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mardi 15 mars 2016

Bugs, coût, "merdier sans nom"… Pourquoi la nouvelle plateforme d'écoutes agace les policiers



Francetv info avec AFP

Le ministère de la Justice, à Paris, le 25 mars 2010.

Le ministère de la Justice, à Paris, le 25 mars 2010. (LOIC VENANCE / AFP)

Mis à jour le , publié le

 
Elle devait simplifier la vie des policiers.
Présentée fin février 2014 pour remplacer une dizaine de sociétés privées, la plateforme nationale des interceptions judiciaires (PNIJ) centralise l'ensemble des écoutes judiciaires de France.
Mais, comme le révèle Libération lundi 14 mars, le service, développé par Thalès, connaît d'importants ratés.
Francetv info revient sur les problèmes rencontrés par cette plateforme, qualifiée de "merdier sans nom" par un enquêteur.
 
Elle rencontre une multitude de problèmes techniques
 
Problèmes de circulation des données, blocage, système inaccessible…
Membre du Syndicat des cadres de sécurité intérieure (SCSI), Christophe Rouget n'a pas de mots assez durs pour dire tout le mal qu'il pense de la PNIJ.
 "Les difficultés liées à la PNIJ sont constantes (...). Lors des écoutes téléphoniques en temps réel, on observe un décalage de quelques minutes qui peut s'avérer dans certains cas déterminant", déplore-t-il auprès de l'AFP.
"Aujourd'hui, avec l'explosion des forfaits illimités et du nombre d'utilisateurs de smartphones qui peuvent avoir plusieurs lignes, la masse d'informations à traiter est devenue considérable, bloquant les enquêteurs devant leur écran. Dès qu'il y a un bug, on perd du temps et, à force, cela devient intenable", poursuit-il.
Des bugs d'autant plus rageants que le service après-vente laisse à désirer.
Selon Le Canard enchaîné, les enquêteurs se sont aperçus fin décembre que l'aide technique n'était joignable que pendant la semaine, aux horaires de bureau.

Elle a été victime d'un black-out de 24 heures

Déployé progressivement depuis octobre 2015, le service connaît un bug de grande ampleur le 29 février, comme le raconte Libération.
Paniqués, des enquêteurs appellent le ministère de la Justice : ils n'arrivent pas à se connecter à la plateforme.
 Selon le quotidien, entre 1 500 et 1 800 écoutes se seraient brusquement interrompues cette semaine-là.
Thalès décide alors de lancer une opération de maintenance. 
"Pour résoudre ces difficultés, une opération de maintenance a été conduite le vendredi 4 mars à 20 h qui a conduit à l'interruption du service pour les utilisateurs pendant 24 heures", a confirmé lundi 14 mars le ministère de la Justice à l'AFP.
 Mais, selon la Chancellerie, "pendant cette maintenance, les interceptions en cours n'ont pas été interrompues et il n'y a pas eu de perte de données".
"En cas d'événements majeurs, la maintenance pouvait être interrompue à tout instant pour que la PNIJ soit à nouveau disponible en quelques minutes", a-t-elle assuré.
Certains policiers, cités par Libération, affirment à l'inverse que des interceptions sont passées à la trappe.
Depuis ce black-out, des services ont préféré revenir à l'ancien système, qui repose sur des prestataires privés.
 
Elle est bien plus coûteuse que prévu

Ces dysfonctionnements en série s'ajoutent à une facture de plus en plus salée.
 
Selon Libération, la PNIJ a déjà coûté plus de 90 millions d'euros, contre 17 prévus à l'origine.
 
 
 
 
 
 La Cour des comptes s'en est émue dans un rapport confidentiel.
 
 Le texte a fait l'objet d'un référé à Matignon, "une procédure d’urgence rare, réservée aux projets particulièrement dispendieux", souligne le quotidien.

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