Le 11/11/2016
Les infirmières n’ont pas de chance : leur manifestation tombe au même moment que le délire médiatique à propos des élections américaines.
Pourront-elles faire entendre leur voix malgré tout ?
Va-t-on, enfin, les écouter ?
Ce serait souhaitable car la profession d’infirmière (ou d’infirmier, bien sûr) est vraiment maltraitée depuis des années.
Ne pouvant pas arrêter leur travail sans faillir à leur engagement, elles ne risquent pas de déranger la société comme une grève des aiguilleurs du ciel ou des conducteurs de la SNCF.
Le pouvoir joue sur leur conscience professionnelle pour, chaque fois, n’accorder que des miettes à leurs revendications.
Pourtant, les raisons de se plaindre sont multiples.
Mal payées, en sous-effectif, elles assument cependant avec une conscience professionnelle sans reproche les soins auprès des malades.
Au niveau hospitalier, ce sont les problème d’effectifs qui rendent l’exercice de la profession difficile.
On sait recruter des administratifs à tour de bras, créer des échelons supplémentaires qui viennent plus entraver la bonne marche des services que l’améliorer, mais on lésine à embaucher ceux et celles qui participent véritablement aux soins.
Lors de la mise en place des 35 heures dans les services hospitaliers, on leur a demandé de faire en 35 heures ce qu’elles faisaient avant en 39, sans créer de postes supplémentaires (ou si peu) ; et elles l’ont fait, car il est inconcevable qu’elles puissent laisser sans soins un malade sous prétexte que leurs horaires sont terminés, et en plus, bien souvent, on ne remplace pas le personnel malade ou en congé.
L’infirmière n’a plus le temps de s’attarder avec le malade.
Celui-ci peut mal le comprendre et lui témoigner une certaine agressivité, qui s’ajoute parfois à celle des médecins mécontents dont les prescriptions n’auront pas été scrupuleusement suivies faute de temps.
Si l’on ajoute à cela les tâches administratives qui, depuis quelques années, ne font que s’amplifier (et des horaires difficilement compatibles avec une vie de famille), on aura une idée des difficultés qu’éprouve une infirmière pour continuer à bien faire son travail en milieu hospitalier.
En milieu libéral, les infirmières se lèvent tôt et finissent tard.
Elles sont obligées de faire des actes qui ne relèvent pas vraiment de leurs compétences, tels que les toilettes, pour pouvoir boucler leurs fins de mois car les actes techniques sont notablement sous-cotés.
La profession d’infirmière, qu’on choisit par goût, par désir d’aider et de soigner, est une profession qui a des revendications légitimes.
Les infirmières sont sous-payées, en sous-effectif, effectuent un travail difficile et ingrat mais qu’elles aiment, et c’est précisément cette conscience professionnelle qui fait leur faiblesse, car on sait qu’elles n’iront jamais jusqu’à une grève des soins.
Alors, souhaitons que, malgré le brouhaha médiatique électoral, elles puissent enfin, pour une fois, être entendues.
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