de coûteuses études dans le domaine artistique que sa famille n'était pas en mesure de lui offrir.
«Elle espérait les financer elle-même, grâce à l'argent gagné en Angleterre, poursuit Stéphanie. C'était une fille travailleuse qui voulait s'en sortir par elle-même, mais elle était très influençable.»

«Ils lui avaient dit que si elle rentrait, elle n'aurait jamais ses salaires»
Dès son arrivée à Londres, ses proches s'étaient d'ailleurs inquiétés de ne pouvoir la joindre.
«Ses propres parents n'ont eu longtemps ni son adresse ni son numéro de téléphone, sur lequel elle ne répondait jamais», détaille Stéphanie.

Pressée par tous, sur sa page Facebook, de rentrer en France, «elle disait toujours bientôt... mais repoussait à chaque fois, se souvient Lilian*, un autre ami.
Elle n'avait pas d'argent pour payer le retour, mais trouvait toujours des excuses à ses patrons qui avaient soi-disant des problèmes financiers».
Des difficultés qu'elle avait cachées à sa famille, prétextant des problèmes d'organisation.
Son père, réduit lui aussi à la contacter par le réseau social, s'était ému il y a un an qu'elle ne fasse pas le déplacement pour l'enterrement de son oncle.
Et lui annonçait que son petit ami, lassé de l'attendre, la quittait...

Peu après, Sophie annonçait dans une vidéo, les larmes aux yeux, sa tristesse de ne pouvoir rentrer en France pour Noël dernier.
«Elle était épuisée, à bout, se souvient Léana*, qui lui a parlé pour la dernière fois à la même époque. Ils lui avaient dit que si elle rentrait, elle n'aurait jamais ses salaires.»
Ulcérée, Stéphanie lâche : «Ils lui avaient même fait faire des crêpes, qu'elle vendait à leur profit !»

Sophie était-elle maltraitée physiquement ?
C'est ce que suggère une photo retrouvée par ses amies, téléchargée en octobre 2016 sur Facebook mais jamais partagée.
On y distingue des traces de griffures sur le cou de la jeune femme, qui avait fini par acheter un billet retour, grâce à l'aide de sa famille.
Elle aurait dû rentrer lundi dernier.
Bouleversée par le destin tragique de son amie, «victime d'exploitation» puis de «barbarie», Léana enrage.
«Comment peut-on faire une telle chose ? Elle voulait juste rentrer chez elle...»

* Les prénoms ont été changés.
Louise Colcombet  leparisien

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