Michel Gay
Au début des années 2000, le Président de la Syrie est subitement apparu comme un « tyran sanguinaire » pour la diplomatie française et les médias occidentaux.
D’autres dictateurs dans le monde, y compris au Moyen-Orient, ne sont toujours pas inquiétés. Pourquoi ?
Tout commence en 1971 lorsqu’une gigantesque poche de gaz (20% des réserves naturelles de gaz du monde) est découverte dans le Golfe Persique.
Elle s’étend depuis le Qatar (qui la nomme North dôme) jusqu’à l’Iran (qui la nomme South Pars).
Le Qatar a débuté les forages en 1988.
Sa production a commencé en 1996 pour augmenter au fil des années.
Mais le blocus économique subi par l’Iran a retardé l’exploitation du gaz de son sous-sol.
Cependant, Total vient de signer récemment (8 novembre 2016) un accord d’une valeur de 6 milliards de dollars pour développer la production de « South Pars » au sein d’un consortium international avec la participation des Chinois et des Iraniens.
Or, les pays européens, grands consommateurs de gaz, sont aujourd’hui principalement alimentés par trois sources : l’Algérie, la Mer du Nord (exploitée par le Royaume-Uni et la Norvège), mais la production diminue.
L’Europe vit donc dans une situation de dépendance stratégique inquiétante qui pourrait la plonger dans une grave crise énergétique.
Ainsi, d’un coté l’Europe cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement énergétiques tandis que, d’un autre coté, le Qatar et l’Iran produisent de plus en plus de gaz sans pouvoir facilement l’acheminer vers les consommateurs.
La conjonction de ces deux facteurs explique probablement le rapprochement entre la France et le Qatar, ainsi que le relâchement du blocus Iranien.
Des deux cotés, l’objectif est de construire un gazoduc partant du Qatar, pour déboucher en Europe dans les Balkans.
Mais pour atteindre l’Europe depuis le Qatar et l’Arabie Saoudite, il faut traverser l’Irak ou la Syrie.
En 2009, l’Irak en guerre, et ayant une forte communauté chiite sous influence iranienne, est jugé peu fiable pour y construire un gazoduc.
Les Qataris et les Saoudiens (sunnites) ont alors proposé à Bachar El Assad de faire passer ce gazoduc par la Syrie.
Or, la Russie, son puissant allié militaire, lui a demandé de refuser ce transit.
Ce nouveau gaz abondant risque de la priver de son arme stratégique de pression sur l’Europe.
En 2011, le Qatar et l’Arabie Saoudite consacrèrent alors quelques milliards de dollars à la création de milices comme Al Nosra (branche d’Al Qaïda en Syrie) pour engager un conflit dans l’espoir de destituer Assad.
La seule obligation du pouvoir appelé à lui succéder serait d’autoriser la construction de ce gazoduc. Cette opération se déroula avec la bénédiction des Israéliens qui voyaient d’un bon œil la chute d’Assad.
Ce dernier finance le Hezbollah depuis de nombreuses années pour tirer des roquettes sur leur pays.
Mais contrairement aux attentes, la guerre en Syrie s’enlisa…
En septembre 2013, les États-Unis, la France et le Royaume-Uni décidèrent d’envoyer une flotte de guerre pour appuyer les rebelles syriens afin d’accélérer la chute d’Assad.
Les médias avaient annoncé que la grande attaque par mer était imminente.
Mais la Russie, soutenant toujours la Syrie, s’interposa avec ses navires de guerre entre la côte syrienne et la coalition.
Jusqu’où ne pas aller trop loin pour un gazoduc ?
A l’exception de l’envoi de quelques missiles et de bombes, cette guerre n’eut pas lieu et fut rapidement oubliée.
La vengeance de l’occident sur la Russie intervint quelques mois plus tard, en Ukraine.
Une révolution fut organisée par les services secrets européens et américains pour faire basculer l’Ukraine du coté occidental.
La Russie a réagi en utilisant le sentiment pro-russe d’une partie de l’Ukraine pour enclencher une guerre civile et, en même temps, pour récupérer la Crimée.
Un avion de ligne abattu (par erreur ?) dans le ciel ukrainien a légitimé la mise en place, par l’Europe, de sanctions économiques contre la Russie qui, malgré tout, a continué à lui vendre son gaz.
Pendant ce temps, en Syrie, Al Nosra avait accouché d’un monstre : l’État Islamique.
Les espoirs des occidentaux de faire croire qu’ils soutenaient le « bien » et la défense des droits de l’homme ont été ruinés par les comportements extrémistes de ces organisations totalitaires.
La Russie s’oppose à ce gazoduc par l’intermédiaire de Bachar Al Assad afin ne pas diminuer ses revenus tirés de la vente de son propre gaz, et pour ne pas affaiblir sa position stratégique de fournisseur principal de l’Europe.
source
« Vers l’Orient compliqué, je volais avec des idées simples » (Charles de Gaulle1)
Au début des années 2000, le Président de la Syrie est subitement apparu comme un « tyran sanguinaire » pour la diplomatie française et les médias occidentaux.
