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mercredi 2 août 2017

Le Jour du Dépassement et son business malthusien bien organisé


 
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2 août 2017
 
Impossible d’ouvrir un journal aujourd’hui, d’allumer une radio ou un téléviseur sans entendre parler en boucle du Jour du Dépassement.
 
Voilà une superbe opération de communication menée en apparence dans l’intérêt général, mais qui sert en réalité des intérêts privés bien calculés.
 
Le Jour du Dépassement, c’est, paraît-il, le jour où la planète commence à consommer plus qu’elle ne produit.
Cette idée vieille comme le monde (en tout cas comme les théories économiques), déjà agitée en son temps par Malthus, cristallise de nombreuses angoisses occidentales.
Quoi de plus simple que de faire croire que la planète est, d’une façon ou d’une autre, trop petite pour subvenir à nos besoins?
Derrière cette idée facile (propagée par une multitude de think tank britanniques, comme le Population Matters) se cachent une multitude d’idéologies glauques et toxiques, et un business bien organisé.
 
Le Jour du Dépassement a-t-il un fondement scientifique?
 
La question fondamentale est évidemment de savoir si le Jour du Dépassement a un fondement scientifique.
Sur ce point, il n’y a guère que Libération qui ait osé ouvertement (mais pour la refermer très vite) poser la question.
Dans la pratique, le Jour du Dépassement, personne ne le conteste, est un outil d’extrême simplification qui agglomère en un slogan populiste des données chiffrées, des approximations grossières et des peurs viscérales.
En termes de communication, c’est extrêmement efficace.
Scientifiquement, c’est, comme dirait Emmanuel Macron, du pipi de chat.
Puisque nous sommes à l’ère des post-vérités bobos, il est évidemment politiquement incorrect de le rappeler et il est de meilleur ton de renverser les valeurs en faisant croire que la vérité, c’est le jour du dépassement.
Il n’en demeure pas moins que les faits scientifiques ne sont pas ceux-là.

 
Le redoutable business du Dépassement
 
Le vrai génie du Jour du Dépassement n’est pas de mesurer la « soutenabilité » du mode de vie occidental mais de transformer en moment écologique un business structuré autour du Footprint Network, « l’ONG » qui anime la communication autour de ce thème.
Le Global Footprint Network est officiellement un think tank indépendant qui se partage entre les États-Unis, la Belgique et la Suisse.
La réalité est un peu différente.
D’abord parce que le Global Footprint Network est aussi une société de conseil qui propose des web services dans le domaine immobilier.
Au demeurant la notion de Footprint sert aujourd’hui de paravent à une multitude de sociétés de conseil à travers le monde, qui véhiculent toutes une idéologie de la décroissance.
Mais, dans la liste des partenaires du Global Footprint Network, on trouve une multitude d’intérêts privés plus ou moins masqués, dont on se demande ce qu’ils font là, et ce qu’ils cachent.
Par exemple, on trouve dans la liste des soutiens financiers à ce réseau la Confédération de l’Industrie Indienne (CII), qui a beaucoup de choses à se faire pardonner dans le domaine de l’environnement. Peut-être faut-il préciser que l’Inde a intérêt à limiter les capacités industrielles des pays du Nord pour récupérer des marchés.
Le soutien des industriels à la cause du Global Footprint Network peut se faire plus discret.
C’est le cas avec le Millennium Institute, un think tank américain soutenu par General Motors.
On ne dira jamais assez que l’idéologie de la planète terre à protéger, c’est un excellent cheval de Troie pour favoriser le libre échange.
 
Quand les grandes fortunes soutiennent la cause

On notera surtout, dans la liste des soutiens au Global Footprint Network (qui récolte environ 2 millions $ annuels), la présence de grands gestionnaires suisses de fortune comme la banque Pictet ou la banque Sarasin.
Rappelons que le groupe Pictet est régulièrement accusé par l’administration française d’héberger des comptes illégaux… et de blanchir de l’argent étranger.
La banque Sarasin vient pour sa part d’être condamnée en Allemagne pour avoir encouragé à l’évasion fiscale.
Peut-être qu’il existe pas mal de grandes fortunes, dans notre petit monde, qui adorent colporter l’idée que les États-nations, c’est du blabla, et que seule notre planète compte.
C’est autant de frontières en moins à franchir, et d’amendes en moins à payer, pour échapper à l’impôt.

Estelle Pattée, Libération

L’ONG s’appuie sur les milliers de données de l’ONU, notamment celles du Fonds des Nations unies pour l’alimentation (FAO), de l’Agence internationale de l’énergie et du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec).
 
Ce qui n’empêche pas la méthode d’être controversée.
 
eric-verhaeghe

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