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vendredi 11 mars 2016

Le prince saoudien aurait lui-même demandé sa Légion d'honneur


François Hollande reçoit le prince héritier saoudien à l'Elysée
 
© AFP 2016 Stephane de Sakutin

 
C'est "à sa demande" que le prince héritier d'Arabie saoudite aurait obtenu, le 4 mars dernier, la Légion d'honneur.
 
L’attribution de la Légion d’honneur au prince saoudien Mohammed ben Nayef avait pour but de "renforcer la stature internationale" du  futur roi d’Arabie saoudite, lit-on dans le magazine féminin "Causette".
Ce dernier a publié un échange de courriels diplomatiques (dont des extraits sont cités ci-dessous, fautes d’orthographe comprises) entre l'ambassadeur de France en Arabie saoudite et le conseiller pour le Proche-Orient de François Hollande.
L'échange, tombé entre les mains des journalistes, en dit long sur la signification réelle de cette décoration présentée comme "la plus haute distinction nationale".
Le mercredi 2 mars, à 7h04, l’ambassadeur de France en Arabie saoudite depuis 2007, Bertrand Besancenot, écrit au conseiller pour le Proche-Orient de François Hollande, David Cvach.
Dans cet échange, les arguments pour faire passer la pilule ne manquent pas de sel et sont savamment saupoudrés d’un cynisme de haut vol.
 
"Cher David, je me permets de t’envoyer la copie jointe de la proposition de décoration pour le prince Mohamed ben Nayef", commence Bertrand Besancenot.
Un message qui se termine par: "C'est aussi un geste envers le prochain Roi d'Arabie saoudite. C’est dans ce contexte qu'il me parait indispensable de répondre à sa demande de recevoir la Légion d'honneur, à un moment où il souhaite renforcer sa stature internationale."

 
Egalement de l’ambassadeur Besancenot: "Certes, le royaume n'a pas bonne presse, mais je crains que l'amélioration de son image prenne du temps…"
Vu le traitement réservé aux femmes, aux opposants, aux journalistes, aux blogueurs, les décapitations, tortures et autres joyeusetés… il y a un risque, en effet!
 
Mais il faut absolument faire plaisir au petit prince, alors Jérôme Bonnafont, directeur de la section Afrique du Nord et Proche-Orient du cabinet de Jean-Marc Ayrault au ministère des Affaires étrangères, donne la technique: "[…] il faut que ce soit discret vis a vis des medias mais sans dissimulation, si nous ne le faisons pasce sera vu comme un camouflet et si on nous interroge on repondra lutte contre daech et partenariat economique et strategique.
Rajoutons, pour faire bonne mesure, des elements droit de lhomme dans les elements se langage bien sur.(sic)"
 
Et "Causette" d'ironiser: "Comme c'est pratique, Daech et les Droits humains!"…
 
A 12h53, soit à peine six heures plus tard, l'affaire est pliée par l'Elysée: David Cvach rapporte à tous la décision de François Hollande, au préalable interrogé par Jacques Audibert, son conseiller diplomatique: "On fait — c’est le moment je suppose d’acheter des actions MBN… [le prince Mohammed ben Nayef, ndlr]" Le 4 mars, soit deux jours plus tard, le prince était discrètement décoré "au titre de personnalité étrangère, une pratique protocolaire courante".
 
La remise de cette distinction a été largement critiquée, entre autres, au vu des quelque 70 exécutions perpétrées depuis le début de l'année par le régime saoudien.
 
"C'est tellement facile la diplomatie en mode realpolitik! Serions-nous très sérieusement pris pour des quiches?", interroge en conclusion l'auteur de l'article…

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