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mercredi 10 juin 2015

L'infantilisation, maladie de la politique

Par Ivan Rioufol le 10 juin 2015 13h45

                             

Un système infantilisé produit des dirigeants et des représentants qui lui ressemblent.


Alors que les migrants du tiers-monde entament, au départ de la Libye, un nouvel afflux vers l’Europe et notamment Paris, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, s’est félicité, mardi, d’avoir pu offrir "un hébergement" à chacun des 471 déracinés, délogés de leur campement installé depuis des semaines sous le pont du métro aérien du boulevard de La Chapelle, à Paris.
 Le même jour, la maire de la capitale, Anne Hidalgo, a promis d’ouvrir un lieu spécifiquement affecté à l’accueil de ces personnes en détresse.
 Un représentant du groupe communiste de la Ville veut même faire de Paris "la ville d’accueil de tous".
Après le mariage pour tous et Polytechnique pour tous, pourquoi pas, en effet, l'accueil pour tous.
Ce mercredi, dans Le Monde, l’ancienne ministre du logement, Cécile Duflot, juge, dans une lettre publique adressée à François Hollande, que "notre politique des migrations est un Waterloo moral".
Bref, tout ce que la politique compte d’humanistes ostensibles (qui se garderont d’offrir l’hospitalité chez eux et mettront généralement leurs enfants dans des écoles privilégiées) se donnent en spectacle, le cœur sur la main, la larme à l’oeil, la "xénophobie" au bout d’une pique.

 "C’est la question de l’accueil de l’étranger qui est posée", estime Duflot, sans craindre le truisme.
Nul besoin d’être prophète pour prévoir, devant l’accumulation de telles prévenances dont sont exclus les Français les plus démunis, toujours plus d’arrivées et d’exigences militantes.


 La France souffre de cinq millions de chômeurs et d’un manque criant de logements, mais il se trouve encore une palanquée d’irresponsables pour plaider toujours plus d’immigration.
 Dans la dernière livraison de la revue Commentaire, la démographe Michèle Tribalat rappelle : "En 2011, sur trois générations, près de 30% des personnes âgées de moins de soixante ans résidant en France métropolitaine seraient d’origine étrangère".


La montée du FN sonne l’alarme.
Mais les enfants n’écoutent que l’émotion.

C’est ce même comportement immature que dévoile Manuel Valls, incapable de refréner un caprice de premier ministre désirant, selon son bon plaisir, prendre congé du congrès du PS, à Poitiers, pour assister, samedi soir à Berlin, à la finale de la Ligue de champions opposant Turin au Barça de Barcelone, sa ville natale et son club dont il est un supporter.


Sa faute est évidemment de n’avoir pas mesuré l’insouciance qu’il afficherait à utiliser un Falcon de la République pour un aller-retour Poitiers- Berlin, accompagné de deux de ses enfants, en laissant la facture (environ 20.000 euros) aux contribuables éreintés.


Mais sa faute est aussi dans sa défense maladroite, prétendant avoir été invité par Michel Platini afin de parler des conséquences du scandale de la Fédération internationale de football (Fifa), alors même  que le responsable de l’UEFA est reçu aujourd’hui par le chef de l’Etat.


Dans un très réussi petit conte à la manière d’Andersen (1), Renaud Camus met en scène "la classe puérile" d’une société où tous les citoyens deviennent des enfants et se voient infliger toujours plus de  "pédagogie", "comme s’ils avaient tous huit ans et demi".
C’est ce mal qui déteint y compris sur le premier ministre qui, dimanche, était cette fois à Roland-Garros pour la finale Djokovic-Wawrinka.
 Il explique : "Le sport à un rôle très important".


Sans doute, mais pas au point de mobiliser ainsi l’Etat sur ce qui demeure un divertissement.


 En réalité, ce qui apparaît est le vide de la pensée politique, trop régulièrement réduite à des démonstrations morales ou sanitaires.


Le philosophe Robert Redeker fait ce constat dans son dernier livre (2) : "La promotion de la santé est le contrepoids de l’écroulement de l’imaginaire politico-religieux qui, sous des vêtures diverses, a dominé l’histoire occidentale depuis les Grecs".


Devenir adulte est une urgence.

(1) Europ, (le Eu est en réalité un O barré en oblique, inconnu sur mon clavier…) Chez l’auteur 
(2) Le Progrès ? Point final,  Les Editions Ovadia

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