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lundi 28 décembre 2015

Banque : voilà comment refuser la facturation de votre compte courant



Les grandes banques se préparent à facturer la tenue des comptes courants (GILE MICHEL/SIPA)

Les grandes banques se préparent à facturer la tenue des comptes courants (GILE MICHEL/SIPA)

L'Association française des usagers des banques incite les clients à écrire pour refuser les nouveaux tarifs proposés par la plupart des établissements.
 
2,50 euros prélevés chaque mois pour la tenue de votre compte courant.
30 euros par an.
La BNP ne se mouche pas du pied.
Après les chèques payants, la facturation des retraits, les banques innovent, encore et toujours.
Dans le domaine, elles font même preuve d'une imagination débordante, voire sans limite.
A partir du 1er janvier, la plupart d'entre elles va facturer des frais de tenue de compte.
 Et la tendance est à la généralisation du système de pompe : toutes les grandes banques s'y mettent.
Au point de laisser planer un soupçon d'entente entre les différents établissements.
 
On ne peut qu'être surpris par ce mouvement généralisé des banques", lance Serge Maître, secrétaire général de l'Association française des usagers des banques.
 
L'association compte bien saisir l'Autorité de la concurrence à ce sujet.

Le pouvoir de dire non

"Il faut refuser. Le client a le pouvoir de dire non", encourage l'Afub.
 Serge Maître met en avant l'article L312-1-1 du code monétaire et financier.
Les banques ont dû informer des nouveaux tarifs deux mois avant leur application et les clients ont jusqu'au 31 décembre pour envoyer une lettre recommandée avec accusé de réception pour refuser la nouvelle tarification, comme le permet la loi.
 La banque devra alors appliquer le tarif antérieur, c'est-à-dire la gratuité pour la tenue de compte, si tel était le cas.
L'Afub a reçu de nombreux témoignages de personnes qui ont franchi le pas.
Et certains établissements ont tenté de jouer l'intimidation en demandant aux clients récalcitrants de clôturer leur compte et de changer de banque.

C'est de la manipulation pure et simple.
La banque ne peut contraindre ni à résilier un compte ni à accepter les nouveaux tarifs.
 La loi est très précise", tempête Serge Maître.
 
Si, entre deux réveillons, vous ne vous sentez pas d'écrire à votre banque, l'absence de réponse vaudra accord.
Les nouveaux tarifs s'appliqueront automatiquement à partir du 1er janvier.
 Et, il faut bien le reconnaître, batailler contre sa banque n'est pas de tout repos.

La facturation devient la norme

D'autant que, face à ce mouvement général qui transforme la facturation de la tenue de compte en norme, le client se trouve coincé : il est tenu d'avoir un compte bancaire pour percevoir son salaire ou ses revenus.
 Il lui reste pourtant la possibilité de faire jouer la concurrence !
  • BNP : 30 euros par an
  • Société générale : 24 euros par an
  • HSBC : 24 euros par an
  • CIC : 24 euros par an (comme c'était déjà le cas)
  • La Banque postale : 6,20 euros par an
  • Banque populaire, Caisse d'Epargne, Crédit agricole, Crédit mutuel : tarification variable selon les régions.
  • LCL : rien pour le moment mais une tarification sera mise en place pendant l'année
Les écarts restent donc notables mais dans la jungle des frais bancaires.
A la BNP, ce sera donc 2,50 euros par mois. 2,50 euros qui devraient lui rapporter quelque 150 millions d'euros par an.
La Société générale va se contenter de 2 euros par mois.
A la Banque postale, les frais de tenue de compte restent modestes mais vont tout de même passer de 4,20 à 6,20 euros par an.
Comment justifier une telle facturation à l'heure où les clients effectuent de plus en plus eux-mêmes leurs opérations sur internet ?
Les établissements bancaires parviennent même à renverser l'argument pour justifier cette facturation : développer les services en ligne, construire des systèmes contre la fraude, proposer des applications plus simples d'utilisation, ça coûte...

Pas chez les banques en ligne

Mais alors, comment font les banques en ligne qui, pour la plupart, ne vont pas facturer la tenue des comptes courants ?
 Ces dernières font justement des économies de fonctionnement conséquentes grâce au web.
 Le secteur est en pleine expansion. Inconvénient, pour y ouvrir un compte, elles exigent bien souvent un revenu minimum.
En fait, cette "innovation" bancaire a pour but principal de compenser les pertes liées au plafonnement des agios en cas de découvert.
 Ce que les banques ne peuvent plus toucher d'un côté, elles le prennent de l'autre.
En revanche, elles se gardent bien de proposer une rémunération des comptes courants.
Soi-disant impossible dans un contexte persistant de taux bas.
Un argument que Serge Maître balaie rapidement :

Malgré les taux bas, les banques de détail ont augmenté leurs bénéfices de 7% au premier semestre 2015.
Peut-on vraiment parler d'une situation difficile dans ce contexte ? Je ne le pense pas."

Louis Morice

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