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mardi 9 février 2016

Les gitans à l’hôpital et Cahuzac au tribunal : délinquances à tous les étages

                                                    

Le 09/02/2016
Dans un État normalement constitué, l’exemple est censé venir de haut. Là, c’est tout le contraire.
    
Dimanche après-midi, à Cannes, un nouveau fait divers.
Soit une banale embrouille de bistroquet, entre clients manifestement avinés.
Dans la baston générale, un homme du voyage – on ne dit plus gitan ni manouche – s’est fait sévèrement fracasser la calebasse : mais dans une société prônant le risque zéro, on voudrait des rixes sans blessés ni morts.
Bon, l’infortuné a dû être conduit aux urgences cannoises pour cause de multiples fractures crâniennes et d’une hémorragie cérébrale.
 Les mauvaises langues iront, bien sûr, objecter qu’en l’occurrence, aucun organe vital n’a été touché. Ces vilaines caramboles de bars nocturnes sont aussi vieilles que les estaminets.
 Et, sans remonter jusqu’à l’Ancien Régime, il n’est pas si loin ce temps où sortaient surins, rasoirs, chaînes de vélo et autres tessons de bouteille, lors de bagarres dont plus personne ne connaissait véritablement la cause.
Ça se tapait vigoureusement à un contre un et quand les pandores débarquaient au comptoir, personne n’avait rien vu.
Et tout cela se concluait parfois par un improbable verre de « l’amitié ».
Ces coutumes « médiévales » avaient aussi leurs avantages et se concluaient souvent, pour les malchanceux qui n’avaient pas fui assez vite, par une nuit passée au commissariat à se prendre des coups de Bottin sur la tête, menottés au radiateur.

Et, généralement, ça en restait là, les mains courantes ayant vocation à partir en classement vertical à la corbeille.
 Aujourd’hui, ces discussions viriles ne se pratiquent plus d’homme à homme, mais à dix contre un. Et les diverses communautés s’en mêlent.
 La preuve en est qu’une cinquantaine de voleurs de gallinacés à francité différée, à la suite de l’altercation plus haut évoquée, ont investi les urgences du pourtant très réputé hôpital cannois des Broussailles, exigeant que leur « héros » soit illico transféré dans une clinique niçoise ; parce qu’il le valait bien, sans doute.
 Aussitôt, une horde de véhicules policiers battant gyrophare et portières peintes en tricolore déboule sur les lieux de ce qui n’est même pas un crime.
 Les forces de l’ordre ont longtemps négocié.
 Que de temps perdu, sachant que ce que les émeutiers exigeaient, ils l’ont tôt obtenu : soit le rapatriement de leur ami dans ce fameux hôpital niçois, peut-être plus réputé et moins subventionné, va savoir…

Ce fait divers est à la fois tragique et rigolo.
Tragique parce que, désormais, l’automobiliste de l’espèce anonyme qui se fait arrêter au bord de la route parce que roulant à 132 km/h plutôt qu’à 130 comprendra que, ne faisant pas partie d’une communauté à la fois louée et redoutée dans les plus hautes sphères de l’État, il se retrouvera bien seul devant les tribunaux de son propre pays.
 Rigolo parce qu’au moment où un Manuel Valls tente de remonter dans les sondages en se la jouant hussard à sabre de carton sur cheval à bascule en bois contre une délinquance prolétaire à progression exponentielle, il doit aussi affronter celle de son propre camp, délinquance à col blanc.
Ça, c’est l’effet Jérôme Cahuzac, dont le procès s’instruit en même temps, par une sorte de hasard malheureux. Dans un État normalement constitué, l’exemple est censé venir de haut.
Là, c’est tout le contraire, nos dirigeants adoptant les méthodes des plus pâles voyous.

Cahuzac ne savait pas, avait oublié de savoir et encore plus d’avouer un crime finalement bénin. Quelques centaines de milliers d’euros planqués à gauche, c’est le cas de le dire, ne sont jamais qu’un pourliche, comparé à d’autres grands profiteurs fiscaux – Google, Amazon et consorts -, sans compter nos chers banquiers qui privatisent leurs gains et mutualisent leurs pertes ; le tout, il va sans dire, aux frais du contribuable.

 Jérôme Cahuzac et racailles à capuches ou à guitares plus ou moins andalouses, même combat ?

C’est à se demander.

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