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mercredi 30 novembre 2016

Au Maroc, des cours de maquillage pour les femmes battues !

Le 30/11/2016



Nos différences nous enrichissent. Pour certaines d’entre elles, il est permis d’en douter…

Au royaume du Maroc, pays proche de la France et dont le roi s’est toujours dit notre ami, la modernité semble prendre le pas sur les archaïsmes d’une société traditionnelle africaine.
 Le Maroc se développe, construit des autoroutes, adopte des lois qui semblent parfois la copie conforme des nôtres.
 La Constitution du royaume est d’ailleurs assez démocratique, et comporte quelques passages que ne renieraient pas les Occidentaux.
Son article 19 dispose, notamment, que « l’homme et la femme jouissent, à égalité, des droits et libertés à caractère civil, politique, économique, social, culturel et environnemental […]. L’Etat marocain œuvre à la réalisation de la parité entre les hommes et les femmes. »
Tout cela est bien intéressant.
 Sauf que, dans la pratique, la société marocaine est profondément musulmane – et la même Constitution, plus cohérente que la nôtre, rappelle que l’islam est la religion de l’État.
 Et, parmi les us et coutumes islamiques, figure l’infériorité de la femme, dont Philippe de Villiers nous rappelle que le Coran la considère comme valant la moitié d’un homme.
C’est sans doute la raison pour laquelle la chaîne de télévision M2 a diffusé un stupéfiant reportage destiné à « montrer le type de maquillage à utiliser quand une femme est battue ».
Vous avez bien lu.
Cette séquence s’inscrit tout naturellement dans le cadre de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.

On croit rêver…
Ainsi, la femme marocaine a pu découvrir comment masquer, à l’aide d’un maquillage approprié, les traces de coups au visage.
 Le but de cet exercice pédagogique était, selon la chaîne, de donner « des solutions aux femmes qui ont besoin de ces conseils, afin qu’elles puissent elles aussi continuer à vivre et se rendre à leur travail ».
 Rien de moins.
Mise en ligne, cette émission a provoqué de telles réactions d’indignation que la chaîne l’a retirée et a présenté ses excuses.
 Et c’est là qu’on constate le profond hiatus entre une société qui aspire à la modernité et l’obscurantisme d’une culture enracinée dans des certitudes d’un autre âge.

Selon une enquête du gouvernement datant de 2009, les deux tiers des femmes marocaines auraient subi violences physiques, psychologiques, sexuelles ou économiques.
 Culture musulmane d’un côté, aspiration au respect élémentaire de la dignité de la personne de l’autre, c’est sans doute la complexité d’une société qui reste, à bien des égards, impénétrables à nos esprits pétris de christianisme.

Rappelons aux pisse-froid et autres moralistes de comptoir que les violences exercées contre les femmes dans les sociétés chrétiennes sont commises en dépit de nos traditions…
 Que le christianisme a donné la première place à une humble jeune fille de Nazareth.
Et que c’est bien l’Occident médiéval qui, dès le XIe siècle, tout en inventant l’amour courtois, donnait aux femmes des responsabilités politiques majeures.
Anne de Kiev, Blanche de Castille, Anne de Beaujeu qui furent régentes en leur temps témoignent, pour l’Histoire, de la permanence d’un principe qui, en dépit des tardives réticences bourgeoises et républicaines, est inscrit dans notre civilisation.

Comme disent les admirateurs béats du multiculturalisme, nos différences nous enrichissent.

Pour certaines d’entre elles, il est permis d’en douter…


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