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vendredi 12 août 2016

La politique migratoire à la française ? Un voyage en absurdie

 
  
     
Le 12/08/2016


 C’est absurde, c’est inhumain, c’est surtout sans lendemain. C’est simplement à l’image de la lâcheté des politiques.
 
Ce vendredi, le tribunal administratif de Lille doit rendre sa décision sur l’affaire jugée en référé voilà deux jours.
 Mercredi, la préfète du Pas-de-Calais assignait les « lieux de vente illégaux » de la jungle de Calais. Des lieux pour la plupart fermés depuis l’opération policière du 19 juillet.
Ce sont des baraquements, des commerces de la misère.
 Comme l’écrit Libération: « Finies, les baraques où on se réchauffait du vent et de la pluie avec un thé à 50 centimes et un plat de haricots et d’épinards à 3 euros, à côté de jeunes Afghans ou Iraniens avec qui on bavardait. »
Un point pour recharger le téléphone qui relie au pays, un coiffeur de fortune, une douche, une brique de lait pour les gosses, une cigarette…
Mais la loi est la loi et le représentant de l’État, monsieur Desplanques, s’indigne des manquements aux normes.
Ah, les normes…
Il énumère : « Des rats, pas de sécurité incendie, nourriture avariée, pas de permis de construire, pas d’impôts payés… »
 Pour un peu, il les accuserait de faire concurrence aux hôtels de la côte.
On en rirait tellement c’est bête.
La France, le gouvernement, l’État et ses représentants, les préfets sont eux aussi des errants. Incapables de définir une politique cohérente et de s’y tenir, ils voyagent en absurdie et nous baladent avec eux.
 Et si l’on braque les projecteurs sur la jungle de Calais, c’est sans doute le plus spectaculaire mais peut-être pas le plus fou.
À Paris, par exemple, on balade les migrants tout le long du métro aérien.
 Par-dessus, par-dessous : La Chapelle, Stalingrad, Jaurès, Colonel Fabien, La Villette…
Passé le marché aux voleurs qui se tient depuis des décennies à Barbès, la misère et la crasse suivent la ligne.
Parfois, elles s’en écartent le temps de squatter un lycée ou un supermarché en attente de travaux, et puis la ronde reprend : La Villette, Colonel Fabien, Jaurès, Stalingrad, La Chapelle…
La dernière « évacuation » date du 26 juillet.
C’était la vingt-sixième en un an !
Les malheureux continuent leur ronde, traînant leur misère en balluchon dans les quartiers nord de la capitale.
Ce qu’on ne dit pas non plus, et qu’on montre encore moins, ce sont les marchés de grande pauvreté qui fleurissent maintenant au long des boulevards.
 Tous les jours, les trottoirs de ces mêmes quartiers sont transformés en bazar où l’on peut acheter, comme à Calais, une cigarette, une pile usagée, une vieille paire de chaussettes, des chaussures éculées, trois comprimés frelatés…
C’est le rendez-vous des miséreux venus de Syrie, d’Éthiopie, du Soudan, d’Érythrée, de Somalie ou d’Afghanistan.
Ils tournent en rond, poussés par la police d’un carrefour à un square et du square au trottoir, bientôt rejoints par d’autres, européens ceux-là, qui vivaient dans leurs bidonvilles de fortune, sous les ponts du périphérique, et qu’on a dégagés à la pelleteuse.

C’est la ville folle qui tourne en rond, et va tourner plus vite encore jusqu’au printemps des élections.

 C’est absurde, c’est inhumain, c’est surtout sans lendemain.

C’est simplement à l’image de la lâcheté des politiques.

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