Le 14/12/2016
Marie Delarue
Il a beau crier partout qu’il veut « rassembler », personne ne semble prêt à lui donner les clés du coffre de Solferino.
C’est sûr, entre un Macron qui lévite et s’arrache les cordes vocales devant 15.000 personnes rassemblées à Paris et un Valls qui tient meeting entre deux parties de Loto dans une salle polyvalente au fond du Jura, la comparaison n’est pas flatteuse pour l’ex-Premier ministre.
C’est que l’un a eu le temps de mûrir en douce son projet quand l’autre a attendu que le culbuto Hollande penche enfin du bon côté pour pouvoir se lancer.
Résultat, voilà Manuel Valls confronté brutalement à la dure loi du déclassement économique… Bienvenue à l’entrée du monde réel !
Le petit caporal droit dans ses bottes a démissionné de Matignon.
« Les Français n’auraient, à juste titre, pas compris qu’une ambiguïté s’installe et qu’une suspicion de mélange des genres puisse naître », a dit son successeur à la mairie d’Evry.
C’est honnête.
Quatre jours après – délai de décence oblige – voilà Manuel Valls lancé dans l’aventure sans équipe, sans vraiment de soutiens, sans programme, sans agenda et surtout sans cet indispensable nerf de la guerre : le POGNON !
Alors, il a beau crier partout qu’il veut « rassembler », personne dans l’entourage socialiste ne semble prêt à lui donner les clés du coffre de Solférino.
Son slogan – « Faire gagner tout ce qui nous rassemble » – a été bricolé vite fait (notez bien, même griffonné sur un coin de table, faire aussi tarte demande beaucoup de talent).
Idem pour l’assemblée bigarrée rassemblée autour de lui lors de sa déclaration de candidature à Evry.
« SA » ville.
On a entendu sur une radio les adhérents du PS convoqués en hâte pour faire nombre : ils sont restés à la porte.
Furieux de n’être pas sur la photo pour avoir dû céder leur place à « la diversité », nombre d’entre eux sont rentrés à la maison.
Mauvais début…
Après, forcément, ça c’est encore gâté.
Comme le rapporte Le Figaro, désormais « il se déplace en seconde classe, se loge dans des hôtels de milieu de gamme, et rémunère ses équipes puisque la plupart des membres seraient bénévoles ». C’est dur, la vie !
Et même si Manuel Valls assure que « la page se tourne très vite. C’est une autre vie, ce n’est pas un drame », le même Francis Chouart, maire d’Evry, concède que « C’est un changement brutal auquel il s’était certes préparé dans sa tête, mais qui impacte quand même fortement son quotidien. »
Là on se dit que ça ne pas pouvoir durer longtemps…
Notre Suisso-Catalan espère, paraît-il, lever plusieurs centaines de milliers d’euros.
Pas gagné !
D’autant qu’un Peillon – le « candidat de l’éthique politique » (sic), « au cœur du cœur de la gauche » – vient d’arriver dans le paysage, histoire de lui couper les jarrets.
Encore un peu et tous ceux-là vont venir sonner à la porte entre le calendrier des éboueurs et celui des pompiers…
Mais tout n’est pas si sombre pour l’ancien Premier ministre en voie de précarisation.
Dans sa traversée aride vers l’oasis du rassemblement, il vient de recevoir un soutien de poids : Najat Vallaud-Belkacem.
Le regard soudain plein d’admiration pour celui avec qui elle s’est maintes fois accrochée, la ministre de l’Education a tout à coup pour lui les yeux de Chimène (pas Badi, l’autre, celle de Corneille) :
« Seul un candidat me semble avoir l’expérience de l’État, forgée dans l’épreuve, qui permet de construire et de porter un projet dans lequel nous pourrons nous retrouver lorsqu’il faudra mener ensemble la campagne présidentielle, puis gouverner : Manuel Valls. »
Quant à leurs petites “chicaillas”, c’est du passé : « La campagne qui s’ouvre permettra de lever les malentendus, de dépasser ces désaccords », qu’elle dit. Najat « n’est pas une intellectuelle », comme le susurrait Hollande à ses confesseurs du Monde, mais c’est une ambitieuse.
Très ambitieuse même.
Quant à Macron – lévitation oblige – le voilà affublé de Ségolène royal.
Du coup, on ne sait, de Valls ou de lui, qui est le plus à plaindre…
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