Le 20/01/2016
Comment en est-on arrivé là, alors que "de mon temps", seuls 3 ou 4 % des étudiants en médecine accédaient à ce titre prestigieux par un concours ultra sélectif ?
C’est la une du Quotidien du médecin ce 14 janvier.
Comment en est-on arrivé là, alors que « de mon temps », seuls 3 ou 4 % des étudiants en médecine accédaient à ce titre prestigieux par un concours ultra-sélectif ?
Au commencement était le déficit de la Sécu, que Frédéric Bastiat avait prophétisé dès 1845, soit un siècle avant sa création : « Les abus iront toujours croissant, et on en reculera le redressement d’année en année, comme c’est l’usage, jusqu’à ce que vienne le jour d’une explosion. »
Mais au lieu d’abandonner un système structurellement intenable, nos crânes d’œuf énarchiques désignèrent un bouc émissaire en la personne du médecin, supposé prescrire à tort et à travers.
Les économies viendraient donc naturellement de la baisse du nombre de praticiens.
Alors on coupa l’omelette aux deux bouts.
D’un côté, on instaura le MICA (mécanisme d’incitation à la cessation d’activité) pour permettre aux praticiens libéraux de prendre avec huit ans d’avance une retraite presque à taux plein ; ce que beaucoup firent.
De l’autre, on mit en place un numerus clausus sabrant à l’entrée en faculté des milliers d’étudiants pourtant fort bien notés.
Naturellement, les hôpitaux vinrent rapidement à manquer de médecins.
Alors on se mit à en importer, d’abord du pourtour méditerranéen, d’autant plus que leur statut bâtard permettait de les sous-payer, tout en leur interdisant l’exercice privé.
Puis grâce à leur langue romane et à l’extension de l’Union européenne, les médecins roumains vinrent travailler en France, croisant curieusement en chemin les étudiants français recalés espérant de la fac de Bucarest une sélection moins sévère !
Pendant ce temps, l’idéologie égalitariste visant à donner le bac et Science Po à tout le monde n’épargnait pas la médecine : on supprima le concours de l’internat (tout en gardant le nom d’interne sur les blouses) pour le remplacer par un examen classant national (ECN) dont le seul but est de permettre aux meilleurs de choisir la spécialité dans laquelle ils termineront leurs études.
Ainsi, l’étudiant qui rend copie blanche sera « interne » comme les autres, mais seulement dans la spécialité que les autres n’ont pas voulue.
Quant à l’enseignement roumain, les patrons français commencent à en prendre la mesure : « Depuis deux ou trois ans, nous rencontrons des problèmes avec des internes qui n’ont pas fait leurs deux premiers cycles en France et qui figuraient parmi les derniers classés des ECN. Certains sont incompétents. Ils manquent de pratique, ils n’ont pas été suffisamment au lit du malade, il faut leur apprendre à poser les mains pour percuter un thorax. »
Eh oui, la médecine, ça ne s’apprend pas seulement au tableau noir, il y faut de la pâte humaine hospitalisée, laquelle semble manquer en Valachie…
« Il faudrait instaurer une note plancher de 7 ou 8 aux ECN, on ne peut pas continuer comme ça, explique le Pr Dubois-Randé, doyen de Paris-Est. Sans justification des compétences, on aura un contentieux. »
En attendant, il faut organiser des stages de remise à niveau dans des services hospitaliers ; tandis qu’alerté, le ministère de la Santé « a demandé de ne pas faire de vagues ».
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