Le 06/08/2016
Yannik Chauvin
L’information est passée à peu près inaperçue. Elle constitue pourtant, peut-être, le début d’un séisme.
Elle nous vient du Maroc. Selon l’article 41 de la Constitution actuelle, « le Roi, Amir Al Mouminine [Commandeur des croyants], veille au respect de l’islam. »
C’est assez dire que Mohammed VI, gardien sourcilleux de l’orthodoxie musulmane, n’a pas pour habitude de traiter sa religion par-dessus la djellaba.
D’autant moins que son titre de commandeur des croyants lui est disputé par une autre figure de l’islam, le sinistre Abou Bakr al-Baghdadi, l’égorgeur en chef de Daech.
Selon le site Yabiladi.com, le ministère de l’Éducation nationale marocain s’apprête à supprimer des manuels scolaires de la 3e année de collège la sourate 48, Al Fath ou La Victoire éclatante, jugée trop pro-djihad ; elle sera remplacée par la sourate 59, Al Hashr ou L’Exode.
Cette modification vient après la décision de « débaptiser » la matière « éducation islamique » pour la nommer, désormais, « éducation religieuse ».
Il n’appartient pas au kafir que je suis de disserter sur le contenu des deux sourates en question.
Ce que je retiens, c’est que, au Maroc, les choses bougent.
Certes, on ne va pas jusqu’à déclarer que telle ou telle sourate, tel ou tel verset est « dépassé » ou « inapproprié », comme on dit aujourd’hui, ou « incompatible » avec le monde du XXIe siècle, mais on accepte de considérer que, dans le Coran, tout ne doit pas être mis à la portée des enfants.
En d’autres termes, la parole d’Allah ne doit pas être mise dans toutes les oreilles, et notamment les plus jeunes.
Singulier destin pour une parole que l’on dit divine.
Les décisions marocaines constituent un pas en avant qui réjouit les associations modernistes pour lesquelles il faut purger les manuels scolaires « de tous les contenus déviants et des fausses interprétations » et des « contextes qui portent préjudice à la lecture, aux interprétations des textes et aux instrumentalisations extrémistes du texte religieux ».
Nul doute qu’à l’autre bout du spectre, les milieux conservateurs vont gronder.
Dans le même temps, Daech, les talibans, Boko Haram, Al-Qaïda et ses succursales ramènent le monde 16 siècles en arrière, aux temps sanglants de la conquête musulmane, n’en déplaise au pape François.
Dans le même temps, la Turquie se voile sous Erdoğan.
Et nous, et nous, et nous…
Eh bien, nous, on se prépare à enseigner l’arabe à la maternelle ; l’imam en chef, Dalil Boubakeur, réclame le doublement des mosquées ; on se garde bien d’interdire les publications qui appellent au meurtre ou incitent à la haine – je veux parler de nombreux versets du Coran ; nos politiciens, impuissants, n’arrêtent pas de nous parler de « l’islam de France » comme s’il pouvait exister un particularisme national influant sur la religion musulmane ; et ils continuent de déclarer, contre toute raison, que l’islam, dont l’objectif est l’établissement de théocraties partout où cette religion prend le pouvoir, est compatible avec la démocratie.
Monsieur Valls, citez-moi un exemple, un seul exemple au monde, d’État islamique démocratique.
Observons bien ce que fait le Maroc.
Le salut passe, peut-être, par le royaume chérifien.
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