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mercredi 2 novembre 2016

L’éviction des militaires

 


Le 02/11/2016
Général Jean-Marie Belmer

 
On assiste à une manœuvre rapide de Grand Remplacement.

Le seul domaine dans lequel François Hollande peut se vanter d’avoir connu quelques réussites est celui des opérations militaires.
 Est-ce pour autant qu’il a bien traité les armées après la trop dure saignée que Nicolas Sarkozy leur avait infligée à la hache ?
Eh bien, non !
Au contraire, elles n’ont jamais connu un tel travail de sape que sous la houlette de Jean-Yves Le Drian, ministre dont l’excellente communication laisse à penser qu’il a défendu leurs intérêts et bénéficie de leur part d’une certaine reconnaissance.
En réalité, comme une grande majorité de la classe dirigeante de tous bords, non content de tirer les dividendes d’une improbable paix, il n’a de cesse de raccourcir la laisse au bout de laquelle il tient les militaires, les évinçant de nombreux postes et visant à les maintenir à l’écart du cercle décisionnel.
La politique suivie en matière de ressources humaines par le ministère de la Défense le révèle sans ambiguïté.
Le Drian estime qu’il est nécessaire de mener une politique volontariste de rééquilibrage des effectifs pour atteindre 25 % de personnel civil au sein de son ministère.
Sarkozienne au départ, l’idée de remplacer des soldats par des civils dans un ministère dont la raison d’être est la défense du pays avait fait bondir dans les casernes, tant elle paraissait saugrenue.

Malgré tout, l’actuel gouvernement a lancé des études pour mettre en évidence les familles professionnelles pouvant être « civilianisées » (ce barbarisme est le terme consacré).
L’idée directrice est simple : tout poste militaire ne pouvant être justifié par des raisons purement opérationnelles devrait être occupé par un civil.
En d’autres termes – et c’est un comble -, il a été demandé au militaire de justifier sa place au sein de son propre ministère.
L’administration centrale et les soutiens ont été « civilianisés » à marche forcée.
3800 officiers supérieurs, bien au fait des besoins militaires, ont ainsi été remplacés par 3.500 cadres civils de « catégorie A », certes de grande valeur, mais dont les réflexions et les décisions ne sont sous-tendues par aucune expérience des contraintes opérationnelles.
D’ores et déjà, un quart des postes de conception sont tenus par des civils.
 De telles mesures ont, évidemment, un impact majeur sur la population des officiers, les postes qu’ils auraient pu utilement tenir dans la deuxième partie de leur carrière étant occupés.
D’ailleurs – fait nouveau aujourd’hui -, un tiers des jeunes saint-cyriens ont quitté l’armée après 15 ans de service.
On assiste à une manœuvre rapide de Grand Remplacement.
Mise en avant, la raison économique ne résiste pas à l’examen.

En effet, sur le territoire national, le coût total du personnel civil est 35 % plus élevé que la part qu’il occupe dans les effectifs du ministère.
Le militaire ne coûte cher que dans les opérations extérieures où le politique l’engage.
 Faudrait-il le lui reprocher ?

Les relents d’idéologie, ravivés après 68, nourris au rejet de l’autorité, au mépris de l’uniforme mêlé d’une certaine crainte, ne seraient-ils pas à l’origine de ce travail rampant de minage de l’institution militaire ?

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