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mardi 6 octobre 2015

Les Africains sont-ils exactement comme nous ?

                                                    
Le 06/10/2015
Aboubakar, aussi occidentalisé soit-il, va continuer d’acheter des épouses et de faire des enfants. Parce que c’est sa culture, parce que c’est sa conception de la vie, tout simplement.
   
J’ai connu, voilà une dizaine d’années, une femme qui était reporter mode dans un grand magazine féminin.
 Son journal l’avait envoyée suivre le Festival international de la mode africaine à Niamey.
Le FIMA est l’une de ces manifestations obscènes qui plaisent tant à nos élites, où l’on fait défiler les stars faméliques des podiums sous le nez de Nigérians tout aussi faméliques ; les premières parce qu’elles ne veulent pas bouffer, les seconds parce qu’ils n’ont rien à bouffer.
La dame prit goût à l’Afrique.
Aux Africains, surtout.
Cette vieille soixante-huitarde s’était mise à pratiquer le tourisme sexuel avec assiduité, pensant racheter par son ventre accueillant le colonialisme de ses ancêtres.
 Du moins c’est ce qu’il m’avait semblé comprendre.
En vérité, elle connaissait l’Afrique comme BHL connaît les terrains de guerre : par les hôtels et surtout les boîtes de nuit où elle levait ses amoureux d’un soir ou d’une semaine.
 En vertu de quoi elle clamait haut et fort que « les Africains sont exactement comme nous ».
Et quand on lui demandait sur quoi elle se fondait pour l’affirmer, elle répondait : « Ils vont en boîte. » (sic)

La semaine passée, j’ai fait la connaissance d’Aboubakar chez l’un de mes amis.
Aboubakar est burkinabé, la trentaine.
 Fils d’un grand marchand d’art, marchand d’art lui-même, il parcourt l’Europe entre collectionneurs et galeries.
Au moment de se quitter, comme il d’usage avec les amis africains, on parle de la famille.
 Sans ironie, je le précise.
« – Combien as-tu d’enfants, maintenant ? lui demande mon ami.
– J’ai deux épouses et neuf enfants.
– Tu as fait de bonnes affaires, cette fois. Vas-tu t’acheter une nouvelle femme ?
– Oui, mais je vais attendre un peu… À 40 ans, j’en prendrai une troisième et à 50 une quatrième, mais je ne compte pas aller au delà de cinq.
– Pourquoi ?
– Mon père avait sept femmes, ça coûte cher…
– Et combien as-tu de frères et sœurs ?
– Nous sommes quarante-neuf. »

Si la vie ne lui fait pas de méchantes farces, Aboubakar aura cinq épouses.
 À moins que l’un de ses frères ne décède et que sa propre position dans la fratrie ne lui impose de racheter ses femmes.
 Auquel cas, il devra s’endetter, et si d’aventure il lui arrive aussi malheur, alors il transmettra les dettes à ses propres enfants, qui seront endettés pour la vie.
Je ne sais pas si Aboubakar va en boîte de nuit.
Peut-être.
Ou pas.
Ce dont je suis sûre, c’est qu’il n’est pas « exactement comme nous ».
Qu’il n’a pas la même culture, les mêmes mœurs, la même conception de la famille.
 Et l’électricité que monsieur Borloo veut amener sur le continent africain n’y changera sans doute rien.
Au sommet de la francophonie, en novembre dernier, on a tenu des propos dérangeants.
Dit par exemple que « notre intérêt et celui de l’Afrique, c’est aussi de chercher à réduire une démographie galopante », et que « tous les beaux schémas de décollage économique risquent d’être anéantis par la surpopulation qui aura des conséquences dramatiques en Afrique mais aussi en Europe et dans le monde ».

De 200 millions dans les années 1950, la population africaine atteint aujourd’hui le milliard.

 Elle doublera dans les 35 prochaines années et sera sans doute de près de 4 milliards de personnes à la fin du siècle.

 Car Aboubakar, aussi occidentalisé soit-il, va continuer d’acheter des épouses et de faire des enfants.

Parce que c’est sa culture, parce que c’est sa conception de la vie, tout simplement.

Pour mémoire, le Niger plus haut cité détient le record mondial de fécondité : 7,6 enfants par femme en 2012.

 Et rien pour les nourrir.

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