Le 04/03/2016
Manuel Valls joue gros dans cette affaire. Si le projet de loi est dénaturé – ou retiré -, voilà qui porterait un coup à son autorité.
Invitée, jeudi matin, de l’émission « Les 4 vérités », Myriam El Khomri a notamment déclaré qu’elle ne se sentait « absolument pas » désavouée par le Premier ministre, démentant les rumeurs d’une éventuelle démission.
Comme une élève studieuse et appliquée, qui apprend par cœur sa leçon et la récite sans en comprendre tous les enjeux, elle a cherché à défendre sa loi, rythmant ses propos de la main droite.
Rendons-lui hommage pour son courage !
Elle persévère dans sa tâche, alors que ni la gauche ni la droite ne l’ont épargnée et qu’elle a déjà dû avaler de nombreuses couleuvres.
Quant aux manifestations de commisération qui ont suivi son « petit malaise », elles ne sont pas sans condescendance ni sans misogynie latente.
Certes – soyons courtois et employons un euphémisme -, elle n’a pas toutes les compétences requises pour la fonction qu’elle occupe ; mais, outre qu’elle n’est pas une exception au gouvernement, les véritables responsables sont ceux qui l’ont choisie.
Finalement, son seul tort est d’avoir accepté ce poste à risques sans prendre conscience de ses propres limites.
Manuel Valls a d’abord pensé imposer la loi sur le Code du travail, quitte à utiliser le 49-3.
Mais tout ne se passe pas comme prévu.
Ne parlons pas de la charge de Martine Aubry dans Le Monde !
Sa majorité ne le suit plus : non seulement les frondeurs, mais aussi ces fidèles qui n’en peuvent plus d’être fidèles devant une politique qui s’éloigne de plus en plus de leurs orientations premières.
Les syndicats s’apprêtent à défiler dans les rues et, horribile dictu, les lycéens et les étudiants se mettent de la partie, jusqu’aux militants des jeunesses socialistes !
Après en avoir reporté la présentation en Conseil des ministres, Manuel Valls veut aujourd’hui répondre aux « interrogations fortes » que suscite le projet de loi et l’« améliorer ».
Il va recevoir les syndicats et organiser un « séminaire » avec les députés socialistes pour amender le texte.
Il lui a fallu du temps pour s’apercevoir que le passage en force ne marchait pas à tous les coups ! Les ministres de service comme Stéphane Le Foll, Jean-Marie Le Guen et Barbara Pompili sont montés au créneau pour justifier ce report qui, loin d’être une reculade, manifesterait une volonté de dialogue et de concertation.
Pardi !
C’est que Manuel Valls joue gros dans cette affaire.
Si le projet de loi est dénaturé – pire : s’il devait être retiré -, voilà qui porterait un coup à son autorité, déjà mise à mal si l’on en croit sa chute dans les sondages.
Il prend donc en main le dossier, soulignant un peu plus l’incompétence de son ministre du Travail qui, en la circonstance, lui servira sans doute de secrétaire.
Il redoute un échec qui entraverait ses ambitions.
Peu de risques, pourtant, que des organisations étudiantes comme l’UNEF, dont les dirigeants trouvent dans le syndicalisme un tremplin pour leur avenir politique, se montrent aussi combatives qu’en 2006, contre le Contrat de première embauche.
Tout aussi improbable que la majorité socialiste se saborde en votant contre le texte ou contre le gouvernement.
Pendant ce temps, François Hollande, qui bat tous les records d’impopularité, ne se mouille pas trop dans ce dossier périlleux.
Le don Juan en scooter de l’Élysée fait la cour à l’électorat féminin dans les colonnes du magazine Elle.
On y apprend qu’il aimait faire la cuisine pour ses enfants.
Il est vrai qu’il s’y connaît en cuisine électorale !
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