D’autres dictateurs dans le monde, y compris au Moyen-Orient, ne sont toujours pas inquiétés. Pourquoi ?
Tout commence en 1971 lorsqu’une gigantesque poche de gaz (20% des réserves naturelles de gaz du monde) est découverte dans le Golfe Persique.
Elle s’étend depuis le Qatar (qui la nomme North dôme) jusqu’à l’Iran (qui la nomme South Pars).
Le Qatar a débuté les forages en 1988.
Sa production a commencé en 1996 pour augmenter au fil des années.
Mais le blocus économique subi par l’Iran a retardé l’exploitation du gaz de son sous-sol.
Cependant, Total vient de signer récemment (8 novembre 2016) un accord d’une valeur de 6 milliards de dollars pour développer la production de « South Pars » au sein d’un consortium international avec la participation des Chinois et des Iraniens.
Or, les pays européens, grands consommateurs de gaz, sont aujourd’hui principalement alimentés par trois sources : l’Algérie, la Mer du Nord (exploitée par le Royaume-Uni et la Norvège), mais la production diminue.
L’Europe vit donc dans une situation de dépendance stratégique inquiétante qui pourrait la plonger dans une grave crise énergétique.
Ainsi, d’un coté l’Europe cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement énergétiques tandis que, d’un autre coté, le Qatar et l’Iran produisent de plus en plus de gaz sans pouvoir facilement l’acheminer vers les consommateurs.
La conjonction de ces deux facteurs explique probablement le rapprochement entre la France et le Qatar, ainsi que le relâchement du blocus Iranien.
Des deux cotés, l’objectif est de construire un gazoduc partant du Qatar, pour déboucher en Europe dans les Balkans.
Mais pour atteindre l’Europe depuis le Qatar et l’Arabie Saoudite, il faut traverser l’Irak ou la Syrie.
En 2009, l’Irak en guerre, et ayant une forte communauté chiite sous influence iranienne, est jugé peu fiable pour y construire un gazoduc.
Les Qataris et les Saoudiens (sunnites) ont alors proposé à Bachar El Assad de faire passer ce gazoduc par la Syrie.
Or, la Russie, son puissant allié militaire, lui a demandé de refuser ce transit.
Ce nouveau gaz abondant risque de la priver de son arme stratégique de pression sur l’Europe.
En 2011, le Qatar et l’Arabie Saoudite consacrèrent alors quelques milliards de dollars à la création de milices comme Al Nosra (branche d’Al Qaïda en Syrie) pour engager un conflit dans l’espoir de destituer Assad.
La seule obligation du pouvoir appelé à lui succéder serait d’autoriser la construction de ce gazoduc. Cette opération se déroula avec la bénédiction des Israéliens qui voyaient d’un bon œil la chute d’Assad.
Ce dernier finance le Hezbollah depuis de nombreuses années pour tirer des roquettes sur leur pays.
Mais contrairement aux attentes, la guerre en Syrie s’enlisa…
En septembre 2013, les États-Unis, la France et le Royaume-Uni décidèrent d’envoyer une flotte de guerre pour appuyer les rebelles syriens afin d’accélérer la chute d’Assad.
Les médias avaient annoncé que la grande attaque par mer était imminente.
Mais la Russie, soutenant toujours la Syrie, s’interposa avec ses navires de guerre entre la côte syrienne et la coalition.
Jusqu’où ne pas aller trop loin pour un gazoduc ?
A l’exception de l’envoi de quelques missiles et de bombes, cette guerre n’eut pas lieu et fut rapidement oubliée.
La vengeance de l’occident sur la Russie intervint quelques mois plus tard, en Ukraine.
Une révolution fut organisée par les services secrets européens et américains pour faire basculer l’Ukraine du coté occidental.
La Russie a réagi en utilisant le sentiment pro-russe d’une partie de l’Ukraine pour enclencher une guerre civile et, en même temps, pour récupérer la Crimée.
Un avion de ligne abattu (par erreur ?) dans le ciel ukrainien a légitimé la mise en place, par l’Europe, de sanctions économiques contre la Russie qui, malgré tout, a continué à lui vendre son gaz.
Pendant ce temps, en Syrie, Al Nosra avait accouché d’un monstre : l’État Islamique.
Les espoirs des occidentaux de faire croire qu’ils soutenaient le « bien » et la défense des droits de l’homme ont été ruinés par les comportements extrémistes de ces organisations totalitaires.
La Russie s’oppose à ce gazoduc par l’intermédiaire de Bachar Al Assad afin ne pas diminuer ses revenus tirés de la vente de son propre gaz, et pour ne pas affaiblir sa position stratégique de fournisseur principal de l’Europe.
Puisque ni l’Europe, ni les pays du Golfe ne peuvent s’attaquer directement à la Russie, Bachar Al Assad est donc devenu « l’homme à abattre », à moins de négocier avec… Poutine.
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