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mercredi 26 octobre 2016

De quoi Copé et son pain au chocolat sont-ils le signe ?

 


Le 26/10/2016


Comme chantait Brel : cessez donc vos singeries, nous ne sommes pas dupes !

Nicolas Sarkozy, on le sait, s’empiffre de chocolats et de chouquettes.
Connaît-il le prix de cette douceur qu’il avale compulsivement ?
 Interrogé, lundi après-midi, dans « C à vous », il a répondu à peu près juste, mais sans doute avait-il été fermement chapitré par son entourage, histoire de ne pas reproduire la gaffe de son meilleur ennemi.
En effet, le matin même, sur Europe 1, Jean-François Copé s’étouffait dans le pain au chocolat.
À la question du prix, il répond à tout hasard : « 10-15 centimes d’euros ? » et déclenche l’hilarité générale.
Un rire jaune-acide, qui vient conforter l’image désastreuse des politiques dans l’opinion : ils sont totalement déconnectés des réalités.
« Hors-sol », comme on dit aujourd’hui.
Pourtant, Copé avait entamé sa campagne des primaires par une tournée de « proximité ».
 Voilà ce qu’il disait au moment du départ en juillet dernier :
« Outre les habituelles plages où, par réflexe, les politiques se rendent l’été, la Caravane du sursaut aura à cœur de parcourir cette France périphérique, faite de territoires ruraux et périurbains, lieux dans lesquels les Français se sentent souvent abandonnés par les responsables politiques bien trop éloignés de leur réalité quotidienne. »
Tout cela pour s’étaler sur un pain au chocolat !
On le sait tous, hélas : la proximité n’est qu’une variation rhétorique sur un air de pipeau, et rares sont les politiques qui ne tombent pas dans le panneau.
On se souvient de Mitterrand piégeant Giscard d’Estaing sur le prix de la baguette lors d’un débat télévisé, en 1981.
 Un piège concocté, assurément, par ses « communicants » puisque le même Mitterrand, une fois élu, se vantait d’ignorer le fonctionnement d’une carte bancaire, n’ayant jamais approché un distributeur de billets, vu qu’il n’en sortait aucun de sa poche !
Comme son fidèle Jack Lang, lui aussi réputé pour ne jamais rien débourser.
Lionel Jospin eut, lui aussi, maille à partir avec le pain.
 De seigle.
Surévalué en ce qui le concerne : 7 euros !
 Mais peut-être faisait-il ses courses chez Fauchon ?
On rappelait, ce matin, que Barack Obama avait, lui aussi, plongé lors de sa campagne en 2008, se piégeant tout seul, qui plus est, comme le rapportait BFM :
« Alors qu’il rencontrait des fermiers dans l’Iowa, il s’était plaint de la hausse du prix de la roquette à Whole Foods, une chaîne de supermarchés bio et bobos. De la roquette ? Son auditoire n’en avait jamais consommé, pas plus qu’il n’avait mis les pieds chez Whole Foods, dont le premier magasin se situait à des centaines de kilomètres. »
Autre piège où tombent régulièrement nos politiques : les transports. Le métro en particulier.
Ainsi, Édouard Balladur en 1993. Premier ministre, il s’offre une descente dans le métro et le RER et y fait alors une découverte d’importance : « Il fait chaud ! »

Vingt ans plus tard, c’est Nathalie Kosciusko-Morizet qui se prend les pieds dans le portillon. En février 2012, on demande à celle qui est alors ministre des Transports de Nicolas Sarkozy quel est le prix du ticket de métro.
Réponse : 4 euros.
 Il vaut aujourd’hui 1,90 euro à l’unité, et 1,45 par carnet de 10…
Justification de l’intéressée : elle a « le métro gratuit ».

Qu’importe, NKM tente de rattraper le coup l’année suivante, alors qu’elle est en campagne pour les municipales à Paris.
Dans une interview mémorable au magazine Elle, elle explique être une usagère régulière des lignes 8 et 13, et vante le métro, ce « lieu de charme, à la fois anonyme et familier » ou elle fait « des rencontres incroyables » et vit « des moments de grâce ».
Côté XVIe, sans doute, mais sûrement pas côté Saint-Denis ou Créteil !

Pour se rattraper, la candidate à la mairie de Paris se met au Vélib’ et pose dans Paris Match sur sa nouvelle monture :
« Nathalie Kosciusko-Morizet, fervente utilisatrice de Vélib’, sillonne Paris pour aller à la rencontre des Parisiens. »
Où ça ?
Au feu rouge, dans les couloirs de bus ?

Alors, conseil aux politiques « qu’aimeraient bien avoir l’air, mais qu’ont pas l’air du tout », comme chantait Brel : cessez donc vos singeries, nous ne sommes pas dupes !


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