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dimanche 6 novembre 2016

Poisson : l’intrus de la bande

 
 
 

Le 06/11/2016

 
 
Jean-Frédéric Poisson a été moins en vue dans le deuxième débat de la primaire de la droite et du centre que dans le premier.
 
Jean-Frédéric Poisson a été moins en vue dans le deuxième débat de la primaire de la droite et du centre que dans le premier, malgré un format favorable qui lui laissait la possibilité de donner ses avis et ses opinions sur la France, l’Europe et le monde.
 Malgré deux attaques d’envergure dans ses premières interventions, contre l’Union européenne et pour le retour de la souveraineté, les journalistes n’ont pas voulu épiloguer sur le sujet, sans doute pour éviter une mise en porte-à-faux fâcheuse des autres candidats !
Jean-Frédéric Poisson se plaint d’avoir été « l’intrus de la bande » et que les journalistes roulaient pour Juppé lors de ce débat.
Il n’a pas tout à fait tort : les questions qui lui étaient adressées avaient pour but de le rapprocher du FN afin d’établir cette fameuse proximité idéologique permettant de détruire médiatiquement le candidat.
Jean-Frédéric – oui, parce que tout le monde s’appelle par son petit nom : Nicolas, Nathalie, François, Bruno – enfonce pourtant des portes ouvertes : il représente une vieille branche de la droite, celle du bon père de famille, de l’homme de droite à l’ancienne, qui vote et vit à droite pour défendre la famille, les traditions et le mariage.
Contrairement à ses concurrents – avec, peut-être, un bémol pour Fillon – qui, eux, représentent le libéralisme, une forme de bourgeoisie opportuniste, plus portée par le progrès que par l’Histoire, où l’individu est roi et la famille une option.
On peut y déceler d’autres nuances plus fines : Jean-Frédéric Poisson, c’est toute la tempérance du catholicisme dans sa façon de penser, mettant, par exemple, l’économie au service de l’homme et non le contraire.
C’est d’ailleurs un des seuls à parler d’enracinement de l’être humain (notamment dans et par le travail), tandis que les autres ne jurent que par les flux et la croissance, capitaux et mondialisation, investissement et attractivité, consommation et activité économique.
Du reste, ce genre de positionnement se retrouve également dans les paroles : les mots croissance, dynamisme, économie numérique, développement, retard économique, choc fiscal faisaient partie du champ lexical de ses adversaires… pas du sien !
 
Pour résumer, et en forçant le trait, cela ne nous évoque-t-il pas la sublime tirade des Grandes Familles, le film tiré du roman de Maurice Druon avec, dans le rôle de Schoudler, Poisson, et dans le rôle de Maublanc (qui a la parole), au hasard, Sarkozy : « Nous avons de l’argent tous les deux.
Toi, tu représentes le patronat, moi le capitalisme. Nous votons à droite. Toi, c’est pour préserver la famille, moi, c’est pour écraser l’ouvrier. Dix couples chez toi, c’est une réception… Chez moi, c’est une partouze ! »
 Je crois que l’on tient là l’essence même de ce pourquoi il n’avait rien à faire là, tous les Maublanc autour de lui détestent le Schoudler qu’il est !
 
Alors oui, ce philosophe-politicien était bien l’intrus de la bande.
 Déjà, il est le seul chez qui l’on sent une réflexion philosophique derrière la vision qu’il propose pour notre pays.
 Les autres se cherchant et se taquinant avec des petites phrases de couloir, il n’avait vraiment pas grand-chose à faire ici.
 Ce qui est paradoxal, c’est qu’il aurait pu en profiter pour s’affirmer et affirmer sa vision.
 
 Je suppose que, si lui n’a pas été excellentissime, les Français avaient surtout envie de voir des élèves se battre dans la cour de récréation comme des chiffonniers plutôt que d’écouter un professeur intelligent parler.
 
Comme quoi, chassez le naturel, il revient au grand galop…


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