Le 20/02/2016
Monsieur le Président de la République, en tant que ministre élu du peuple suisse, je proteste vigoureusement contre l’ingérence grossière des responsables du Parti socialiste français dans les affaires de mon pays.
Je vous écris afin de porter à votre connaissance un fait qui constitue une ingérence caractérisée et grave dans les affaires intérieures helvétiques.
Le 17 février dernier, les Français résidant en Suisse ont reçu une circulaire destinée à influencer directement le vote des citoyens helvétiques à quelques jours d’une importante votation dans notre pays.
Elle était intitulée sans ambiguïté : Le 28 février, Français(e)s de Suisse, votez non à la votation sur l’initiative de mise en œuvre de l’UDC.
Ce tract à l’en-tête de la section socialiste de la Fédération des Français de l’étranger était diffusé via la messagerie officielle des « Français résidants [sic] hors de France inscrits sur les listes électorales consulaires ».
À l’heure où j’écris, il est lisible à l’adresse suivante :
http://tinyurl.com/gohpxjg
Au vu de la source et du mode de diffusion, cet envoi peut être assimilé à une démarche officielle.
Outre l’ingérence évidente qu’il constitue dans les affaires intérieures d’un pays tiers, il colporte une désinformation flagrante à l’adresse de ses destinataires et des « proches » qu’il les exhorte à alerter.
On peut y lire en effet qu’« il s’agit ici d’expulsion automatique d’êtres humains en raison de délits mineurs », ce qui est un mensonge grossier.
Par de tels procédés, on répand la crainte et la méfiance parmi la communauté des expatriés français.
Cette missive pernicieuse sous-entend en effet que n’importe quel étranger en Suisse serait susceptible d’expulsion en cas de victoire de l’initiative dite de mise en œuvre le 28 février prochain — ou alors que tous les expatriés français en Suisse seraient des criminels en puissance.
Ces deux sous-entendus sont aussi ridicules l’un que l’autre.
Monsieur le Président de la République, il est incompréhensible qu’un parti gouvernemental d’un pays ami puisse répandre, via les structures consulaires de l’Etat français, de telles exhorations à la peur et à la haine.
Je vous fais part ici de mon étonnement de citoyen et de mon indignation de vice-président du plus grand parti politique de Suisse, l’UDC, à qui des responsables socialistes français attribuent des intentions dangereuses et inhumaines.
Cependant, c’est en tant que ministre responsable de la sécurité du canton du Valais que j’ai choisi de vous écrire.
Car il est, en relation avec ce sujet, un autre fait qu’il me paraît urgent de porter à votre connaissance.
Dans l’exercice de ma fonction, je suis au jour le jour l’évolution de la criminalité domestique et étrangère.
L’an dernier, en 2015, la population du système pénitentiaire valaisan était constituée à 69,3 % d’étrangers et le taux d’occupation des prisons oscillait entre 96 et 100 %.
Seule une petite minorité de cet effectif carcéral était susceptible d’expulsion, même sous le régime de l’initiative de mise en œuvre sur laquelle on va voter.
Nous ne tenons pas de statistiques par pays d’origine, mais il est certain que quelques-unes de ces expulsions auraient pour destination votre pays, la France.
Les cantons suisses romands, frontaliers de la République française, doivent faire face à une criminalité endémique en provenance de votre pays.
Il s’agit, le plus souvent, d’incursions en provenance des banlieues de Lyon ou de Marseille, voire de Corse.
Ces incursions se caractérisent par une violence extrême, ainsi que par le recours aux voitures béliers et aux armes de guerre.
La délinquance d’origine française requiert même des mesures policières spécifiques.
Dans notre canton, le plan COBRA mobilise une part significative des effectifs de sécurité et il est entièrement tourné vers la France.
En 2011, à la veille de sa mise en place, notre vallée de 320.000 habitants (5.200 km2) avait été le théâtre de cinq attaques d’une brutalité jamais vue sous nos latitudes.
Avantagé par sa géographie, le Valais a pu enrayer cette série de rapines grâce à une mobilisation importante de ses ressources.
La même année 2011, les autres cantons suisses romands étaient victimes d’un total de 58 braquages transfrontaliers.
Ne pouvant aussi aisément boucler leurs voies de communication, et n’étant plus maîtres de leurs frontières en raison des accords de Schengen-Dublin, ils sont condamnés à subir la loi des gangs.
La fréquence et la dangerosité de ces attaques auraient pu justifier, bien avant la crise migratoire, la restauration du contrôle aux frontières, voire une suspension dissuasive de certaines dispositions de la CEDH.
Or, le seul gouvernement de la région à avoir restauré les contrôles aux frontières et à s’être même réservé le droit d’enfreindre les droits de l’homme au nom de l’état d’urgence, c’est le gouvernement socialiste de la République française.
Nous voyons donc le même parti au pouvoir justifier les entorses aux droits de l’homme au nom de son intérêt national et dissuader au nom de ces mêmes droits un pays voisin et ami de définir librement son propre intérêt national !
Une aussi parfaite mauvaise foi a rarement été vue dans les relations entre nos deux pays.
Monsieur le Président de la République, en tant que ministre élu du peuple suisse, je proteste vigoureusement contre l’ingérence grossière des responsables du Parti socialiste français dans les affaires de mon pays.
Je vous demande également de prendre toutes les mesures que vous autorise l’État de droit, secondé par l’état d’urgence, afin que la délinquance de vos banlieues cesse de prendre nos cantons pour cible.
Espérant que mon message rencontrera un accueil favorable, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de mes salutations respectueuses.
Oskar Freysinger
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