Le 30/01/2016
Aussitôt chassé, le naturel a tendance à revenir au galop, surtout chez Sarko.
On croit côtoyer de grands mystiques à l’âme forgée dans la matrice de la France éternelle, le terroir chevillé au cœur, façon Maurice Barrès ou François Mitterrand.
Mais, en la matière, Sarkozy, ce serait plutôt Nicolas le jardinier ; et encore.
En 2007, il entendait inaugurer son quinquennat tout neuf par une retraite spirituelle : « Dans un monastère », affirmait-il.
Sans trancher l’épineuse question consistant à savoir si le Fouquet’s appartient ou non à l’ordre des moines dominicains ou franciscains, si le yacht de Vincent Bolloré bat pavillon des chevaliers de l’Ordre de Malte ou celui des pénitents du Club Méditerranée, on notera néanmoins que même le plus hébété des commentateurs politiques d’alors aura remarqué que l’introduction du zigomar aux plus hautes fonctions républicaines tenait plus de la ceinture Gucci que de celle du silice.
Idem pour le vocabulaire et les bonnes manières.
Heureusement, La France pour la vie était le gri-gri, le viatique, le sésame – opuscule de commande, pour être plus précis – susceptible de donner à un ex-Président connu pour massacrer, à l’oral comme à l’écrit, la langue de Molière et Vaugelas, une sorte de stature littéraire et politique, quelque part entre Cyril Hanouna et André Malraux.
Mieux : une sorte de confession publique – entre cénacles maoïstes d’antan et assemblée de chrétiens exaltés d’autrefois, lui permettant d’abjurer ses péchés politico-langagiers de naguère – qui aurait pu l’aider à se refaire une virginité, à la façon de ces vieilles mondaines se faisant lifter le joufflu jusqu’aux limites du raisonnable.
Bref, Nicolas Sarkozy avait changé, il fallait qu’on se le dise.
Le problème, c’est qu’aussitôt chassé, le naturel a tendance à revenir au galop, surtout chez Sarko.
Ainsi, ses dernières vacances de Noël ?
Au Maroc.
A priori, rien d’extravagant, si ce n’est que sa sainte famille, invitée aux frais de la princesse par le roi Mohammed VI dans un riad à côté duquel celui d’Anne Sinclair doit ressembler à une chambre Ibis, y a transité dans un jet privé battant blason royal et chérifien.
Tout bien pesé, Vincent Bolloré, issu d’une lignée tout aussi prestigieuse, est-il français et un peu moins trafiquant en chef de substances illicites.
Le gag, c’est que si l’affaire s’est retrouvée pleine page dans les colonnes du Canard enchaîné, c’est par une fuite de l’intérieur, celle du dernier fiston, Louis, lequel a cru malin d’épater copains et copines à grands coups de selfies, devant domestiques et piscines, ayant tôt inondé les réseaux sociaux.
Familles, je vous hais…
Surtout en pleine promotion du bouquin présidentiel à papa !
Sale gosse…
Mais réservons le meilleur pour la fin.
Nicolas Sarkozy, qui a bien « changé », jurait, dans le prospectus électoral en question, qu’il allait désormais tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant que n’en sortent de vilains gros mots.
Le célébrissime « Casse-toi, pau’v con ! », pour ne citer que cette saillie des plus spirituelles… aux oubliettes.
Et là, badaboum et putain de sa race, le petit teigneux s’est, une nouvelle fois, fait poisser les salsifis dans le bol à friandises.
Le 20 janvier dernier à Nîmes, MC Sarko croise donc deux édiles des Républicains, Stéphan Rossignol et Gilles d’Ettore, respectivement maires de La Grande-Motte et d’Agde.
Leur crime ?
Ils ne l’auraient pas assez vigoureusement soutenu lors des dernières élections régionales.
D’où cette réplique, belle comme de l’antique : « Vous deux, il faut qu’on s’explique. Vous m’avez baisé aux régionales, petits merdeux. Moi, on ne m’encule pas, hein ! Moi, je ne me fais pas enculer, compris ? »
En attendant, si les électeurs les plus ahuris de la droite la plus bête du monde persistent à simuler le plaisir en mordant l’oreiller tout en votant pour le grand homme, ça les regarde.
Une dernière issue de secours pour Nicolas Sarkozy ?
Aller prendre des cours de maintien chez JoeyStarr.
Mais cela suffira-t-il ?
Rien n’est moins sûr.
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