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dimanche 17 avril 2016

Marseille - Racket d'un chantier : le médiateur de la Busserine remis en liberté



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Une vue du chantier de la rocade L2, en février dernier, au niveau de la cité La Busserine (14e). Photo David Rossi

Au début de l'année 2015, les langues ont commencé à se délier, notamment parce que police et Parquet de Marseille venaient de créer un groupe local de traitement de la délinquance
 

Longtemps, trop longtemps, les entrepreneurs - pourtant souvent cadres de grandes multinationales - se sont tus.
 Victimes de bandits, brandissant menaces et pressions parfois mises à exécution, et coupables d'avoir trop souvent payé.
Au début de l'année 2015, les langues ont commencé à se délier, notamment parce que police et Parquet de Marseille venaient de créer un groupe local de traitement de la délinquance en y affectant 10 enquêteurs spécialisés dans cette problématique très ancrée dans les habitudes marseillaises et qui coûterait, selon la fédération du BTP, environ 50 millions d'euros par an rien que dans les Bouches-du-Rhône.
Il faut dire qu'entre les vols, les dégradations, et les pénalités de retard qu'ils engendrent, la facture grimpe vite.
En janvier 2015, trois engins de chantiers, dont une foreuse ultra-sophistiquée de la société Bouygues travaux publics, avaient été incendiés sur le chantier de la L2, le futur contournement autoroutier de Marseille, au niveau de la cité Picon-Busserine (14e).
La note avait été salée, 2 millions d'euros, mais le courrier reçu par la société trois jours plus tard allait être, lui, plutôt amer.

 
Une liste composée de 11 noms
 
La société Télésurveillance gardiennage intervention (TGI) proposait son devis pour assurer la sécurité du chantier et celle des ouvriers !
Une coïncidence qui n'en était, selon l'accusation, pas une.
Entre-temps, Karim Ziani, médiateur dans la cité et président du club de football, remettait au dirigeant une liste composée de 11 noms.
11 jeunes à embaucher pour "être tranquille".
"On nous dit que mon client fait donc partie d'une association de malfaiteurs qui fait dans l'extorsion, mais c'est faux ! C'est le gérant lui-même qui lui a demandé cette liste. Karim Ziani, en tant que médiateur, n'a fait que répondre à sa demande !", assurait hier Me Jean-Jacques Campana, son avocat.
Lequel gérant atteste que Ziani aurait confirmé que la société TGI était à l'origine des incendies sur son chantier.
Trois gérants de droit ou de fait de TGI sont depuis mis en examen et écroués.
 
La cour d'appel d'Aix a, en revanche, accepté de libérer Ziani (qui reste mis en examen), vendredi.
"L'accusation assurait qu'il y a un risque de pressions sur les témoins qui sont toujours à Marseille, alors j'ai proposé qu'il aille vivre et travailler chez son frère à Grenoble", expliquait son avocat.
 
L'instruction de ce dossier emblématique, elle, continue, en parallèle des 5 autres enquêtes ouvertes en 2015 sur ce pan de la délinquance organisée.
En décembre dernier, trois hommes qui avaient extorqué leur embauche sur le chantier de réhabilitation d'une cité ont écopé devant le tribunal correctionnel de Marseille de peines allant de 18 à 30 mois de prison.
 

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