Le 16/03/2017
Jean-Louis Chollet
Le mal est ancré dans l’administration et les forces de l’ordre ne sont que le bras d’une tête qui ne pense pas dans le sens du développement économique.
C’est l’histoire de Franky Zapata, innovateur brillant, ancien champion de jet-ski, qui a mis au point le prototype du Flyboard® Air.
Cette « unité autonome de propulsion » représente quatre ans de travail acharné pour un résultat dépassant tous les records : un vol autonome à une altitude allant jusqu’à 10.000 pieds (3.000 mètres) et une vitesse de pointe de 150 km/h : une prouesse pour sa petite société d’une quinzaine de personnes qui voudrait, aujourd’hui, poursuivre ses essais en vol pour améliorer son produit.
Son produit, qui peut générer un marché militaire et civil important, est, comme tous les produits « volants », appelé également « aéronef », soumis à des normes d’homologation et de navigabilité de compétence européenne EASA (European Aviation Safety Agency) et nationale DGAC (Direction générale de l’aviation civile).
Cette dernière administration dépend du ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer, autrefois appelé le « ministère des Transports ».
Bien sûr, le produit développé par notre innovateur marseillais n’est pas anodin.
Vols, survols de zones habitées, décollages et atterrissages multiples : autant de dangers potentiels, pour le « pilote » et pour le public.
Mais est-ce une raison pour envoyer les pandores de la BGTA menacer cet industriel d’une mise en examen ?
Le mal est ancré dans l’administration et les forces de l’ordre ne sont que le bras d’une tête qui ne pense pas beaucoup dans le sens du développement économique.
Un exemple, plus près des préoccupations de notre vie quotidienne.
En 1992, un designer français avait mis au point un produit, conforme aux normes européennes, pour la sécurité des personnes dans les automobiles.
Il le présenta à l’homologation au ministère des Transports après des essais concluants.
Les fonctionnaires français, durant plus d’un an, firent du lobbying auprès des instances européennes pour faire supprimer l’article du règlement qui encadrait la création du produit…
Devant l’inertie de cette administration et l’impatience de l’industriel, le ministre des Transports de l’époque, Bernard Bosson, fut sollicité.
Il provoqua une réunion entre les intervenants et le numéro trois du ministère.
Celui-ci précisa, au cours de la réunion : « Vous savez, des ministres, j’en ai vu passer une vingtaine, alors… », indiquant par là que ce n’était pas Bernard Bosson qui changerait quelque chose au « bon » fonctionnement du ministère…
La ténacité des fonctionnaires français emporta le bébé avec l’eau du bain.
Éviter qu’une entreprise française se trouve en situation de monopole sur un marché fortement prometteur, permettant à son créateur de s’enrichir grâce à son inventivité et à son travail ; ouvrir le parapluie du principe de précaution pour protéger le fonctionnement sécurisé d’une administration qui ne veut pas secouer sa torpeur en augmentant significativement sa charge de travail et les risques inhérents à tout nouveau produit ; enfin – mais cela n’est jamais clairement avéré et seule une enquête du parquet national financier pourrait nous informer de l’existence de telles pratiques -, punir les vilains innovateurs de n’être pas – discrètement – généreux avec leurs interlocuteurs de la fonction publique.
« Depuis plusieurs jours, je suis en contact avec les autorités compétentes, mais personne ne veut se mouiller […] », explique Franky Zapata.
« Les autorités compétentes », comprenez, également dans ce dossier, le ministère des Transports et la DGAC.
L’Histoire est un éternel recommencement… Dommage.
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