Le 01/10/2016
Marie Delarue
C’est l’histoire de « l’hymne de campagne » du président-candidat
Micro-débat ce vendredi matin sur RTL (5 minutes chrono !) entre Alain Duhamel et Éric Zemmour. Thème du jour : la « trumpisation » des esprits, et particulièrement de l’atmosphère de la campagne électorale qui débute.
Pour l’homme au gilet marron, la trumpisation, c’est le populisme.
Un vilain mot pour de vilaines pensées qui, dit-il, sont exclusivement incarnées, chez nous, par Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan.
Et lorsque Éric Zemmour lui demande de préciser ce qui définit les populistes, Duhamel répond : « le mensonge ».
Voilà, c’est dit : les Hollande, Cahuzac, Sarkozy et compagnie ne mentent pas.
Juste Le Pen et Dupont-Aignan.
Et on peut le croire, Duhamel, hein ?
La preuve : il est membre de l’Académie des sciences morales et politiques.
Pourtant, le reportage d’Élise Lucet dans son premier numéro d’« Envoyé spécial » (France 2) nous a offert, jeudi soir, un grand moment de vérité.
J’entends par là un gros coup de projecteur sur les mensonges de l’UMP et du clan Sarkozy lors de la campagne de 2012.
Confessions de monsieur Bygmalion (Franck Attal), détail des fausses factures et… vérification des sommes réellement déboursées auprès des fournisseurs.
Au milieu de tout cela, une pépite.
C’est l’histoire de « l’hymne de campagne » du président-candidat.
L’auteur de ce grand moment de pompiérisme intitulé « Course pour la victoire » est Laurent Ferlet. Excellent musicien, concertiste, compositeur renommé pour ses musiques de film – mais il est vrai que les meetings de Sarko, c’était du grand cinéma – , Ferlet est un ami de Carla Bruni.
C’est à sa demande qu’il aurait accepté la commande de la bande-son pour l’entrée en scène du gladiateur à talonnettes.
Pas vraiment son truc, lui qui aime mêler musique savante et musiques du monde… mais Ferlet est un bon pro.
Il suit le cahier des charges.
Ça commence par une cellule rythmique lancinante, martelée sur son piano.
Devant la caméra d’« Envoyé spécial », il explique : « Un peu comme le début de Johnny Hallyday. À la fin, le thème passe en majeur quand il [Nicolas Sarkozy] arrive sur le podium. »
Mineur-majeur, vous suivez ?
La tonalité triste et puis, tout à coup, l’éclaircie, le soleil…
Passage de l’ombre à la lumière, comme disait Lang.
L’arrivée du messie.
« Il voulait un mélange de la progression du Boléro de Ravel, de la grandiloquence, du côté solennel de Wagner.
Il fallait une musique épique d’aventure », explique Ferlet.
On lui repasse alors la bande-son.
Cinq ans qu’il ne l’avait pas entendue.
Et là, il n’en croit pas ses oreilles : « Ça fait mastoc. Ouais, je trouve ça too much. C’était en rapport avec la taille des meetings. »
Au bout du compte, de fait, c’est un mix de Ben-Hur et de la chevauchée des Walkyries.
On comprend que le monsieur n’est pas plus fier que cela et que ce n’est pas, dans son œuvre, ce qu’il aimerait voir passer à la postérité.
Au moins, se dit-on, cela aura nourri quelques musiciens.
Des musiciens français, bien sûr ?
Ah non. Des Bulgares. La chose a été enregistrée à Sofia.
Et combien, pour cette boursouflure sonore ?
« Rien, gratos ! Cadeau ! » a juré Nicolas Sarkozy aux fouineurs qui l’auditionnaient sur ses comptes truqués.
L’équipe de campagne a pourtant déclaré la prestation, dans ses factures, pour la coquette somme de 43.000 euros, dit le journaliste.
Laurent Ferlet de lever alors des yeux ahuris : « Je ne me souviens pas du montant exact, mais je peux vous assurer que c’était beaucoup plus que ça ! »
Après vérification, il annonce, rigolard, le montant réel de la facture : 86.000 euros.
C’est 6,25 années de SMIC net pour nous jouer du pipeau.
Mais, comme dit Alain Duhamel, il n’y a que Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan qui mentent aux électeurs.
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