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samedi 8 avril 2017

Est-ce un crime d’être filloniste quand on parle d’histoire ? ( + vidéo censurée précédemment)

Le 08/04/2017



Professeur honoraire
 
On jette, après coup, le discrédit sur les propos tenus librement par cette enseignante au motif de ses affinités politiques…
 
La présence d’une enseignante d’histoire, sur le plateau de « L’Émission politique » de France 2, jeudi dernier, fait les choux gras de la presse.
Interpellant Emmanuel Macron, elle a notamment mis en cause les propos qu’il a tenus à Alger, qualifiant la colonisation de « crime contre l’humanité ».
 Horreur !
Elle serait filloniste et l’aurait caché aux organisateurs de l’émission !
Des internautes s’en sont émus, Karim Rissouli l’a aussitôt interrogée : Barbara Lefebvre l’a mollement nié.
Karim Rissouli se défend de ce couac : « On connaissait très bien l’idéologie de Barbara Lefebvre, depuis longtemps d’ailleurs. On sait très bien que c’est une historienne néo-réac (sic), et c’est pour cela qu’elle a été invitée en plateau » », confie-t-il à L’Express.
Il assure que, si la chaîne avait connu son soutien à François Fillon, « soit elle n’aurait pas été invitée, soit on aurait immédiatement précisé son soutien en plateau ».
Soupçonnée de s’avancer masquée, la filloniste « cachée » cherche à se justifier : « Je ne milite pas, je vais parler là où on s’intéresse aux causes que je défends, celle de l’enfance et du handicap notamment. Et je n’ai trouvé jusqu’ici d’oreille attentive que chez François Fillon, c’est pourquoi j’ai apporté mon expertise aux réunions publiques de France solidaire. »

Elle s’étonne aussi que la rédaction de France 2 ait « découvert en direct » ses activités, alors qu’il eût suffi de faire quelques recherches sur Internet…
Le plus grave, c’est qu’on jette, après coup, le discrédit sur les propos tenus librement par cette enseignante au motif de ses affinités politiques.
Comme si la validité d’une opinion dépendait du fait que son auteur est ou non encarté.
En fait, elle a exprimé son avis – au demeurant mesuré – en tant qu’historienne, sur l’enseignement de l’histoire.
Savoir si ce professeur est ou non un fervent partisan de François Fillon ne fait rien à l’affaire.
Ni même si son propos est justifié.
Mais faire un lien entre ses paroles et ses sympathies politiques est un crime contre l’intelligence. C’est vrai avec François Fillon, c’est encore plus vrai quand il s’agit de Marine Le Pen, ce serait vrai avec Emmanuel Macron lui-même.
Au lieu de passer leurs positions au crible de l’examen critique pour essayer de distinguer le vrai du faux, on simplifie, on caricature, on déforme, on condamne en pratiquant l’amalgame.
Ce problème concerne, plus généralement, l’enseignement de l’histoire.
On se souvient des débats suscités par la première version des programmes du Conseil supérieur des programmes.

 Des pans entiers de l’Histoire – et non des moindres – devenaient facultatifs ou étaient supprimés.

 Plusieurs historiens accusèrent le CSP de porter atteinte à « la cohésion de la France ».
Il fut contraint de revoir sa copie.
Par le choix des périodes étudiées, par les thèmes associés, l’enseignement de l’histoire peut se prêter aux manipulations des autorités politiques.
C’est oublier que, comme beaucoup d’autres disciplines, il doit développer le sens critique.
C’est oublier aussi que les professeurs d’histoire, dans leur immense majorité, se donnent pour mission d’éveiller les esprits, non de les étouffer.
Eussent-ils eux-mêmes des engagements, ils ne se feront jamais les propagandistes d’une conception idéologique de l’Histoire.

À condition qu’ils maîtrisent leur discipline, résistent aux pressions des gourous pédagogiques et respectent la part d’incertitude et de mesure qui doit accompagner toute recherche de la vérité.



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