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vendredi 18 décembre 2015

Non-cumul des mandats : dire qu’on y a cru…

                                                    
 

Le 18/12/2015
 
C'était trop beau pour être vrai.
   
C’était trop beau pour être vrai, la règle du non-cumul des mandats validée par le Conseil constitutionnel le 13 février 2014.
À peine deux ans plus tard, elle ressemble même furieusement à un joli coup fourré.
En effet, la loi prévoyait l’interdiction de cumuler des fonctions exécutives locales, comme celle de maire avec un mandat de député, de sénateur ou de parlementaire européen.
Alors, comment se fait-il que sur les treize nouveaux présidents de région, Laurent Wauquiez (élu en Auvergne-Rhône-Alpes), Bruno Retailleau (élu en Pays de la Loire), Didier Robert (à l’île de La Réunion) et Carole Delga (en Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon) refusent de lâcher leurs mandats respectifs actuels ?
 Bon, pour le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, élu chez les Bretons, il l’a dit : son président – en cette période tragique et tendue – ne peut pas se passer de lui…
Ils s’inscrivent donc en porte-à-faux avec la loi ?
Absolument pas, puisque dans le premier cas de figure – maire + député ou sénateur -, la loi ne s’appliquera qu’en 2017, et dans le second cas – maire + parlementaire européen -, la loi prévoit de s’appliquer à partir de… 2019.
Bien vu, hein ?

On passe la pommade dans le dos du peuple tout en faisant en sorte d’en profiter encore cinq ans, et on s’en garde sous le pied deux années de plus, pour le cas où, on ne sait jamais, par la suite, on serait réélu.
 Quelle belle mentalité !

Prenons Laurent Wauquiez, par exemple, qui tient à conserver son mandat de député de Haute-Loire à 12.880 euros bruts par mois.
 Il a beau jeu de prétendre qu’il ne doit pas y « avoir de députés coupés du terrain […] » !
 Parce qu’ils ne connaissent même pas le prix de la baguette de pain, le tarif de la nounou des gamins, le coût d’un aller-retour Paris-Le Puy-en-Velay en train ?
 C’est cela même.
 Selon Laurent Wauqiez , « les élus locaux doivent être en capacité de relayer les attentes concrètes de leurs compatriotes ».
Mais n’est-ce pas, aussi, pour cette raison qu’ils se sont fait élire, parce que leurs électeurs se retrouvaient en eux, croyaient en eux ?
 Et si les candidats aux élections devaient impérativement avoir exercé un vrai métier, surtout ?
 Dans le privé.
 Le cas Xavier Bertrand est différent.
 Et pas tellement plus glorieux, finalement.
Maire de Saint-Quentin (02) depuis 2010, il abandonne cette fonction ainsi que celle de député pour se consacrer uniquement à la présidence du Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Enfin un honnête homme, dites-vous ?
Mais que pensent les Saint-Quentinois de la décision de leur maire, qu’ils ont plébiscité, dès le premier tour, en 2014,  avec 52,61 % des voix ?
Pourquoi, alors, fort d’un tel score, avoir visé la présidence de région ?
Quitte-t-on une équipe qui marche ?
Laisse-t-on tomber les personnes qui ont placé en vous leur confiance ?
 Il faut dire que la motivation était puissante : empêcher à tout prix Marine Le Pen de remporter la présidence.
 La loi non encore applicable sur le non-cumul des mandats ?
 Mais pourquoi ne pas la remplacer par l’interdiction de se présenter à une élection quand un mandat est déjà en cours ?

Ne nous a-t-on pas appris, il est vrai, au siècle dernier, qu’il fallait toujours terminer ce qui a été commencé ?

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