Le 15/04/2016
Georges Michel
Trois militaires français tués au Mali : un sous-officier, deux militaires du rang. Trois jeunes âgés de 32, 20 et 19 ans.
Trois militaires français tués au Mali : un sous-officier, deux militaires du rang.
Trois jeunes âgés de 32, 20 et 19 ans.
De la même génération que ceux que les médias filment avec sympathie depuis de nombreux jours, et surtout de nombreuses nuits, place de la République à Paris.
De la même génération que ces vieux bien avant l’heure que l’on a vus palabrer la semaine dernière dans la cour des grands de Matignon et pour qui le gouvernement a les yeux attendris de parents laxistes et complaisants.
Mais je n’irai pas au-delà dans ma comparaison.
Ces trois soldats connaissaient peut-être Paris et sa place de la République pour avoir probablement, comme désormais des dizaines de milliers de leurs camarades de l’armée de terre, participé aux opérations Vigipirate ou Sentinelle, ces opérations qui épuisent nos armées en transformant le soldat, dont le métier est de manœuvrer, en vigile pour garder synagogues et autres lieux de culte.
Nos trois soldats appartenaient au 511e régiment du train, stationné à Auxonne en Côte-d’Or, vieille ville de garnison, fière d’avoir hébergé un temps le sous-lieutenant d’artillerie Bonaparte.
Un régiment de logistique (transport, circulation routière) qui, en plus de trente ans, a participé à toutes les campagnes : du Tchad, en passant par le Liban, la guerre du Golfe, l’ex-Yougoslavie, l’Afghanistan, la République centrafricaine, le Mali et j’en oublie sans doute.
Un régiment dont les sous-officiers et la troupe portent la ceinture rouge des unités créées en Afrique du Nord.
Nos trois camarades étaient des soldats du train, dans le jargon de nos armées des « tringlots », en souvenir du mousqueton de cavalerie An IX, dit « à tringle » dont étaient dotées les premières unités des équipages militaires.
Une arme créée en 1807 par Napoléon Ier, qui en avait assez que les transports – on ne disait pas encore la logistique – soient aux mains de compagnies privées qui se débinaient au premier coup de feu.
Pour ravitailler les troupes de l’avant, le convoi doit passer, coûte que coûte !
Et il en est ainsi depuis plus de deux siècles, en tout temps et en tout lieu.
Pas une campagne, une guerre où le train des équipages, devenu en 1928 le Train, n’ait été présent.
Son étendard, décoré de la Légion d’honneur, résume son histoire : Espagne 1808, Russie 1812, Algérie 1830-1870, Crimée 1854-1855, Extrême-Orient 1884-1885, Madagascar 1895, Maroc 1908-1914, Grande Guerre 1914-1918, Guerre 1939-1945, Indochine 1945-1954, AFN 1952-1962.
Le convoi doit passer, coûte que coûte !
Et il en a coûté la vie à nos trois jeunes camarades qui rejoignent la longue cohorte des soldats morts pour la France.
Une vie faite de don et non de revendication.
Trois vies brisées, évidemment, ainsi que celles de leurs familles.
Mais trois vies accomplies car, comme on le leur avait appris, la mission est sacrée.
Qui est la jeunesse de France ?
Armée de l’espérance, nous croyons aujourd’hui qu’elle a pour nom maréchal des logis Damien Noblet, brigadier Michael Chauwin, soldat de 1e classe Mickaël Poo-Sing.
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