Le 02/07/2017
Il est le chef, le maître de toutes choses, et il le fait savoir avec brutalité.
Non par des décisions qui pourraient améliorer nos conditions de vie, mais en nous donnant une image quasiment christique de lui-même par le biais d’une communication continue.
La liste est déjà longue des reproches que les Français pourraient lui faire.
Mais il est encore porté par l’état de grâce, et ses électeurs, pas si nombreux que ça au demeurant, ferment les yeux, se bouchent les oreilles et continuent d’exprimer leur admiration envers ce qu’ils considèrent comme étant un « sûrement possible grand Président ».
Et le Président en profite jusqu’à la mégalomanie.
Il est le chef, le maître de toutes choses, et il le fait savoir avec brutalité.
En se moquant des journalistes dont il fait dire, par son service de communication, qu’ils ne comprendraient pas les réponses compliquées à leurs questions certainement sans intérêt.
En convoquant le Congrès pour signifier à tous qu’il faudra l’écouter, en pensant « printemps » sans doute.
Le journal La Croix se demande ainsi si Macron a trop de pouvoir.
Sans oser, toutefois, prononcer le terrible mot de « dictateur ».
Pourtant, pourtant, derrière ce sourire permanent et pas très sincère et les deux fossettes de sa photo désormais officielle, tout, depuis cinquante jours, indique qu’il veut tout faire, tout décider, tout commander.
Son âge, sans doute, et le fait qu’il soit arrivé si jeune, avec si peu d’expérience, mais beaucoup d’intelligence calculée, l’ont conduit à s’imaginer qu’il était tout-puissant.
Dans ses Mémoires de guerre, le général de Gaulle avait écrit : « Pourquoi voulez-vous qu’à 67 ans, je commence une carrière de dictateur ? »
On serait tenté de croire qu’Emmanuel Macron pourrait demander, dans ses futurs mémoires : « Pourquoi voulez-vous qu’à 39 ans, je ne profite pas de ma jeunesse pour jouer à Napoléon ? »
Toujours est-il que M. Macron n’a cure de faire des économies de bouts de chandelle.
Il a toujours été habitué aux millions.
Alors, que ces deux heures passées face aux sénateurs et aux députés, face à ceux et celles qu’il a convoqués et qui auront accepté le déplacement, aient un coût de 600.000 euros lui importe peu. Robert Badinter avait ironisé en 2008 : « Si le discours de Nicolas Sarkozy dure cinquante minutes, il en coûtera près de 5.000 € la minute. »
Encore s’agissait-il d’une raison sérieuse : celle de réviser la Constitution.
M. Macron a annoncé que, le 3 juillet, il ferait une simple déclaration d’intention pour éclairer les Français sur le flou actuel de son projet.
La veille de la déclaration d’intérêt général que doit prononcer le Premier ministre devant les députés. Édouard Philippe a expliqué qu’ainsi « il y [aurait] deux expressions à la fois parfaitement en ligne et en même temps complémentaires ».
Vous avez bien lu : « en même temps ».
Le novlangue macroniste.
Après la main sur le cœur pendant « La Marseillaise », voilà notre Président qui prononce son message sur l’état de l’Union.
C’est en tous cas ce que pense Roger-Gérard Schwartzenberg, qui défend le Président en soulignant « qu’il n’est pas très sain qu’il n’y ait pas de contact direct entre le chef de l’État et le Parlement ».
Sauf que les Français ne sont pas des plus heureux lorsqu’ils apprennent que la gouvernance de M. Hollande a laissé un trou de huit petits milliards dans les caisses de l’État.
Et la presse obséquieuse d’oublier que M. Macron avait été, pendant deux ans, ministre de l’Économie à Bercy où sévissait au budget M. Sapin…
Alors, combien la minute d’Emmanuel Macron à Versailles coûtera-t-elle ?
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