Le 31/07/2016
Jean-Michel Leost
La gabegie continue. La « République exemplaire » apparaît de plus en plus comme la « République des copains ».
Un ancien leader de la CGT nommé par Matignon à la tête de la future Agence de la langue française : quoi de plus normal ?
Ces recasages sont devenus une sorte de tradition.
En 2013, François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, fut nommé en Conseil des ministres inspecteur général des affaires sociales (IGAS) et chargé de superviser le plan national de lutte contre la pauvreté.
À l’époque, Jean-Claude Mailly déclare que « cela ne donne pas une image d’indépendance syndicale ».
Trois ans plus tard, un secrétaire confédéral de FO est également nommé à l’IGAS.
Avec Thierry Lepaon, la CGT est à son tour servie.
Pas de jaloux dans les trois grandes confédérations, la CFDT apparaissant cependant comme le chouchou des gouvernements.
Ces recasages ne s’expliquent pas seulement par la volonté de récompenser certaines personnalités pour leurs bons et loyaux services.
On peut admettre qu’au cours de leurs mandats, elles aient acquis quelque expérience qui puisse être utile dans d’autres fonctions.
Ce qui est moins compréhensible, c’est que ce soit l’État qui joue l’entremetteur : comme si elles étaient incapables, avec leurs relations et leur carnet d’adresses, de se trouver par elles-mêmes un nouveau job.
Le cas de Thierry Lepaon est particulièrement remarquable.
Il faut reconnaître qu’il s’intéresse depuis plus de vingt ans à la question de l’illettrisme.
Dans un livre publié en septembre 2015, au cas où on l’aurait oublié, il a de nouveau souligné son souhait de s’impliquer dans ce combat.
Il n’est donc pas sans qualification, ce dont on peut se réjouir quand on voit le nombre d’incompétents employés par le gouvernement.
Une porte-parole du parti Les Républicains a dénoncé sur Twitter « un recasage de plus dans la république bananière d’Hollande ».
Juste remarque, sans doute, qui oublie cependant que l’ancienne majorité ne s’abstenait pas de placer ses amis.
C’est fou comme les politiciens deviennent amnésiques quand ça les arrange !
Mieux vaudrait, pour qui veut critiquer cette nomination, constater qu’il existe déjà une Agence nationale contre l’illettrisme et que la nouvelle agence qui, selon Manuel Valls, s’appellerait Agence de la langue française pour la cohésion sociale, semble être un doublon, taillé sur mesure pour Thierry Le Paon.
Il faut dire que l’ancien leader de la CGT était dans une situation de précarité extrême et qu’il était urgent que le gouvernement se penchât sur son cas.
Après le scandale de son appartement de fonction et du coût excessif des travaux de rénovation, il avait dû démissionner et se trouvait sans emploi.
La CGT, en bon patron, continuait de le rémunérer assez grassement.
Il est vrai que, lorsqu’on est très largement subventionné par l’État, on peut se permettre certaines largesses.
Désormais, l’État prend la relève : il deviendra son employeur lorsque la nouvelle agence verra le jour, le 1er janvier 2017.
Pour rassurer les personnels de l’ancienne agence, l’Élysée certifie que son existence « n’est en aucun cas remise en cause par la création de l’Agence de la langue française ».
La gabegie continue.
La « République exemplaire » apparaît de plus en plus comme la « République des copains ».
Pas sûr que l’estime des Français à l’égard de la politique et du syndicalisme en soit rehaussée.
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