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jeudi 3 mars 2016

Niger : uranium, terrorisme et immigration. Cocktail d’un chaos annoncé

 
 

Le 03/03/2016 
 

Ne pas se soucier du Niger serait une erreur.

Ne pas se soucier du Niger serait une erreur.
Ce vaste territoire contrôle trois entrées : celle du Maghreb et de la Méditerranée, celle de l’Afrique centrale vers le Tchad et celle de l’Atlantique.
Dès lors, 90 % des migrants d’Afrique de l’Ouest passent par ce pays pour rejoindre l’Italie via la Libye.
 Le résultat du second tour des élections présidentielles fin mars, déjà controversé, ne sera pas sans incidences chez nous.
 Décryptage.
Quatrième producteur d’uranium au monde, mais 136e sur 187 pour la corruption et dernier pour le développement humain, le Niger est l’un des pays les plus pauvres, malgré ses gisements gardés par les forces spéciales françaises, présentes aussi à Madama, en plein désert, pour contenir la pression terroriste.
L’uranium est exploité par Areva, qui s’en gave.
Le Niger n’en tire que 5 % de ses recettes.
Areva, évidemment, nie ces chiffres et attend des remerciements de toutes les bonnes choses qu’elle fait là-bas, tout particulièrement pour le président en ballottage, Mahamadou Issoufou.
 Succédant à trois militaires, Mahamadou, ingénieur diplômé de l’École des mines de Saint-Étienne, a été l’employé d’Areva.
Ça aide.
Vice-président de l’Internationale socialiste, il tutoie Hollande.
 Ça aide.
Sauf que les Nigériens, une fois Areva servie et les dirigeants locaux récompensés, aimeraient eux aussi un peu du gâteau.
Du coup, Mahamadou, pressé par l’opposition, a tenté de renégocier le coup.
 Mais Areva ne l’entend pas de cette oreille.

Un accord laborieux, signé le 13 janvier 2008, prévoyait l’exploitation du gisement d’Imouraren, le plus grand en Afrique.
 À la clé, une renégociation pour de meilleures retombées.
 Mais depuis, Areva ne bouge plus, histoire de bien montrer qui est le patron.
Conséquence : Mahamadou est accusé d’inefficacité et, accessoirement, de corruption par son challenger Hama Amadou, ex-Premier ministre.
 Soucieux de simplification et pour éviter des débats fastidieux, Mahamadou l’a fait coffrer sur une accusation de trafic d’enfants, hélas pas assez convaincante pour le discréditer.
Notre ambassadeur, Antoine Anfré, s’en est d’ailleurs ému et a tout plaqué en juillet 2015.
 Depuis, en prison à Filingué, Amadou, avec son mouvement (ARDR/Alliance pour la réconciliation, la démocratie et la république), rejette d’ores et déjà le déroulement du scrutin et ses résultats.
Pressentant des lendemains difficiles, Mahamadou, tirant prétexte de la COP21, est venu sentir le vent auprès de Hollande en novembre, mais est reparti guère rassuré.
 Englué dans ses audaces écologiques, Hollande ne peut défendre l’uranium, Areva ne se sort pas de son déficit et de ses cuves merdiques, enfin la filière nucléaire classique issue des besoins militaires va être supplantée par les nouvelles centrales au thorium, moins coûteuses, moins polluantes, qui n’utilisent pas l’uranium.
Reste peut-être une ouverture côté migrants.
Car l’Union européenne, jamais en panne d’imagination, trouve que créer des camps de rétention dans le désert serait une super idée !
Proposition audacieuse, mais qui engendre un enthousiasme très moyen côté autochtones. Heureusement, face à Boko Haram au sud et AQMI au nord, la France, pour garantir sa présence militaire et son uranium, soutient Mahamadou et sauve les apparences.

Il sera donc vraisemblablement réélu.

Élections à l’africaine, certes, mais quasiment honnêtes, et personnalité la moins pire pour les généraux nigériens qui peinent toujours à comprendre la démocratie.

Bien sûr, les populations resteront pauvres, Imouraren abandonné et la pollution continuera, mais Areva est notre fierté nationale.

Alors…

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