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jeudi 22 décembre 2016

Martyre d’Alep: «les terroristes ne traitent pas les femmes comme des êtres humains»

 Le 22/12/2016







21.12.2016(mis à jour 19:57 21.12.2016)

Le visage couvert d’un voile, une habitante d’Alep-Est raconte à Sputnik la descente aux enfers qu’elle et de nombreuses autres femmes ont connue alors que la ville était aux mains des terroristes.
 
« De quoi suis-je coupable ? »
C'est par cette question que la jeune habitante d'Alep-Est commence son histoire effrayante.
Elle est parvenue à quitter la ville pendant l'évacuation, mais les terribles souvenirs la hantent toujours : les femmes ont beaucoup souffert lorsqu'Alep-Est était sous contrôle des terroristes.
Il ne s'agit pas seulement de la famine que tous les habitants ont subie.
Meurtres, viols, mariages forcés : les femmes d'Alep en ont vu de toutes les couleurs.
Et si une d'entre elles s'insurgeait, elle a été lapidée.
« Si une femme voulait épouser un homme qui n'appartenait pas à l'organisation terroriste, on la battait, la jetait dans une fosse ou en prison.
On pouvait la lapider ou décapiter », raconte l'interlocutrice de Sputnik.
 Pendant les années de siège, les terroristes faisaient la loi dans la ville.
Sans forme de procès, ils exécutaient ceux qu'ils soupçonnaient de crimes.
On montait le criminel présumé aux étages supérieurs d'un bâtiment et on le jetait depuis le toit.
 « S'il survivait, on le jetait encore, jusqu'à ce mort s'ensuive », poursuit la femme.
 « Nous ne pouvions pas vivre une vie normale, confie-t-elle, les femmes avaient l'interdiction de travailler ».
Dès qu'une femme plaisait à un terroriste, ils concluaient rapidement un mariage musulman (nikah). Il arrivait que des unions de ce type ne durent que quelques heures et qu'une fois enceinte, la femme se retrouve à la rue.
« Elle accouche d'un enfant dont le père est un terroriste. Mais s'il est interdit de travailler, comment le nourrir? Tout le monde sait d'où vient cet enfant. Comment vivre? », s'interroge l'habitante d'Alep. « On nous intimidait. Une voiture passe près de vous, une fenêtre s'ouvre et vous voyez une main qui tient par les cheveux la tête coupée d'une femme », poursuit-elle.
La jeune femme n'a que 21 ans, mais l'histoire de sa vie dans la ville assiégée rappelle elle un film d'horreur.
Les terroristes ont tué son mari d'une balle dans la tête et emporté son corps en Turquie.
 « Ils ont extrait les organes et me l'ont rendu après. Le corps sans organes avait été mis dans un sac. Le corps avait été cousu comme un sac », raconte l'interlocutrice.
Quant à son fils, les terroristes l'ont enlevé en affirmant que l'enfant n'appartenait qu'à eux.
 Pour la dernière fois, l'habitante d'Alep l'a vu il y a deux ans.
Sa sœur a vécu la même histoire.
                      
Il y a quelque temps, une bonbonne de gaz a explosé dans sa maison.
 Elle est alors allée voir un médecin, mais celui-ci a refusé de l'examiner et de l'aider prétextant que c'était un péché.
Les brûlures ont cicatrisé sans traitement, et maintenant l'ensemble du corps de la femme est couvert de marques visibles.
« C'est à cause du terrorisme que j'ai des mains comme ça », dit-elle.
 
« J'ai 21 ans, je voudrais vivre et fonder ma famille, mais je suis tellement défigurée. Excusez-moi, les mots me manquent. »


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