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mardi 17 mai 2016

De Ian Brossat au White Flight : la fin des quartiers populaires en Europe ?

  
           

Le 17/05/2016


Selon Michèle Tribalat, près de 600.000 Londoniens de souche auraient quitté la ville entre 2001 et 2011.

Deux actualités se télescopent ces jours-ci.
 Elles concernent les deux plus grandes capitales européennes, Paris et Londres, confrontées à des phénomènes similaires : augmentation constante des prix de l’immobilier et immigration massive.
On a largement commenté l’ouvrage La France Périphérique du géographe Christophe Guilluy, parfois à l’excès.
Il faut pourtant constater que la thèse de l’auteur est aussi argumentée que confirmée par les faits.
Il serait même tentant de l’étendre à d’autres pays d’Europe, notamment l’Angleterre.
Pour schématiser, Christophe Guilluy dit que deux France se feraient désormais face, aussi déconnectées l’une de l’autre que divisées par des intérêts divergents.
L’auteur décrit la France des métropoles, où se côtoieraient « cadres et immigrés », et la France périphérique, comprenant 60 % de la population, oubliée de la mondialisation « heureuse ».
Ian Brossat, adjoint communiste d’Anne Hidalgo en charge du logement, semble n’avoir compris que partiellement les analyses de Christophe Guilluy.
Il a bruyamment déclaré dans le JDD sa volonté d’en finir avec « les ghettos de riches » de la capitale.
Pour atteindre son objectif, monsieur Brossat entend construire « massivement » des HLM dans l’ouest parisien, pour rééquilibrer la capitale.
 Aujourd’hui, plus de 40 % des HLM se trouvent dans les 13ème, 19ème et 20ème arrondissements.
L’adjoint d’Anne Hidalgo se trompe lourdement sur un point précis : Paris n’est devenue inaccessible qu’à une partie de la population qui n’a pas non plus accès aux HLM. 
Les classes moyennes ont déserté la capitale avec la hausse des prix du foncier bâti dans les « beaux quartiers », et les autres, moins « beaux,, mais aussi consécutivement à l’arrivée de populations immigrées qui sont ultra privilégiées dans l’obtention de logements sociaux.
 Le gouvernement compte d’ailleurs, avec le projet de loi Egalité et Citoyenneté, dernier grand texte du quinquennat, accentuer cette tyrannie de la « mixité sociale » ; laquelle n’est, en réalité, que le cache sexe de la mixité ethnoculturelle imposée.
La politique voulue par Ian Brossat fera donc progressivement fuir les classes les plus aisées, et ne fera certainement pas revenir les classes moyennes.
C’est très précisément ce qui se passe en ce moment à Londres.
Les fameux « cockneys » de l’East End, rendus célèbres par plusieurs romans, films et chansons, sont tous partis, chassés par l’immigration.
 On appelle ce mouvement le « white flight », c’est-à-dire le départ des blancs de Londres.
Les Anglais de souche riches restent quant à eux dans des enclaves protégées de la capitale telles Fulham ou Chelsea.
Selon Michèle Tribalat, près de 600.000 Londoniens de souche auraient quitté la ville entre 2001 et 2011.
Certains quartiers ressemblent désormais fort à des Molenbeek britanniques, l’on n’y trouve plus que des boucheries halals et autres magasins communautaires.
 Preuve que cela inquiète, la BBC diffusera le 24 mai prochain un documentaire consacré à la transmutation de ces anciens quartiers populaires, qui étaient une partie importante de l’identité d’outre-Manche.
 
Les politiques menées par les pays européens sont suicidaires.
 
Toute notre histoire montre que ce sont les classes moyennes qui font la richesse d’un pays.
 
Elles sont aujourd’hui sacrifiées par deux volontés idéologiques : la mondialisation économique qui leur rend les biens immobiliers hors de prix dans les métropoles, la mondialisation des échanges humains qui les rend étrangères chez elles.
 
 
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