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jeudi 16 juin 2016

Dégradations hôpital Necker: lettre ouverte d'Eric Emmanuel Schmitt​ à François Hollande

Publié le 16 Juin 2016


 

Indigné par les actes abjects des casseurs qui ont vandalisé mardi l'hôpital Necker, l'écrivain a adressé au président de la République une lettre ouverte via son compte Facebook, où il dénonce son attentisme face aux «cons» et «crétins».
 
L'auteur du roman épistolaire Oscar et la dame rose a sorti sa plus belle plume et refait vivre à coups de pourquoi et d'indignation, son petit personnage Oscar, un jeune garçon atteint de leucémie, confronté à l'ire incompréhensible de manifestants qui à défaut d'avoir fait fonctionner leur «cerveau» ont usé de leurs poings.
 
 
Cher Président,
Je m’appelle Oscar, j’ai dix ans, je vis à l’hôpital Necker, à Paris, et c’est la première fois que je t’écris parce que, jusque là, à cause de mes études et mon cancer, j’avais pas le temps.
Je t’envoie cette lettre au sujet de mes parents. Ils ne vont pas bien et ça m’inquiète. Déjà que ma leucémie, ça leur avait coupé la chique et qu’ils ont mis vachement longtemps à me reparler normalement, mais maintenant ils paniquent ! Hier, des crétins ont attaqué l’hôpital, ils ont pété les vitres, ils ont tagué les murs, il y avait des débris partout, on aurait dit ma maquette du château de Cendrillon lorsque j’étais tombé dessus. Mes parents, ils ont peur, ils crient qu’on ne respecte plus rien, ni l’enfance, ni la maladie, qu’il n’y a plus rien de sacré, qu’ils s’angoissent davantage pour moi : je ne suis pas en bonne santé et pas non plus en sécurité. Certains des crétins, ont même écrit sur les vitres, pour nous, les enfants : « Ne travaillez jamais ». C’est con, parce que, lorsqu’on est malade, en fait, on a envie de guérir pour retrouver une vie normale, l’école, les copains, tout, quoi. Bon moi, d’accord, je risque de suivre leur conseil, aux crétins, parce que, vu que ma greffe a raté, il n’est pas certain que je vive longtemp
s.
Alors, cher président, je n’écris pas pour moi parce que c’est un peu trop tard mais j’écris pour mes copains et mes parents : qu’est-ce qu’on peut faire contre les cons ? T’es Président, tu dois avoir des lumières.
Moi j’ai pensé à un truc horrible : qu’ils se trouvent un jour dans un hôpital attaqué comme hier alors qu’ils sont malades. Ou pire, que ça arrive à leurs propres enfants.
C’est méchant, je sais. Et puis ça serait peut-être même pas efficace. Parce que s’ils sont assez cons pour ne pas y avoir déjà pensé, c’est qu’ils sont vraiment ramollis du cerveau. Bon, je te donne pas de conseil, t’es président, tu dois savoi
r.
Je compte sur toi. C’est normal que je veuille protéger mes parents, non ?
Bisous, Osca
r.
 

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