Hollande, Cazeneuve : l’indignation sélective

Le 02/05/2016

Yannik Chauvin

  

L’Élysée gronde qu’« aucun acte antireligieux ne doit être toléré ».
 

Une salle de prière musulmane a été incendiée en Corse, à Ajaccio.

 L’origine criminelle est la piste privilégiée.
Il n’en a pas fallu davantage pour que se mettent en route les lamentations officielles habituelles, enrobées de leurs coups de menton.
Le communiqué de l’Élysée est un modèle de platitude, de phrases pour ne rien dire : « Une enquête a été ouverte » : c’est un minimum.
« Elle doit déterminer les causes du sinistre » : c’est le but habituel de toute enquête, non ?
« Si son origine criminelle est confirmée, ses auteurs devront être rapidement identifiés et condamnés. »
Est-ce au président de la République d’étaler de telles banalités ?
 Il a un ministre de l’Intérieur pour cela, non ?
 Qui, du reste, a dit exactement la même chose dans un communiqué identique, au même moment.

Deux petites phrases retiennent pourtant l’attention.
L’Élysée gronde qu’« aucun acte antireligieux ne doit être toléré ».
La place Beauvau rappelle « la détermination du gouvernement à assurer la protection de tous les lieux de culte ».

Messieurs qui avez la responsabilité de la cité, Messieurs qui hurlez au moindre coup de canif dans le pacte civil qui lie les citoyens de ce pays, Messieurs qui faites un credo de la paix religieuse nationale ou de la laïcité – c’est la même chose –, Messieurs qui réagissez comme si l’on versait du vinaigre sur une plaie ouverte dès qu’un lieu de culte musulman est atteint ou un cimetière juif profané – et vous avez raison de le faire –, Messieurs, pourquoi votre mutisme vis-à-vis des catholiques ?

Je ne vous ai pas entendus lorsque l’église de Saint-Vaast, à Lécluse (Nord), a été incendiée.
Même silence lorsque l’église Notre-Dame-du-Mont-Carmel, à Basse-Terre (Guadeloupe), a été l’objet d’un départ de feu d’origine criminelle.

Je ne vous ai pas entendus lorsqu’ont été vandalisées ou profanées les églises de Carhaix-Plouguer (Finistère), de Réthel (Ardennes), de Monserato (Haute-Corse), de Maxey-sur-Meuse (Vosges), de Notre-Dame-de-Compassion (Paris 17e), d’Aubière (Puy-de-Dôme), etc.

Je ne vous ai pas entendus lorsque des tombes chrétiennes ont été profanées à La-Chapelle-du-Bard (Isère).

Je ne vous ai pas entendus lorsque les organisateurs d’une exposition, à Bordeaux, ont détourné à des fins sexuelles des images pieuses, catholiques évidemment (Ha ! Charlie est loin !).

Tous les événements cités ci-dessus ont eu lieu au cours du seul mois d’avril, et pas une seule fois je ne vous ai entendus.
 La somme des actes de ce genre (anticatholiques) au cours du premier trimestre 2016 se monte à 82 – presque un par jour – et je ne vous ai pas entendus, et je ne vous entends toujours pas.

Monsieur Cazeneuve, est-ce ainsi que vous assurez la protection de tous les lieux de culte ?
 Monsieur Hollande, est-ce ainsi que vous ne tolérez pas les actes antireligieux ?

C’est trop facile, cette commisération à sens unique, ces pleurnicheries de borgnes, ces œillères systématiques, ce dédain, finalement, pour une grande majorité de Français qui, pratiquants ou pas, sont chrétiens.

 On peut leur botter le cul à longueur d’année et vous, vous ne bougez pas d’un poil !

 En réalité, vous vous en fichez !

 Venez, après cela, nous parler de moralité publique !

Mon mépris pour ce genre de comportement va croissant.