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dimanche 26 juillet 2015

L’obsession de Meric : connaître l’identité du policier Geronimo





Publié le 26 juillet 2015 - par Sébastien Jallamion

Elle s’appelait Patricia CORDIER. Son fils, David, Gardien de la Paix, avait mis fin à ses jours avec son arme de service en 2008.
Depuis lors, elle menait un combat afin de faire prendre conscience à l’administration de la nécessité de prévenir ce genre de drame (40 suicides en moyenne par an, 55 en 2014).
 Avec quelques uns, nous l’avons aidée à se faire connaître, et sa détermination lui a valu d’être reçue par un conseiller du Ministre de l’Intérieur le 17 novembre 2014.
 Elle nous a quittés le 6 janvier 2015, à 54 ans, des suites d’une longue maladie, quelques jours avant l’annonce par le Ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, d’un plan «  anti-suicide  » dans la Police Nationale.
 Celui-ci consiste notamment à recruter 7 psychologues en plus des 60 existants, à la généralisation des casiers nominatifs de dépôt des armes, et à une concertation sur l’opportunité de modifier les cycles de travail, l’évaluation de ces mesures devant être effectuée tous les quatre mois avec les représentants du personnel.
En prenant connaissance de ces mesures, il était impossible de ne pas penser au combat de Patricia CORDIER, et nous étions nombreux à considérer qu’elle avait remporté une victoire, fusse-t-elle posthume, presque 6 ans après l’avoir commencée…

Dans les faits, force est de constater que malgré la mise en place de ces mesures, et alors que les Chefs de service ont été invités à «  mieux gérer les tensions qui peuvent exister dans un service et générer un mal être chez les fonctionnaires  », d’autres drames se sont produits, d’autres vies se sont éteintes brutalement, laissant proches, familles et amis dans la douleur.
Cette douleur, celles et ceux qui la connaissent savent que rien ne peut l’effacer, qu’elle passe parfois par la culpabilité, le sentiment que l’on aurait pu éviter ce geste, si l’on avait su, si l’on avait compris.
 Cette douleur passe aussi souvent par la colère, le sentiment d’injustice, et au final par celui de l’impuissance, inexorablement.
 C’est le prix à payer pour entamer ce long processus qui mène à l’acceptation, lorsqu’elle est possible  : c’est à dire le deuil.

Dans la nuit du 5 au 6 juillet 2015, un Brigadier Chef de 40 ans, en fonction à la Brigade Anti-Criminalité de nuit à Créteil (Val de Marne) s’est tiré une balle dans le cœur avec son arme de service, dans les locaux de l’Hôtel de Police, après avoir annoncé sur les ondes qu’il souhaitait bon courage à ses collègues pour le métier difficile qu’ils exerçaient, ajoutant que la police l’avait tué.
 Il était père de deux enfants.
Douleur.
Émotion.
Incompréhension.
 Colère.
Dans ce contexte, un policier a exprimé son ressenti, ce que tous les psychologues préconisent  : la verbalisation.
Seulement voilà, il ne l’a pas fait de manière académique, il a opté pour le «  coup de gueule  », dans un article envoyé au site Riposte Laïque, sous couvert d’anonymat.
Il a exprimé tout haut ce que tout le monde pense tout bas, pointant du doigt le sentiment d’être abandonné voire méprisé par la hiérarchie, en la personne de Monsieur Jacques MERIC, actuel Directeur de la Sécurité de Proximité de l’Agglomération Parisienne (DSPAP).
Cette Direction est la plus importante de France, puisque gérant 26.000 policiers, soit plus du quart des effectifs totaux.
Il paraît donc inimaginable que soit installé à sa tête un haut fonctionnaire ignorant les directives de son Ministre de tutelle, en particulier celles consistant à   «  mieux gérer les tensions qui peuvent exister dans un service et générer un mal être chez les fonctionnaires  », comme énoncé supra.
Il est impensable qu’à ce poste, puisse se trouver un homme qui ne soit pas un spécialiste de la gestion des ressources humaines, avec tout ce que cela suppose en terme de management et de psychologie.
Il est impossible de croire un instant que cette fonction soit occupée par un directeur qui méconnaît les difficultés du métier de policier, et qui ne soit pas en parfaite empathie avec les hommes de terrain dont on lui a confié la responsabilité.


En résumé, la logique nous pousse à penser que Monsieur le DSPAP Jacques MERIC applique les directives du Ministre de l’Intérieur, qu’il est un spécialiste de la gestion des ressources humaines, connaissant les difficultés que rencontrent les policiers de terrain dont il assure le management avec un minimum de psychologie.

Et pourtant, ce haut fonctionnaire a cru bon de déposer plainte contre le policier ayant poussé son coup de gueule suite au suicide de son collègue, plainte pour injures et… menaces de mort  !
Dire qu’il s’agit là d’une instrumentalisation de la Justice pour obtenir l’identité du fonctionnaire concerné, afin de le poursuivre sur le plan disciplinaire, semble évident.
Cela pourrait permettre de faire un «  exemple  », des fois que d’autres policiers aient l’outrecuidance d’exprimer leur douleur, leur colère et leur ras-le-bol, ou pire encore  : la défiance qu’ils éprouvent vis à vis de leur hiérarchie…
Quand, à ce niveau de responsabilité, on en arrive à déposer plainte pour une infraction dont on peut se demander si les éléments constitutifs sont bien réunis, à l’encontre d’un éventuel subordonné dont n’importe qui peut comprendre qu’il est sous le choc d’un drame justifiant un suivi psychologique, cela suppose que le combat de Patricia CORDIER mérite d’être continué, jusqu’à ce que le recrutement des directeurs de la Police Nationale ne se fasse plus sur des critères éminemment politiques, mais (on peut toujours rêver), sur les qualités requises pour occuper leur poste.


Alors, peut-être, certains suicides pourraient être évités, et particulièrement ceux dont on ne peut nier l’origine liée à ce métier ingrat et difficile qu’est celui de policier, sauf à considérer que la meilleure prévention passe par un dépôt de plainte de leur hiérarchie avant qu’ils ne passent à l’acte, à l’instar de la méthode de Monsieur Jacques MERIC…


A la famille et aux proches du Brigadier Chef de la BAC de CRETEIL, je présente mes sincères condoléances.


Sébastien JALLAMION


riposte laique

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