Le 25/10/2016
Gabriel Robin
Des propos que les principaux concernés apprécieront à leur juste valeur.
Alain Juppé a connu un parcours politique long et sinueux.
À plusieurs reprises, l’homme a connu des traversées du désert.
Sacrifié deux fois par Jacques Chirac, « le meilleur d’entre eux » s’était aussi fait virer manu militari du gouvernement Fillon en 2007, un mois seulement après son arrivée, parce qu’il avait perdu ses législatives en Gironde.
Ayant de la ressource, le maire de Bordeaux parvint à revenir dans les petits papiers de Nicolas Sarkozy en 2010, lequel avait besoin de son image modérée pour la campagne présidentielle de 2012. La suite, vous la connaissez tous.
Nicolas Sarkozy a échoué à se faire réélire, perdant contre François Hollande.
Quant à Alain Juppé, il a su profiter de la défaite pour revêtir les atours d’homme providentiel des déçus du sarkozysme de l’opposition.
En revanche, nous ignorions jusqu’alors les coulisses du retour du morne Alain Juppé.
Si l’homme paraît très lisse lors de ses allocutions publiques, il est beaucoup plus tranchant en privé, comme le rapporte la journaliste Anna Cabana, chef du service politique du Journal du dimanche, dans un livre qui sortira mercredi 26 octobre, Un fantasme nommé Juppé.
Dépeint en froid calculateur, Alain Juppé s’est longtemps fait désirer avant d’accéder à la demande de Nicolas Sarkozy, qui doit aujourd’hui s’en mordre les doigts.
Connaissant sa valeur marchande, le Bordelais a tout fait pour occuper une position qui ne pourrait pas lui faire trop de tort :
« Je ne suis pas sûr d’avoir envie de monter à bord du Titanic. Si tu te plantes à la présidentielle, j’aurais brûlé tous mes vaisseaux ».Dévoilant un aspect plus méconnu de sa personnalité, Alain Juppé aurait même déclaré :
« Je ne veux pas de l’Intérieur, je n’aime pas les flics. Pas la justice. Je déteste les juges. »Des propos que les principaux concernés apprécieront à leur juste valeur, notamment les « flics » actuellement confrontés à cette racaille qu’Alain Juppé tente de séduire par tous les moyens.
L’inventeur du concept creux de « l’identité heureuse » se rendra, d’ailleurs, prochainement sur la dalle d’Argenteuil…
Sous l’apparente bonhomie du notable de province se cache un politicien machiavélique, infiniment plus intéressé par son sort personnel que par le destin de la France qu’il croit condamnée à se transformer en un gloubi-boulga postmoderne à la manière canadienne.
Preuve en est qu’il n’a toujours pas daigné révéler les grandes réformes de son programme, évitant sciemment les sujets qui fâchent.
Un comportement dans le droit fil de ses questionnements de 2010.
Lâche, Juppé refusait alors Bercy de peur de « prendre des coups » et l’écologie, thématique dont il s’était pourtant opportunément emparé quelques années auparavant, au prétexte que l’élan était passé et que l’opinion s’en fichait…
L’homme du renouveau est un homme du passé.
Il ne sera qu’un François Hollande de centre droit, selon le mot excellent de Jean d’Ormesson.
Espérons que les Français comprennent que l’habit ne fait pas le moine…
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